En plus de se disputer rudement sur les 15 millions de souscripteurs au téléphone mobile, ils se livrent une bataille, tout aussi ardue sur le terrain de l’innovation et de l’économie numériques, considérés comme les «nouveaux» marchés à conquérir, après plus de deux décennies de croissance exponentielle du secteur du téléphone mobile.
En Juillet 2017, c’est Tigo (filiale du Luxembourgeois Millicom international) qui inaugurait à Diamniadio (localité située à 30 km de Dakar) son datacenter, un mois tout juste après son concurrent Orange, marque de la Sonatel, filiale de Orange France.
Sonatel a ouvert le 20 juin 2017 son datacenter d’abord présenté comme le «plus grand d’Afrique», avant que l’opérateur ne soit démenti par le site de vérification des faits, Africacheck.org.
Le lancement de ses installations faisait suite à plusieurs autres initiatives, notamment le lancement de prix dédiés à l’entreprenariat et à la création numérique.
Dans ce lot, on compte le prix de l’entrepreneur social et le prix de l’entreprenariat féminin lancés par Orange en 2015 et le prix de l’innovation numérique de Tigo.
Jusque-là laissé en rade dans ce domaine, Expresso Sénégal (filiale du Soudanais Sudatel) affiche désormais ses ambitions face à ses concurrents.
A la conquête des innovateurs
Le 1er février 2018, Expresso a ainsi procédé à l’inauguration de son nouveau siège (un immeuble flambant neuf de quatre étages), doté d’un «incubateur numérique» dédié à «l’accompagnement» de la création et de l’entreprenariat.
Du coup un concours national dénommé «Expresso Innovation Challenge» et dédié aux jeunes de moins de 29 ans, va être lancé.
«Il s’agit avant tout de s’inscrire dans une dynamique en marche, celle de la 3è révolution industrielle», a expliqué Modou Khaya, le directeur de l’Innovation à Expresso Sénégal.
Selon lui, l’incubateur de «dernière génération» logé dans le nouveau siège de la filiale de Sudatel, va servir de cadre aux jeunes porteurs de projets qui seront sélectionnés.
A travers le Expresso Innovation Challenge, plusieurs projets seront sélectionnés et un lauréat sera distingué avec à la clé une aide financière, (dont le montant n’est pas précisé pour l’instant) et 8 semaines d’incubation accompagnées de formations diverses en design et en leadership.
Pour les autres projets, une incubation et un mentorat leur sera fournie afin qu’ils trouvent de potentiels bailleurs y compris Expresso Sénégal, selon M. Khaya.
Généralement pour les lauréats de ce type de concours, le gain se traduit par une dotation financière et un mentorat pour une meilleure concrétisation des projets.
Mais d’aucuns se demandent ce que les opérateurs gagnent en retour à travers cette forme de crowdsourcing qui permet de recueillir parfois des créations numériques révolutionnaires que les opérateurs finissent par faire les leurs.
Récemment Orange, est allée même jusqu’à créer une école dédiée au codage et où les enseignements sont gratuits.
Expresso qui fait son premier saut dans le secteur de l’innovation, compte de l’avis de ses responsables, en faire de même dans ses filiales mauritanienne, guinéenne et soudanaise.
Ne plus laisser la 4G à Orange
Pour l’opérateur soudanais, l’année 2018 constitue une année où les projets ne manquent pas. En plus de s’inscrire dans le financement et l’accompagnement de projets innovants, l’opérateur téléphonique, selon son directeur général Abdalla Saeed, est «en négociation avec le régulateur pour l’acquisition de la 4G».
Davantage d’investissements sont aussi annoncés par le directeur général, pour une meilleure qualité de services.
L’introduction de la 4G au Sénégal a été marquée, début 2016 par une polémique, les trois opérateurs avaient choisi de boycotter l’appel d’offres du régulateur jugeant son prix (30 milliards FCFA) trop élevé.
Pour l’instant seul Orange exploite la 4G dans le pays car en juin 2016, l’opérateur s’est vu octroyer par l’Etat non seulement la 4G, mais aussi le renouvellement de sa concession pour la somme de 100 milliards FCFA. Une transaction fortement critiquée à l’époque par les associations de consommateurs, qui la jugeaient trop abordable.
De même que ses concurrents, Orange et Tigo, Expresso n’est pas épargné par la grogne des consommateurs qui se plaignent beaucoup de la piètre qualité du réseau et de l’internet mobile.
Toutefois, Expresso et Tigo contrairement à Orange, le leader du marché au Sénégal, proposent des forfaits moins onéreux.
Arrivée au Sénégal en 2009 comme opérateur global de téléphonie, la filiale de Sudatel est aujourd’hui, le dernier en termes de part de marché derrière Tigo et Orange.
Pour ce qui est du mobile, Expresso dispose d’une part de marché de 22,59% légèrement derrière Tigo qui affiche 24,37% et loin derrière Orange avec 53,04%.
Pour les abonnements à Internet, Orange détient 67,21% de part de marché contre 25,06% pour Tigo et 7,73% pour Expresso, selon l’ARTP.
Le Sénégal compte 15,5 d’abonnés au mobile soit un taux de pénétration de 115,5% et 9,3 millions d’abonnés pour Internet, soit un taux de pénétration de 63,21%.
Et l’économie numérique contribue à hauteur de 7% au produit intérieur brut (PIB) dont 3,4% venant des services numériques, selon Chérif Diallo (cité par le quotidien national, Le Soleil), le directeur des TIC au ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique.
MN/ts
Vous voulez réagir à cet article ou nous signaler une erreur, envoyez nous un mail à info[@]ouestaf.com