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Sénégal : Ousmane Sonko inculpé et envoyé en prison

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Ouestafnews – L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été envoyé en prison ce lundi 31 juillet 2023 par un juge d’instruction à Dakar pour au moins six chefs d’accusation : « appels à l’insurrection » ; « association de malfaiteurs » ; « atteinte à la sûreté de l’Etat, complot contre l’autorité de l’Etat » ; « actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles publiques graves » ; « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » et  « vol ».

Ses avocats ont immédiatement réagi estimant que c’est « une décision politique pour écarter » leur client de la candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024.

Le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et le travail (Pastef) avait été déjà arrêté dans l’après-midi du 28 juillet 2023 chez lui, à Dakar par la gendarmerie.  Il avait alors été placé en garde à vue pour appel à l’insurrection » et « vol de portable » d’une femme gendarme, selon un communiqué du procureur.

Le même jour l’opposant avait déclaré sur son compte twitter que des forces de sécurité qui étaient présentes devant son domicile 24 heures sur 24 se sont « mises à le filmer ». Il a ajouté avoir « personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et effacer les images qu’elle a prises », ce que cette dernière a refusé de faire.  

Dans le même post, le leader du Pastef « demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin ».

Depuis près de deux mois, Ousmane Sonko était interdit de sortir de chez lui par les forces de défense et de sécurité qui ont barricadé les issues menant vers son  domicile. Il était placé dans cette situation après avoir été arrêté le 28 mai 2023 pour « trouble à l’ordre public » vers la région de Kaffrine (centre). Il revenait à Dakar à la tête « d’une caravane de la liberté » qu’il avait initiée en provenance de Ziguinchor (sud), ville dont  il est le maire.

M. Sonko et ses avocats ont dénoncé son interdiction de mouvement comme « une mise en résidence surveillée injuste, car fondée sur aucune décision de justice ».  

Les barricades empêchant l’accès au domicile de M. Sonko ont été levées le 24 juillet 2023 par les autorités qui l’ont justifié par le fait que ce dernier avait cessé « d’appeler à l’insurrection ».

Pour le procureur de la république, Abdou Karim Diop, qui s’est adressé à la presse en début d’après-midi de samedi 29 juillet 2023, « l’histoire du téléphone portable n’est que l’élément déclencheur de son arrestation qui était imminente pour appel à l’insurrection ».  Le procureur avait, dans la foulée, fait visionner « une compilation de déclarations d’Ousmane (Sonko) de 2021 à nos jours ». Des éléments qui, selon le procureur, sont « constitutifs de faits pénalement répréhensibles ».

Dans cette compilation de vidéos, sur plusieurs années, on voit le leader du Paster lancer des mots d’ordre qualifiés « d’incitation à la violence et l’insurrection » à ses partisans 

Pour justifier les charges contre l’opposant, le procureur a par ailleurs cité de nombreuses affaires, pour l’essentiel liées aux manifestations violentes engendrées par les différents dossiers judiciaires de l’opposant.

Depuis qu’il a été accusé de « viols » en 2021, ses face-à-face avec les juges ont été l’occasion pour des partisans de se lancer dans de violentes manifestations qui se sont soldées par des morts d’hommes, des dégâts matériels et de grandes perturbations de la vie sociale et économique.

La dernière en date remonte au 1er juin date de sa condamnation dans l’affaire Adji Sarr : de violentes manifestations avait éclaté et des individus, « encagoulés » pour la plupart, s’en étaient pris à des édifices publics, dont l’université Cheikh Anta Diop et des domiciles privés des partisans du régime.    

La police avait donné un point de presse lors duquel elle avait visualisé des vidéos de personnes en tenue civile et tenant des armes à feu lors des manifestations.

Pour  l’opposition qui soutient M. Sonko, ces personnes en civil étaient plutôt des « nervis recrutés par les forces de sécurité et qui intervenaient à ses côtés.

 Amnesty international qui a accordé un entretien à Ouestaf Newss le 14 juin 2023, a  documenté « l’utilisation de nervis aux côtés des FDS ». « De nombreuses vidéos ont circulé et nous avons pu analyser et vérifier certaines d’entre elles dans lesquelles nous voyons très clairement des personnes en tenue civile, armées parfois de fusil. Ces dernières intervenaient souvent aux côtés des forces de police ou de gendarmerie ou sous leurs yeux », a expliqué Samira Daoud, directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’ouest et du centre.

Le Pastef, la coalition politique de l’opposition, Yew Askanwi et le F24 ont réclamé la libération « immédiate » de M. Sonko.  Le Pastef a également appelé ses partisans à se mobiliser pour « résister constitutionnellement à cette arrestation ». Depuis de petites escarmouches et des manifestations sporadiques sont enregistrées dans la capitale et à Ziguinchor (sud).

Le 1er juin 2023, Ousmane Sonko avait déjà été condamné à deux ans de prison ferme par contumace pour « corruption de la jeunesse », dans une affaire pour laquelle il était accusé de « viol et menaces de mort » par une jeune fille employée d’un salon de massage, « Sweet beauté ».

Lors d’une conférence de presse des avocats d’Ousmane Sonko, le 30 juillet 2023, Me Demba Ciré Bathily, a indiqué que l’arrestation de M Sonko anéantit sa condamnation par contumace à deux ans ferme pour corruption de la jeunesse.

« Notre client a été jugé par contumace. Donc, du moment où il est arrêté, la décision de justice est devenue nulle », explique-t-il, se fondant sur « l’article 341 du Code de procédure pénale » du Sénégal. Le procureur avait rejeté cette interprétation arguant que les motifs de l’arrestation de M. Sonko n’avaient rien à avoir avec le procès en viol où il a été condamné par contumace.

ON-FD/ts


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