Ouestafnews – Un mini-sommet sur la crise migratoire s’est tenu lundi 28 août 2017 à Paris. Des dirigeants de sept pays africains et européens se sont rencontrés sur invitation du président français, Emmanuel Macron, pour, disent-ils, « harmoniser » leurs positions sur la migration.Depuis plusieurs années, l’Europe a initié des programmes pour couper la route aux migrants. Déjà en 2015, lors du sommet sur la migration à la Valette (Malte), l’Ue avait déboursé 1,8 milliard d’Euros, (soit plus de 1000 milliards de FCFA) « pour lutter contre les causes profondes de la migration en Afrique ». Source de tension, la migration est devenue une des plus grandes priorités des dirigeants européens.
Cette énième rencontre qui voit la participation du Président tchadien Idriss Deby et de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que le chef du gouvernement d’union nationale de la Libye, Faïez Al-Sarrah, vise selon la présidence française a «réaffirmer le soutien de l’Europe au Tchad, au Niger et à la Libye pour le contrôle et la gestion maîtrisée des flux migratoires ».Une justification qui ne convainc pas les observateurs africains.
Selon Boubacar Sèye, président de l’Ong Horizon sans frontières (HSF, basée à Dakar), cité par la West Africa Democracy Radio (Wadr, station panafricaine basée à Dakar), tout ceci n’est que prétexte. Même s’il reconnaît le bien fondé des principes du sommet, il estime néanmoins qu’il y a une violation du droit international.
Il regrette en ce sens qu’il n’y ait aucune harmonisation des positions en Afrique, et fustige par la même occasion l’inertie des autorités africaines sur la question migratoire. « Nous sommes dans un sommeil profond alors que l’Europe s’organise », déplore M. Sèye, ajoutant que l’Europe a un devoir de protection envers les réfugiés en vertu de la convention de Genève 1951 et de l’article 14 de la déclaration universelle des droits de l’homme. Le président de HSF s’est dit aussi convaincu que «certains pays comme la France sont en train de tromper le monde entier».
« Missions de protection »
Lancée en juillet 2017, l’idée de créer des hots spots (centres d’enregistrements) en Libye a été vite abandonnée par l’Elysée, après son annonce. Désormais, la France parle de « mission de protection ». Les autorités françaises tiennent toutefois à préciser que ces missions n’ont pas pour objectif de regrouper les migrants dans un centre, mais plutôt d’examiner les demandes d’asile sur place, avec l’Office international des migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR).
Ce, « pour que les personnes puissent être relogées sans prendre le risque de la double traversée, Libye puis Méditerranée », explique toujours l’Elysée. Du côté des associations de défense des migrants, c’est plutôt avec inquiétude que l’on perçoit ces projets.
Eva Ottavy de l’ONG française Cimade, fustige le fait qu’ «on repousse la frontière européenne dans des pays de plus en plus lointains ». « Sous couvert de sauver des vies, on bloque l’accès au territoire » ajoute-elle, citée par le site du quotidien Le Monde.
En effet, l’Italie qui est l’un des pays les plus touchés par la migration (600 000 migrants en provenance de Libye en 2014 selon le journal français Le Monde) restreint de plus en plus les conditions d’accueil. Le pays a imposé un code de conduite aux ONG, et menace de bloquer l’entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en mer.
Quant à l’Allemagne, elle a récemment mise sur pied le projet « Compact With Africa ». Un programme qui a pour but de financer des projets en Afrique, mais qui aux yeux de beaucoup d’observateurs est simplement un moyen détourné pour tenter de freiner la migration illégale vers l’Europe.
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