Ouestafnews – Les atteintes aux droits humains (droit de manifestation, liberté de presse, etc.), pourraient entacher la crédibilité du scrutin du 25 février 2024, selon des défenseurs des droits humains.
Réunis en atelier à Dakar ce 26 janvier 2024, des militants des droits humains ont exprimé leur inquiétude sur le processus électoral. « Pas d’élection fiable, correcte, si on ne met pas en avant les droits humains », plaide Pr Samba Thiam, président de l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal (ONDH).
Les tensions socio-politiques qui prévalent dans le pays depuis plus deux ans ont eu un impact négatif sur les droits humains au Sénégal, selon Sadikh Niass, Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) qui déplore la restriction de l’espace civique.
Pr. Thiam et M. Niasse s’exprimaient lors d’un atelier de formation et de sensibilisation des organisations de la société civile et syndicats sur les droits humains en période électorale, organisé par l’Institut national démocratique (NDI, sigle en anglais).
De mars 2021 à juillet 2023, le Sénégal a vécu une crise politico-judiciaire, sur fond de manifestations violentes, avec comme acteur principal l’opposant sénégalais Ousmane Sonko.
Les manifestations interdites et les restrictions à la liberté d’expression ont « fragilisé » la situation des droits de l’homme, renchérit le président de l’ONDH, Pr Samba Thiam.
Selon Human Rights Watch qui cite des sources de la société civile et des partis d’opposition, près d’un millier de personnes ont été arrêtées dans le pays depuis mars 2021. Sur la base de ces informations, cette organisation a publié un rapport le 22 janvier 2024 intitulé « Sénégal : répression pré-électorale ».
Le président du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce), Pr Babacar Guèye, a rappelé que l’Etat est dans « l’obligation » de respecter les libertés et droits fondamentaux des citoyens, si l’on veut aller à une élection « transparente et crédible ». Une telle démarche est nécessaire « pour assoir une autorité légitime », selon lui.
Le Sénégal va vers un scrutin ouvert où le président sortant n’est pas candidat. Néanmoins, certains acteurs dans l’espace public craignent que la tension ambiante et l’emprisonnement des opposants entachent la sincérité du vote.
Par ailleurs, le pouvoir est accusé de manœuvrer pour affaiblir l’opposition. Par exemple, en septembre dernier, Khalifa Sall, candidat à la présidentielle avait dénoncé le blocage de son convoi par des forces de sécurité, pendant plusieurs heures, l’empêchant d’entrer dans la région de Fatick (centre-est), où il était censé recueillir des signatures de parrainage.
A quatre semaines du scrutin, les initiatives en vue d’une élection apaisée se multiplient et les missions d’observation électorale commencent à arriver dans le pays.
Selon la liste arrêtée par le Conseil constitutionnel, après tous les contrôles, 20 candidats sont autorisés à briguer les suffrages. Ils étaient 93 au départ à avoir déposé leurs dossiers de candidature. La grande majorité a été recalée suite au contrôle des parrainages. Le candidat Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade a été recalé pour cause de « double nationalité ».
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