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Sierra Leone : les déboires judiciaires des militants anti-Socfin

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A Bô, la deuxième ville de la Sierra Léone, six militants de Maloa, dont le leader de l’association Shiaka Sama, croupissent à la prison centrale. Ils sont reconnus coupables de la destruction de 40 palmiers à huile, appartenant à Socfin. Des faits qui remontent à 2013 et que les mis en cause ont toujours niés.
 
A défaut d’honorer des amendes allant de 6500 à 13000 euros (4,2 millions à 8,4 millions de francs), Sama et ses compagnons devront purger une peine de prison de six mois. « Cette forte amende a été fixé à dessein par le juge sait bien ces militants n’ont pas une telle somme » déclare Mustapha Wai, auteur d’une pétition sur internet pour la libération des détenus.
 
« L’administration de Socfin a juré d’user de son influence auprès du parti au pouvoir et du gouvernement pour me punir d’avoir osé dénoncer l’accaparement illégal de nos terres », déclarait Shiaka Sama, dans un communiqué, publié quelques jours avant  le verdict.

Fond du problème

En 2011, 12000 hectares de terres appartenant à des agriculteurs locaux à Malen dans le sud du pays, ont été cédés à la holding luxembourgeoise, détenue majoritairement (38,75%) par le groupe Bolloré. Une  attribution qui fait des remous jusqu’à présent. Dans le collimateur de la police depuis cinq ans, le Maloa a vu ses manifestations réprimées et ses militants arrêtés. Sur son site, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) fait un rappel de la violence des autorités  à l’égard des militants du Maloa.

Selon la FIDH qui a publié, le 10 février 2016, un communiqué, on note l’arrestation de manifestants en octobre 2011 puis en août 2012, des tirs de la police et de nouvelles arrestations de manifestants le 9 décembre 2013. Elle dénonce également l’arrestation de 11 personnes suite à des heurts le 14 janvier 2015 et l’emprisonnement de 7 membres de l’association le 8 septembre 2015 lors d’une campagne d’adhésion.
 
Avec 150.000 hectares à sa disposition en Afrique et en Asie, Socfin se définit comme l’un des « premiers planteurs » dans le monde.

L’entreprise qui a toujours nié toute tentative de bâillonner les « voix discordantes » a aussi fait l’actualité courant 2013, après avoir intenté un procès pour diffamation à l’Ong sierra léonaise Green scenery, auteure d’un rapport dénonçant les activités de Socfin.
 
La lutte des militants de Malen et des propriétaires terriens expulsés  est « bien celle de David contre Goliath, Socfin étant aux mains de puissantes élites économiques et financières internationales, Vincent Bolloré et ses associés », note Frédéric Mousseau, chercheur à l’Institut Oakland et auteur d’un rapport, en 2012, sur le projet Socfin en Sierra Léone.

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