Même si les autorités se veulent optimistes devant les « perspectives heureuses » qui pointent à l’horizon avec les réformes engagées dans « un cadre sous régional global » sous la houlette du Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO), ces difficultés demeurent intactes. Illustration concrète dans ce dossier Ouestafnews avec le cas du Niger.
Le Niger ne s’est engagé dans l’enseignement supérieur qu’au début des années 70.
Aujourd’hui, l’enseignement supérieur y connaît d’énormes difficultés pour assurer d’une part, sa propre expansion et pour d’autre part, assumer sa véritable mission de contribution au développement socio-économique du Niger pays.
La seule université publique dénommée Université Abdou Moumouni (UAM) n’assure qu’un enseignement général à quelques 11.000 étudiants.
Quelques actions d’éclat dans le domaine de la recherche ont été enregistrées par cette université dès ces premières années, notamment les travaux sur l’énergie solaire de feu Abdou Moumouni Dioffo.
On peut encore citer les contributions de chercheurs nigériens à la recherche archéologique qui on permis récemment la découverte du site dénommé Gobéro.
Ces actions, qui généralement font la réputation d’une université, restent isolées, comme le furent jadis les avancées du Pr Cheikh Anta Diop avec son laboratoire de Carbone 14 à Dakar.
Pour l’essentiel, la plupart des acteurs du secteur (autorités de tutelle, enseignants, étudiants et parents) s’accordent à mettre en exergue des « problèmes majeurs » qui freinent l’essor de l’enseignement supérieur au Niger.
En tête des doléances de tous les acteurs concernés figurent l’épineux problème de l’insuffisance des moyens alloués au secteur de l’enseignement supérieur.
Jusqu’en 2007, le budget de l’université ne dépasse guère les 2 milliards FCFA sur un besoin régulièrement exprimé au triple.
Les conséquences de ce sous financement affectent sérieusement toute la chaîne de fonctionnement de l’Université, matérialisé par une insuffisance criarde d’infrastructures socio -académiques.
Selon les responsables du Centre des Œuvres Universitaires, depuis une vingtaine d’années aucun travail d’extension du campus social n’a été entrepris alors que le nombre d’étudiants vivant dans la cité universitaire a été multiplié par 5 dans certains cas.
Confirmation chez les étudiants qui affirment vivre dans « une promiscuité insultante » les poussant à occuper à 8 un espace prévu, il y a 30 ans, pour recevoir tout juste que 2 étudiants.
Cette « surpopulation » des cités universitaires, n’est en réalité que le résultat au plan social de la « massification » des effectifs dans les facultés avec comme corollaire la faible performance des résultats académiques délivrés par des enseignants, parfois mal qualifiés ou peu motivés.
Ainsi, sur 100 étudiants qui commencent la première année d’une faculté, seul le 1/10ème a des chances d’arriver en année de maîtrise.
La combinaison des pesanteurs financières et des échecs scolaires massifs, explique selon un responsable de l’Union des Scolaires Nigériens (USN), « l’existence d’une situation de perturbation quasi permanente ».
Ces perturbations débouchent parfois sur des actes de violence : incendie des locaux du campus universitaire, mort d’hommes (étudiants et/ou forces de l’ordre).
Les différents acteurs du secteur reconnaissent la forte inadéquation entre la formation dispensée, plutôt tournée vers un enseignement « général » souvent théorique, et les besoins réels du marché du travail.
La possession d’un diplôme d’études supérieures, qui ouvraient très facilement les portes de la fonction publique aux premières années d’indépendance, n’est plus aujourd’hui une garantie de réussite sociale.
Aussi, peut-on aisément voir des titulaires d’une licence ou d’une maîtrise, se bousculer pour des postes précaires de « contractuels » de l’enseignement pour un pécule de 60.000FCFA par mois, c’est à dire pas plus qu’un manœuvre ou un chauffeur n’ayant jamais mis les pieds à l’école.
Face à toutes ces difficultés, les autorités chargées de l’enseignement supérieur au Niger tentent d’apporter des correctifs.
L’un des premiers chantiers est de revoir l’approche consistant à se focaliser sur une formation « théorique» à de futurs diplômés dont les connaissances sont difficilement applicables au besoin de « développement socioéconomique » du pays.
Cette orientation est de toute façon de plus en plus rejetée par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur nigérien.
Mieux encore, il est apparu la nécessité de « corriger les mentalités » et de combattre les « préjugés » liés à certains métiers, puisque disent les experts, « la formation professionnelle des ressources humaines de l’avenir ne peut s’accommoder d’idées préconçues sur la valeur morale des métiers ».
Contrairement au passé où l’accent est mis sur des activités pointues qui parfois ne collent à aucune demande réelle, il apparaît aujourd’hui nécessaire de faire un travail en focalisant l’enseignement sur les besoins de « professions traditionnelles » afin de voir comment moderniser et rentabiliser davantage de vieux métiers tels la forge, l’agriculture, le tissage, etc.
