Ouestafnews – La Sierra Leone est à l’aube d’une nouvelle alternance au sommet de l’Etat, avec l’élection présidentielle du mercredi 7 mars 2018. Celle-ci va consacrer le départ du président Ernest Baï Koroma (né en 1953) qui quitte la présidence dans un climat de crise économique.
Successeur d’Ahmed Tejan Kabbah (décédé en mars 2014), l’opposant Koroma a été élu pour la première fois en 2007 puis réélu en 2012. Le bilan de ses dix ans à la tête du pays demeure mitigé.
Si le pays a connu durant son premier mandat, un regain de croissance, par contre l’épidémie Ebola et la crise économique due à la chute des prix des matières premières, particulièrement le fer, ont marqué son second mandat.
Les élections générales vont permettre de choisir un nouveau président (16 candidats sont en lice) et de nouveaux parlementaires.
Le prochain président aura pour tâche de contrebalancer les problèmes budgétaires qui font que la Sierra Leone dépend plus que jamais de l’assistance étrangère pour éviter le défaut de paiement.
« L’habituelle faiblesse des recettes a été aggravée par la baisse des cours du minerai de fer et la cessation subséquente des activités du secteur. Les recettes sont tombées de 13 % du PIB (hors minerai de fer) en 2013 à 10 % en 2015 », souligne la Banque africaine de développement (BAD), dans une analyse consacrée à la Sierra Leone
Reconstruction post-Ebola
Sur le plan social, le successeur de Koroma devra continuer à convaincre de la résilience du système de santé dans un pays où l’épidémie d’Ebola a fait 4.000 morts.
Certaines organisations de la société civile restent encore très critiques de la gestion de l’épidémie par l’Etat. Aidés par l’ONG Centre for Accountability and Rule of Law (CARL), deux survivants d’Ebola ont porté plainte contre le gouvernement sierra léonais devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Ces plaignants, dans une note consultée par Ouestafnews, estiment que l’Etat a « violé leur droit à la vie et à la santé». Selon CARL, il s’agit d’une plainte légitime eu égard à la mauvaise gestion des fonds destinés à la reconstruction post-épidémique.
En février 2015, les résultats d’un audit spécial ont montré que 30% de ces fonds ont été dépensés sans justificatifs, souligne CARL, dans un document parvenu à Ouestafnews.
En août 2017, une coulée de boue provoquée par les fortes précipitions a rasé des quartiers entiers de la capitale Freetown faisant 500 morts et près de 3.000 sans-abris qui attendent encore leur relogement.
Classée 39e sur 163 pays pour l’indice mondial de la paix en 2017, la Sierra Leone tient son second scrutin général depuis la fin de la guerre civile qui a duré de 1991 à 2002 et fait 50.000 morts.
Depuis le retour du multipartisme, la vie politique est dominée par deux formations politiques, le All People’s Congress (APC) de Ernest Baï Koroma et le Sierra Leone People Party (SLPP) de l’ancien putschiste le brigadier à la retraite, Julius Maada Bio et surtout d’Ahmed Tejan Kabbah.
Battu par Koroma en 2012, Julius Maada Bio (né en 1964) est encore cette année le candidat du SLPP.
MN/ad
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