Sénégal : Macky Sall ne sera pas candidat en 2024

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Le président sénégalais, Macky Sall, ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Il l’a annoncé dans un discours à la nation très attendu, ce 3 juillet  2023 à 20h (heure locale), mettant ainsi fin à un long suspense.

Pendant plusieurs mois, alors qu’il refusait de se prononcer sur le sujet, ses adversaires politiques lui ont prêté l’intention de briguer un troisième mandat.  Ceci a été une des sources de la tension politique que traverse le pays depuis près de deux ans.

« J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai écrit et répété ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat », a affirmé le président Sall.

Cette décision, selon M. Sall, a été motivée par le respect d’un « code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui (lui) commandent de préserver (sa) dignité et (sa) parole ».

M. Sall a, dans la foulée, promis d’organiser une élection « transparente et inclusive… », tout en réaffirmant que la nouvelle constitution lui permettait de briguer un second quinquennat.

Cette décision intervient au lendemain d’un dialogue national organisé courant juin 2023 et qui a été boudé par une partie de l’opposition et de la société civile.

En mars 2012, Macky Sall est arrivé au pouvoir pour un mandat de sept ans. En 2019, il sera réélu cette fois pour un mandat de cinq ans sur la base d’une nouvelle constitution qui écourte le mandat présidentiel. Cette constitution révisée stipule que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».

Dans les premières années de ce second mandat, le président Sall avait plusieurs fois déclaré que son mandat obtenu en 2019 était le dernier. Plus tard il fit dans le clair-obscur. « Ma réponse ne sera ni oui ni non », avait-il laissé entendre lors d’un entretien avec la presse locale.  

Il avait justifié  que si jamais il déclarait sa non-candidature, son gouvernement « baisserait les bras », précisant que l’heure n’était pas encore à « ce débat ».

Depuis près de deux ans, des partisans du président Sall lui réclament de se présenter une troisième fois à l’élection présidentielle sans que lui-même ne se prononce publiquement sur le sujet. Le 2 juillet, la veille même de son discours à la nation, le président Sall recevait 476 maires et présidents de conseil départemental à son palais. Ceux-ci étaient venus lui demander de présenter pour une troisième fois sa candidature à la présidentielle.

Dans son discours, le président Sall a insisté qu’il continuera « à défendre, sans faille » les institutions constitutionnelles et « le respect des décisions de justice », entre autres.    

La figure de proue de l’opposition, Ousmane Sonko avait, pour sa part, indiqué le 2 juillet 2023 dans une déclaration que quelle que soit la décision de Macky Sall, l’objectif est de « l’écarter », lui, Ousmane Sonko, de la course à la prochaine élection présidentielle de février 2024.

Il avait souligné que le discours du président Macky Sall ne fera qu’apporter « des éléments supplémentaires à ce complot qu’ils ont enclenché depuis belle lurette ».

L’opposant Ousmane Sonko accuse le président de vouloir l’écarter de l’élection de 2024.

« C’est un deal qui avait été fomenté depuis l’initiation de ce dialogue national et qui est en train de se poursuivre », a soutenu  M. Sonko, leader du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).

Le 1er juin 2023, Ousmane Sonko, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, avait été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans une affaire l’opposant à une ex-employée d’un salon de massage « Sweet beauté », Adji Sarr. A l’issue de ce verdict, de violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs localités du pays. Ces troubles ont fait 16 morts, selon un bilan officiel, 24 selon Amnesty International et 30 selon l’opposition.

Fin juin, Juan Branco, un des avocats de Ousmane Sonko a déposé une plainte pour « crime contre l’humanité » et demande d’enquête à la Cour pénale international (Cpi), contre le président Macky Sall, le ministre de l’intérieur Félix Antoine Diome, le commandant de la gendarmerie le général Moussa Fall et 112 autres personnalités. L’avocat y évoque ce qu’il qualifie de « meurtre » de 50 personnes entre mars 2021 et juin 2023.   

En affirmant ne pas briguer un troisième mandat, le président Sall met une couche de vernis sur l’image du Sénégal passablement détériorée après les violences du début juin 2023 et celles de mars 2021.

ON-FD

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