A cette gageure, s’ajoute la nécessité d’une adéquation des qualifications avec les défis de la mondialisation et de l’’intégration sous régionale qui justifient les réformes en cours pour aller vers le système dit LMD (Licence Master Doctorat), qui à l’heure actuelle apparaît comme « la solution » pour des Universités jusque là tributaires de remous socio-politiques et des options définies sans réelle prise en compte avec la réalité.
Quant à l’enseignement supérieur privé, il n’a véritablement vu le jour au Niger qu’au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine, c’est-à-dire au début des années 1990.
Les premières écoles d’enseignement supérieur privé, offraient des formations ouvertes sur la « professionnalisation », d’où le grand intérêt et l’engouement qu’elles suscitent dans les domaines comme celui de l’informatique, de la gestion des entreprises ou de projets, des ressources humaines, du marketing, de la communication, etc.
D’autres Centres ou Instituts de formation « professionnelles» sont présentes dans des domaines aussi variés que la santé, l’administration, la magistrature, etc.
Ces centres ou Instituts peuvent relever aussi bien secteur public que du secteur privé.
A ces écoles s’ajoutent quelques établissements à vocation régionale ou panafricaine comme par exemple l’Ecole Africaine de la Météorologie et de l’Aviation Civile (EAMAC).
Toutefois, en dépit de la multiplicité des offres, les entraves à une bonne formation sont innombrables, parmi lesquelles figurent en tête le prix jugé « exorbitant » de la formation professionnelle dans un pays où l’on dit que 63 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Pour une formation de second cycle, les prix peuvent atteindre 1 million FCFA par an selon l’école ou la filière.
A cela s’ajoutent l’éternel problème de « la reconnaissance officielle » des diplômes.
Toutefois, depuis trois ans, le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur, de la Recherche et de la Technologie (MESS/R/T) tentent de reprendre les choses en main à travers l’organisation des différents examens et l’estampillage par l’Etat des parchemins délivrés aux étudiants.
Aujourd’hui, aussi bien pour le public que pour le privé, le défi est d’assurer l’adéquation des qualifications avec la mondialisation, en travaillant d’abord sur une perspective d’intégration sous régionale, régionale ou même mondiale.
C’est en cela que la réforme de l’enseignement supérieur à travers le système dit LMD (Licence Master Doctorat) apparaît à ceux qui le défende comme une solution aux défis de demain.
(A lire aussi sur le Niger, l’interview du Pr Amadou Bounty Diallo de l’Université Abdou Moumouni).
Le Niger ne s’est engagé dans l’enseignement supérieur qu’au début des années 70.
Aujourd’hui, l’enseignement supérieur y connaît d’énormes difficultés pour assurer d’une part, sa propre expansion et pour d’autre part, assumer sa véritable mission de contribution au développement socio-économique du Niger pays.
La seule université publique dénommée Université Abdou Moumouni (UAM) n’assure qu’un enseignement général à quelques 11.000 étudiants.
Quelques actions d’éclat dans le domaine de la recherche ont été enregistrées par cette université dès ces premières années, notamment les travaux sur l’énergie solaire de feu Abdou Moumouni Dioffo.
On peut encore citer les contributions de chercheurs nigériens à la recherche archéologique qui on permis récemment la découverte du site dénommé Gobéro.
Ces actions, qui généralement font la réputation d’une université, restent isolées, comme le furent jadis les avancées du Pr Cheikh Anta Diop avec son laboratoire de Carbone 14 à Dakar.
Pour l’essentiel, la plupart des acteurs du secteur (autorités de tutelle, enseignants, étudiants et parents) s’accordent à mettre en exergue des « problèmes majeurs » qui freinent l’essor de l’enseignement supérieur au Niger.
En tête des doléances de tous les acteurs concernés figurent l’épineux problème de l’insuffisance des moyens alloués au secteur de l’enseignement supérieur.
Jusqu’en 2007, le budget de l’université ne dépasse guère les 2 milliards FCFA sur un besoin régulièrement exprimé au triple.
Les conséquences de ce sous financement affectent sérieusement toute la chaîne de fonctionnement de l’Université, matérialisé par une insuffisance criarde d’infrastructures socio -académiques.
Selon les responsables du Centre des Œuvres Universitaires, depuis une vingtaine d’années aucun travail d’extension du campus social n’a été entrepris alors que le nombre d’étudiants vivant dans la cité universitaire a été multiplié par 5 dans certains cas.
Confirmation chez les étudiants qui affirment vivre dans « une promiscuité insultante » les poussant à occuper à 8 un espace prévu, il y a 30 ans, pour recevoir tout juste que 2 étudiants.
Cette « surpopulation » des cités universitaires, n’est en réalité que le résultat au plan social de la « massification » des effectifs dans les facultés avec comme corollaire la faible performance des résultats académiques délivrés par des enseignants, parfois mal qualifiés ou peu motivés.
