Ouestaf News – Le 27 décembres 2024, soit huit mois après sa nomination par le président Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, a fait sa Déclaration de Politique générale (DPG) devant l’Assemblée nationale. Il a annoncé plusieurs réformes dont l’imposition de visas aux ressortissants de certains pays.
Le Sénégal va appliquer « le principe de réciprocité pour la délivrance de visa aux ressortissants de certains pays l’exigeant à nos ressortissants », a annoncé le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, lors de sa Déclaration de Politique générale devant l’Assemblée nationale. « Les procédures de traitement des demandes de visa par les ressortissants sénégalais portent préjudice à nos compatriotes », a-t-il expliqué devant les députés.
Cette annonce du chef du gouvernement n’est pas sans rappeler la même mesure prise par le précédent régime : l’imposition, par le président Macky Sall (2012-2024), d’un visa payant pour les ressortissants étrangers, en ciblant notamment les nations qui exigent des visas aux Sénégalais.
Entrée en vigueur en mai 2013, cette mesure, bien qu’alignée sur le principe de réciprocité, avait été dénoncée par certains opérateurs économiques, en raison de ses effets dissuasifs sur le tourisme. Pourtant la décision avait été applaudie par certains Sénégalais et certains cercles panafricanistes.
Cependant, pour relancer le tourisme, le président Macky Sall avait dû faire marche arrière en annonçant, le 3 avril 2015, la suppression des visas payants dès le 1er mai.
Dans son allocution devant les députés, Ousmane Sonko a d’ailleurs rappelé que « les textes législatifs et réglementaires l’instituant (le visa) n’ont pas été abrogés ».
Le Premier ministre a aussi souligné la nécessité de mieux comprendre et négocier avec les pays dont les procédures compliquent l’obtention de visas pour les Sénégalais. Ces discussions porteront sur des aspects tels que les plateformes de prise de rendez-vous, les frais exigés, ou encore les délais de traitement.
Se basant sur l’expérience précédente du Sénégal avec les visas, Ousmane Sonko estime qu’il s’agit « de bien en cerner les faiblesses avant toute décision, notamment celles liées aux impacts éventuels sur le tourisme et aux lenteurs dans la délivrance des visas » pour faire face aux défis éventuels.
Le Premier ministre a expliqué que ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale de gestion des migrations. Selon lui, il s’agit de lutter contre l’émigration irrégulière en s’appuyant sur des politiques de développement alignées sur la « Vision Sénégal 2050 ».
La « Vision Sénégal 2050 » est le nouveau référentiel du gouvernement sénégalais des politiques publiques de développement économique et social à l’horizon 2050.
Ousmane Sonko a également annoncé le renforcement des contrôles et des sanctions pour freiner la migration irrégulière « en multipliant les contrôles et en renforçant les sanctions ».
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Pour encourager des alternatives, il a mis en avant « la promotion d’une migration régulière en partenariat avec les pays d’accueil et de transit des migrants, ainsi que le soutien aux initiatives de retour volontaire et à la réintégration ».
La question des visas et des migrations irrégulières constitue un grand sujet de préoccupation entre l’Afrique et les pays occidentaux, notamment les pays de l’Union européenne (UE).
Les Sénégalais, comme beaucoup d’autres Africains, perçoivent comme une humiliation les procédures d’obtention de visas ainsi que les coûts élevés et les délais trop longs qui y sont liés. Selon le site Schengen News, l’UE a récolté 56 millions d’euros en 2023 sur des ressortissants africains dont les demandes de visas ont été rejetées.
Le 4 septembre 2024, des organisations de la société civile au Sénégal ont dénoncé, face aux médias, des pratiques peu orthodoxes dans les procédures de demandes de visas ainsi que le trafic sur la prise de rendez-vous pour des montant pouvant aller jusqu’à 400.000 FCFA. Toutes ces pratiques sont perçues comme injustes par ces mouvements qui ne cessent de réclamer une réforme des procédures.
Quant au fléau de la migration « irrégulière », il ne cesse de s’amplifier. D’après l’Organisation internationale pour les migrations, entre janvier et mars 2024, plus 13.000 migrants sont arrivés sans visas aux îles Canaries. Ils étaient un peu plus de 2.000 en 2023, soit une augmentation de plus de 500 %. Ces migrants viennent par bateau à partir des côtes de l’Afrique de l’Ouest.
HD/ts
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