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Sénégal : élections locales à enjeu national sur fond de succession dynastique

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Marquées par l’irruption de Karim Wade, fils du chef de l’Etat dans la campagne dans l’arène politique, ces élections rurales municipales et régionales ont une valeur de « référendum », selon certains hommes politiques et analystes sénégalais.
Ceux-ci estiment que, plus que de choisir leurs représentants dans les collectivités locales de base, il s’agit pour les Sénégalais de dire si oui ou non, ils adhèrent au projet prêté au président de la république de se faire succéder à la tête de l’Etat par son fils.
Ce dernier qui est candidat sur la liste de la coalition Sopi (au pouvoir) dans la ville de Dakar, s’est enfin dévoilé au dernier jour de la campagne, dans des entretiens à la presse sénégalaise affichant clairement ses ambitions à diriger un jour le pays.
« Je pose ma candidature au développement du Sénégal », a-t-il notamment affirmé dans une interview publié par le quotidien L’Observateur (privé).
Ces déclarations n’ont pas surpris les analystes et les observateurs les plus avertis qui depuis plusieurs années annoncent que le président Wade préparait son fils pour lui succéder à la tête de l’Etat.
« Il ne fait plus aucun doute que le président de la république à un schéma de succession qui ne correspond pas au schéma républicain (…)», a ainsi souligné Abdoul Aziz Diop, chroniqueur et politologue dans un entretien à l’hebdomadaire Nouvel Horizon.
M. Diop interprète l’irruption et l’implication personnelles du président sénégalais dans la campagne électorale pour ces locales comme un moyen « d’arriver sans heurts à son dessein », celui de se faire succéder par son fils à la présidence.
Sous prétexte de « tournées économiques », le président a sillonné le pays pendant plusieurs jours durant la campagne, bravant huées et brassards rouges brandies par les populations en signe de protestation
Cité par le journal Le Quotidien (privé), un ancien allié du chef de l’Etat, Mahmoud Saleh devenu un opposant depuis, a accusé le président de vouloir « confisquer le suffrage des Sénégalais au profit de quelqu’un qu’il cherche coûte que coûte à imposer à la tête du Sénégal ».
« Il faut bien qu’on comprenne que le 22 mars, on vote moins pour élire un conseiller municipal, rural ou régional (que) pour élire un président de la république qui n’ose pas affronter le suffrage universel direct », affirme M. Saleh lui-même candidat à ces élections.
En évoquant le suffrage « universel direct » M. Saleh fait allusion à l’intention prêtée par certains analystes au président Wade de faire accéder son fils au pouvoir par des « astuces » et des amendements constitutionnels qui permettraient à celui-ci de se retrouver en position de pouvoir hériter du pouvoir sans enfreindre la loi, en le plaçant par exemple à la tête du sénat dont l’écrasante majorité des membres sont nommés par le président de la république.
Cité par l’Agence de Presse Sénégalaise (APS, officielle) Macky Sall, ancien premier ministre du président Wade et ancien président de l’assemblée nationale assimile ces locales tout simplement à « une présidentielle».
« L’élection de dimanche est une présidentielle, voire un référendum », affirme M. Sall qui, il y a encore quelques mois seulement était au cœur du système mis en place par le président Wade.
Suite à sa destitution de la présidence de l’assemblée, il est entré en dissidence et aussitôt après il avait averti ses nouveaux alliés dans l’opposition sur les risques de fraude, notamment à partir du fichier électoral.
Plusieurs opposants ont encore renouvelé ces accusations tout au long de la campagne mais le gouvernement, et notamment le ministère sénégalais de l’intérieur, en charge de l’organisation des élections, a catégoriquement rejeté ces allégations à la veille des élections.
La campagne électorale qui s’est achevée vendredi soir, a été marquée dans certains endroits par des scènes de violence, avec parfois usage d’armes à feu.
Toutefois en dépit de l’engouement de la classe politique pour ces élections, les Sénégalais moyens semblaient encore indécis quant à l’opportunité de telles élections, le président Wade ayant au cours des dernières années usé de son pouvoir pour installer des « délégations spéciales » à la tête de plusieurs collectivités locales pour remplacer des élus qui étaient dans le camp de l’opposition.

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