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Sénégal : le patronat de la presse souhaite un dialogue « rénové » avec le pouvoir

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Ouestafnews – La situation de la presse au Sénégal est « très difficile ». C’est le constat fait par le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS). Selon cette structure patronale des médias sénégalais, des menaces de fermeture et des centaines de pertes d’emplois pèsent sur les médias du pays.

La survie du secteur des médias au Sénégal est « hypothétique » et nombre d’entre eux sont en « situation de faillite » depuis la pandémie de Covid-19, déplore Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), lors d’une conférence de presse tenue le 22 janvier 2025 sur la situation des médias locaux.

Le président du patronat de la presse sénégalaise dit regretter les dix premiers mois du nouveau régime dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye, au pouvoir depuis avril 2024, en raison de « mesures handicapantes » pour les entreprises de presse.

Dès leur prise de fonction, les autorités sénégalaises avaient adopté, notamment en août 2024, diverses mesures à l’encontre des médias, incluant des mises en demeure pour le règlement de redevances, la suspension des paiements aux entreprises de presse dans le cadre de contrats commerciaux avec des organismes publics, ainsi que le gel des comptes bancaires de certains médias en raison de dettes fiscales.

Il s’y est ajouté, souligne le président du CDEPS, la décision à « caractère superfétatoire » du ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, de reconnaître des médias déjà identifiés dans le respect du Code de la presse du Sénégal.

Le 16 août 2024, le ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a mis en place une plateforme appelée « Déclaration Médias Sénégal » qui visait, selon lui, à faciliter la mise en conformité des entreprises de presse avec la réglementation en vigueur, notamment le Code de la presse au Sénégal.

Cinq mois plus tard, le 3 décembre 2024, ledit ministère avait annoncé lors d’une conférence de presse que sur 534 médias enregistrés sur une plateforme officielle dédiée au recensement des entreprises de presse, seuls 112 ont été reconnus par le gouvernement sénégalais. Mais la liste définitive n’est pas encore connue suite aux recours introduits par beaucoup de médias et de nouveaux autres médias qui se sont inscrits après prorogation du délai.

Pour Mamadou Ibra Kane, la presse sénégalaise, celle privée en particulier, peut être un outil de vulgarisation des politiques publiques des dirigeants légitimement choisis par le Sénégalais, un rôle qu’elle veut continuer de jouer.

C’est pourquoi, « nous lançons un appel au président Bassirou Diomaye Faye pour un dialogue rénové avec la presse sénégalaise, qui a son rôle à jouer dans le développement économique et social du pays », déclare le président du CDEPS, Mamadou Ibra Kane.

Le président sénégalais avait exhorté, le 14 août 2024, à un « dialogue rénové » avec la presse nationale, mettant en avant la nécessité d’une attention particulière de la part du gouvernement envers la situation de la presse, ainsi que la mise en œuvre de mesures de redressement adaptées, selon le communiqué du conseil des ministres de ce jour-là.

Le chef de l’Etat sénégalais avait également instruit le ministère de la Communication de veiller à l’application intégrale du Code de la Presse et au bon fonctionnement des entreprises de presse, tout en favorisant un esprit d’ouverture et de concertation conforme aux cahiers des charges.

Cet appel du président Faye faisait suite à une « journée sans presse », observée le 13 août 2024 après un appel du CDEPS pour dénoncer les « pressions multiformes » des autorités sénégalaises. La grande majorité des quotidiens n’étaient pas parus, de nombreuses émissions de radio et de télévision avaient été suspendues, et les sites d’information affiliés à des groupes de presse avaient également cessé leurs activités.

Aujourd’hui, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal déplore le mutisme du ministre de tutelle. Lors de la conférence de presse du 22 janvier 2025, Maïmouna Ndour Faye, directrice de 7 TV, a souligné que, depuis l’appel au dialogue lancé par le président Faye, aucun effort n’a été fait par le ministre de la Communication, Alioune Sall. Elle a également fustigé la poursuite de la feuille de route du ministère sans tenir compte des appels à la concertation.

Le ministre sénégalais de la Communication, Aliou Sall, avait déclaré, lors d’une audience avec les membres de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) le 18 janvier 2025, que le gouvernement poursuivra ses efforts pour restructurer le secteur des médias, afin « de mettre un terme à la vulnérabilité des journalistes et jeunes reporters », selon la presse locale.

Selon le CDEPS, une presse libre et indépendante est essentielle pour garantir « un meilleur vivre-ensemble, une démocratie renforcée et une stabilité politique durable ».

Le patronat a également appelé les citoyens sénégalais, l’Assemblée nationale, la société civile à lutter pour l’essor d’un « environnement favorable au renforcement de la liberté de la presse et de l’état de droit. »

ON/md


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