« Nous disons non à ce nouveau dépeçage de l’Afrique, plus d’un siècle après le partage de Berlin (Allemagne) de 1885 », écrivent les organisations africaines en question, faisant allusion à la conférence qui a marqué le partage de l’Afrique entre puissances coloniales européennes (France, Allemagne, Portugal, etc.), à la fin du 19e siècle.
Ont signé la déclaration parvenue à Ouestafnews le Collectif des associations unies et solidaires pour l’Afrique et sa renaissance (AUSAR), Résistants combattants congolais (RCK), CRI panafricain, Diaspora mauritanienne, le Club Ahmed Sékou Touré, Lisanga Ya Bakolo Kongo (LBK), Kimpuanza, le Collectif des ressortissants, sympathisants et amis de la Guinée-Bissau, et le Réseau des femmes en action pour le développement (REFAD).
S’y ajoutent la Plateforme pour la souveraineté panafricaine (PSP), Keraba Village Concepts, Kamerun Initiatives, et Femmes en résistance.
« De nombreux pays, voire des régions entières de l’Afrique, sont en crise. Des tragédies d’une ampleur sans pareil sont en cours, sans que personne n’y prête attention, ou alors juste ce qu’il faut pour sécuriser les filières d’approvisionnement des pays occidentaux en pétrole, coltan, cacao, café, bois, terres, diamant, or, cobalt et autres marchés lucratifs », dénoncent encore ces organisations.
Elles estiment que le sommet franco-africain est inopportun dans un contexte où « la République démocratique du Congo, la Centrafrique, la Libye, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Congo, la Guinée-Bissau, le Rwanda, la Guinée-Conakry, etc. sont ravagés par la guerre, le pillage, la torture et le viol ».
Les sommets du genre sont l’occasion de « quelques gesticulations de circonstance » véhiculées « dans certains médias complaisants […] pour calmer la révolte qui gronde chez les peuples africains dépossédés de leur souveraineté », soutiennent les signataires de la déclaration.
« La tenue même de ce sommet à Paris n’est-elle pas en soi un aveu d’instrumentalisation des maux du continent en proie à la convoitise des dominants, véritables pompiers-pyromanes, au gré de leurs intérêts du moment ? De quoi peut accoucher un sommet qui accueille les dirigeants les plus corrompus et les moins démocratiquement élus de l’Afrique ? » s’interrogent-ils.
Les auteurs de la déclaration estiment que « les forces dites impartiales de l’Onu, adossées ou non à la France ou à d’autres membres de l’Otan (NDLR : une coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis d’Amérique) ont largement fait la preuve de leur incapacité, voire de leur complicité avec les auteurs des pires crimes contre l’humanité, que cela soit au Rwanda, en RDC, en Libye, en Côte d’Ivoire ou au Mali ».
« Les pays africains ne jouissent que d’une indépendance formelle et encore. On le voit avec la mise sous tutelle franco-onusienne de tant de pays africains, dont la dernière [est] en cours en Centrafrique », est-il encore écrit dans la déclaration.
« Nous réitérons notre ferme opposition à ce énième sommet à Paris visant à présider aux destinées du continent africain, sommet qui n’est pas sans nous rappeler le sinistre partage de l’Afrique à Berlin en 1885. Nous continuons de croire qu’une autre relation Nord-Sud est possible, respectueuse du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », affirment ses auteurs.
A Paris, où étaient présents plusieurs chefs d’Etat africains dont l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Sénégalais Macky Sall, les chefs et de gouvernement des pays représentés ont déclaré vouloir « développer les capacités africaines de réaction aux crises ».
La France s’est engagée à aider l’Union africaine à se doter d’« une pleine capacité opérationnelle » d’intervention militaire, d’ici à 2015, selon le communiqué final du sommet.
Les participants du sommet promettent, sans dire comment ils comptent y arriver, d’éradiquer « la production, la transformation, la consommation et les trafics de drogue » en Afrique et en Europe.
D’autres mesures sont prises pour renforcer la coopération judiciaire et sécuritaire, créer « une fondation franco-africaine pour la croissance, rassemblant intérêts publics et privés, français et africains », et permettre aux pays africains de financer les programmes d’atténuation des conséquences du changement climatique.