Ainsi, sur 100 étudiants qui commencent la première année d’une faculté, seul le 1/10ème a des chances d’arriver en année de maîtrise.
La combinaison des pesanteurs financières et des échecs scolaires massifs, explique selon un responsable de l’Union des Scolaires Nigériens (USN), « l’existence d’une situation de perturbation quasi permanente ».
Ces perturbations débouchent parfois sur des actes de violence : incendie des locaux du campus universitaire, mort d’hommes (étudiants et/ou forces de l’ordre).
Les différents acteurs du secteur reconnaissent la forte inadéquation entre la formation dispensée, plutôt tournée vers un enseignement « général » souvent théorique, et les besoins réels du marché du travail.
La possession d’un diplôme d’études supérieures, qui ouvraient très facilement les portes de la fonction publique aux premières années d’indépendance, n’est plus aujourd’hui une garantie de réussite sociale.
Aussi, peut-on aisément voir des titulaires d’une licence ou d’une maîtrise, se bousculer pour des postes précaires de « contractuels » de l’enseignement pour un pécule de 60.000FCFA par mois, c’est à dire pas plus qu’un manœuvre ou un chauffeur n’ayant jamais mis les pieds à l’école.
Face à toutes ces difficultés, les autorités chargées de l’enseignement supérieur au Niger tentent d’apporter des correctifs.
L’un des premiers chantiers est de revoir l’approche consistant à se focaliser sur une formation « théorique» à de futurs diplômés dont les connaissances sont difficilement applicables au besoin de « développement socioéconomique » du pays.
Cette orientation est de toute façon de plus en plus rejetée par l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur nigérien.
Mieux encore, il est apparu la nécessité de « corriger les mentalités » et de combattre les « préjugés » liés à certains métiers, puisque disent les experts, « la formation professionnelle des ressources humaines de l’avenir ne peut s’accommoder d’idées préconçues sur la valeur morale des métiers ».
Contrairement au passé où l’accent est mis sur des activités pointues qui parfois ne collent à aucune demande réelle, il apparaît aujourd’hui nécessaire de faire un travail en focalisant l’enseignement sur les besoins de « professions traditionnelles » afin de voir comment moderniser et rentabiliser davantage de vieux métiers tels la forge, l’agriculture, le tissage, etc.
A cette gageure, s’ajoute la nécessité d’une adéquation des qualifications avec les défis de la mondialisation et de l’’intégration sous régionale qui justifient les réformes en cours pour aller vers le système dit LMD (Licence Master Doctorat), qui à l’heure actuelle apparaît comme « la solution » pour des Universités jusque là tributaires de remous socio-politiques et des options définies sans réelle prise en compte avec la réalité.
Quant à l’enseignement supérieur privé, il n’a véritablement vu le jour au Niger qu’au lendemain de la Conférence Nationale Souveraine, c’est-à-dire au début des années 1990.
Les premières écoles d’enseignement supérieur privé, offraient des formations ouvertes sur la « professionnalisation », d’où le grand intérêt et l’engouement qu’elles suscitent dans les domaines comme celui de l’informatique, de la gestion des entreprises ou de projets, des ressources humaines, du marketing, de la communication, etc.
D’autres Centres ou Instituts de formation « professionnelles» sont présentes dans des domaines aussi variés que la santé, l’administration, la magistrature, etc.
Ces centres ou Instituts peuvent relever aussi bien secteur public que du secteur privé.
A ces écoles s’ajoutent quelques établissements à vocation régionale ou panafricaine comme par exemple l’Ecole Africaine de la Météorologie et de l’Aviation Civile (EAMAC).
Toutefois, en dépit de la multiplicité des offres, les entraves à une bonne formation sont innombrables, parmi lesquelles figurent en tête le prix jugé « exorbitant » de la formation professionnelle dans un pays où l’on dit que 63 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Pour une formation de second cycle, les prix peuvent atteindre 1 million FCFA par an selon l’école ou la filière.
A cela s’ajoutent l’éternel problème de « la reconnaissance officielle » des diplômes.
Toutefois, depuis trois ans, le Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur, de la Recherche et de la Technologie (MESS/R/T) tentent de reprendre les choses en main à travers l’organisation des différents examens et l’estampillage par l’Etat des parchemins délivrés aux étudiants.
Aujourd’hui, aussi bien pour le public que pour le privé, le défi est d’assurer l’adéquation des qualifications avec la mondialisation, en travaillant d’abord sur une perspective d’intégration sous régionale, régionale ou même mondiale.
C’est en cela que la réforme de l’enseignement supérieur à travers le système dit LMD (Licence Master Doctorat) apparaît à ceux qui le défende comme une solution aux défis de demain.
(A lire aussi sur le Niger, l’interview du Pr Amadou Bounty Diallo de l’Université Abdou Moumouni).
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