Le président mauritanien a séjournée à Dakar du 10 au 11 septembre 2013.
« La Mauritanie et le Sénégal sont inséparables. Des deux rives se confondent les mêmes aspirations de stabilité et de cohésion. Les deux peuples partagent le même rêve d’un destin solidaire », a de son côté relevé le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, lors d’un diner officiel offert en l’honneur de son hôte.
Toutes deux anciennes colonies françaises, le Sénégal et la Mauritanie ont eu des trajectoires différentes après l’indépendance. Aux termes de leurs constitutions respectives, le Sénégal est une république « laïque » alors que la Mauritanie est une république islamique.
Selon un certain nombre d’historiens, les populations des deux pays, séparés par le fleuve Sénégal sont liées par des relations séculaires faites de brassages, d’influences et parfois de heurts violents, dont l’islam a permis la synthèse.
La Mauritanie a fait de l’islam une religion d’Etat. Au Sénégal, les confréries déterminent le visage de l’islam au Sénégal, autant qu’elles en fondent la pratique dans un pays dont l’essentiel de la population – environ 95 pour cent – sont de confession musulmane.
De fait, la pénétration de l’islam au Sénégal s’est faite à partir de la zone nord de ce pays, frontalière de la Mauritanie, vers le 11e siècle, via le royaume peul du Tekrour, ancienne province située dans l’estuaire du fleuve Sénégal et grâce notamment aux commerçants arabes et africains et les universités islamiques en Afrique du Nord.
La propagation de l’islam a également profité de l’existence à cette époque en Mauritanie de foyers religieux importants dont Boutlimit, un important centre d’enseignement et de formation islamique réputé pour ses nombreux érudits.
La cité religieuse de Nimzatt, par exemple est le lieu où convergent annuellement des milliers de citoyens sénégalais adeptes de la Khadriya, une des principales confréries musulmanes sénégalaises.
De plus, les foyers religieux de Mauritanie ont pendant longtemps représenté des points de passage obligés pour de nombreux figures religieuses dont El Hadj Malick Sy, de la confrérie des Tidianes et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme.
Dans les foyers religieux mauritaniens, les érudits sénégalais venaient souvent compléter leur formation ou se frotter à d’autres écoles de pensée pour s’ouvrir à d’autres influences et étendre le champ de leurs connaissances. Ils ont de cette manière conforté la mainmise des confréries sur l’islam sénégalais.
Selon certains spécialistes le caractère essentiellement confrérique de l’islam sénégalais le protège du péril « islamiste », qui a fini de prendre pied ces dernières années en Mauritanie où les confréries n’ont pas l’importance qu’elles ont chez le voisin de l’autre cote du fleuve.
« L’urgence est d’éradiquer le terrorisme et le trafic de drogue », a souligné le président mauritanien avant d’ajouter que son pays « a pris à bras le corps la question du terrorisme en mobilisant ses propres moyens ».