Le premier ministre Abdoul Mbaye avait été nommé la veille, à la grande surprise des médias locaux qui avaient annoncé au préalable plusieurs noms, mais pas celui de cet ancien directeur de plusieurs banques sénégalaises, également fils d’un célèbre magistrat. Le nouveau chef du gouvernement est considéré par certains comme un produit de la petite bourgeoisie sénégalaise.
A sa nomination M. Mbaye a affirmé que le gouvernement ne dépasserait pas 25 membres, pour tenir la promesse du président Sall de réduire le train de vie de l’Etat.
Outre le célèbre musicien, le gouvernement est composé en grande partie de responsables politiques ou d’acteurs de la société civile, en plus d’une petite poignée de technocrates.
Selon les premières appréciations des commentateurs et analystes sur les médias locaux, la grande caractéristique qui marque cette nouvelle équipe est la volonté de « satisfaire » la grande coalition qui s’était mobilisée au second tour contre le président Abdoulaye Wade, afin que ce dernier ne bénéficie pas d’un troisième mandat à la tête de l’Etat.
Les ministères clé des Affaires étrangères et de l’Intérieur sont allés respectivement à Alioune Badara Cissé et à Mbaye Ndiaye, deux membres du nouveau parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR). Les deux hommes sont considérés comme de vrais fidèles du président Macky Sall. Tous les autres grands partis de l’ancienne opposition y sont également représentés, de même que quelques acteurs de la société civile qui ont combattu pour le départ de Wade.
Le ministère de l’Economie est des finances revient à un technocrate, Amadou Kâne, également un banquier, qui jusqu’à sa nomination était un des dirigeants les plus influents du Groupe bancaire français, BNP Paribas, en Afrique.
La nomination de M. Kâne et celle du premier ministre, pourraient donner raison à ceux qui accusent le nouveau président d’être « le bras armé des intérêts mercantiles français » au Sénégal. Le premier ministre est aussi le frère de Cheikh Tidiane Mbaye, dirigeant de la Société nationale des Télécommunications (Sonatel-Orange, filiale de France-Télécom), en conflit ouvert avec l’Etat du Sénégal sur le contrôle des appels internationaux entrants. Cette société, la plus grande du pays, est souvent accusée de servir plus les intérêts français que les besoins en développement du Sénégal.
Sur les médias sociaux, Facebook notamment, c’est surtout l’entrée de Youssou Ndour qui polarise les débats des citoyens ordinaires. Grande vedette sénégalaise et internationale de la chanson, Youssou Ndour occupe le poste de ministre de la Culture et du tourisme. Là ou certains vantent son mérite et ses capacités, d’autres en doutent préférant le voir en dehors du gouvernement.
La star du showbiz est déjà propriétaire d’un grand groupe de presse dont un des responsables, Alassane Samba Diop, est monté au créneau sur la propre chaine de télévision du groupe (TFM) pour défendre vigoureusement son « patron ».
Youssou Ndour, qui avait voulu se présenter lui-même à la présidentielle avait vu sa candidature être invalidée par le Conseil constitutionnel. Il s’était alors engagé dans la campagne contre un troisième mandat du président Abdoulaye Wade et avait fini par rejoindre le camp du président Macky Sall.
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