Ouestaf News – En Afrique de l’Ouest, le trafic illicite de migrants par le biais d’arnaques constitue un phénomène transnational préoccupant. Fondé sur de fausses promesses d’emploi, il s’appuie sur des réseaux d’escroquerie bien organisés. Au Mali, la police a récemment interpellé plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles des victimes abusées ainsi que des complices impliqués dans ce système frauduleux.
La police malienne a mené une opération d’envergure le 26 février 2025 à Tabakoro et Niamana (Bamako) qui s’est soldée par l’interpellation de 477 personnes dont 148 femmes et 14 enfants liées à la traite humaine, selon l’Office de radiodiffusion télévision nationale du Mali (ORTM). C’est la deuxième intervention de grande ampleur en moins d’un mois.
Les interpellés avaient été attirés à Bamako sous de fausses promesses d’emploi au Mali ou en Europe, selon le média public malien. Les personnes arrêtées sont constituées de victimes flouées par de fausses offres d’emploi et de complices des organisateurs de cette fraude, explique la police malienne citée par la même source.
Selon l’ORTM, les mis en cause proviennent de la Guinée, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Sierra Leone et du Sénégal. La diversité des origines donne la preuve que le trafic illicite de migrants demeure une problématique transnationale en Afrique de l’Ouest.
Selon l’Agence de presse africaine (Apanews), une opération menée en 2023 par Interpol et Afripol avait conduit à l’interpellation de plus de 1.000 individus impliqués dans le trafic de migrants et l’exploitation humaine, ainsi qu’à l’identification de centaines de victimes.
Le coup de filet de la police malienne s’incrit dans un effort conjugué avec d’autres pays d’Afrique de l’Ouest pour lutter contre la traite des êtres humains et la criminalité transnationale.
En 2024, Interpol a revendiqué une opération ayant ciblé des groupes criminels ouest-africains impliqués dans des escroqueries financières en ligne. Cette initiative mondiale ayant mobilisé des forces de l’ordre de plusieurs pays a permis l’arrestation de près de 300 individus, l’identification de plus de 400 suspects, le blocage de plus de 720 comptes bancaires et la saisie d’avoirs à hauteur de 3 millions de dollars (soit près de 2 milliards Franc CFA). De nombreux réseaux criminels ont ainsi été démantelés à travers le monde.
Sur les interpellations du 26 février 2025, le directeur régional de la police du district de Bamako, Gal Daouda Diarra, a révélé que des renseignements fournis aux forces de sécurité ont conduit à « des maisons de Bamako (qui) étaient envahies par des personnes étrangères ». Ces informations ont permis aussi d’identifier « une escroquerie liée à Qnet », explique-t-il.
Qnet, une entreprise de vente basée à Hong Kong, est régulièrement accusée d’être une arnaque ou un système pyramidal qui exploite les espoirs de personnes en difficulté en Afrique de l’Ouest.
Dans une déclaration publiée sur sa page officielle, la société a condamné ces pratiques frauduleuses, affirmant qu’elle n’offre ni opportunités d’emploi ni voyages en échange d’un paiement. Elle met également en garde contre les fausses annonces circulant sur les réseaux sociaux et exhorte le public à signaler toute tentative d’escroquerie liée à son nom.
Devant l’ampleur de ce trafic, les autorités maliennes ont annoncé le renforcement du dispositif national de lutte contre la criminalité transnationale. Plusieurs actions ont été entreprises, notamment l’intensification des opérations de surveillance, le durcissement des lois sur la cybercriminalité et la traite humaine, ainsi que le renforcement de la coopération avec les pays voisins.
L’opération du 26 février 2025 s’inscrit dans un effort plus large du Mali et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest pour lutter contre la traite des êtres humains et la criminalité transnationale.
L’enquête en cours est confiée à la Brigade de lutte contre l’immigration clandestine et la traite des êtres humains de la police malienne, annonce le directeur régional de la police du district de Bamako. Elle vise à identifier les responsables et les bénéficiaires de ces réseaux criminels.
Les suspects arrêtés sont actuellement interrogés, et des poursuites judiciaires peuvent être engagées tant au niveau national qu’international, précise la police malienne.
Les forces de sécurité appellent aussi la population à redoubler de vigilance et à signaler toute activité suspecte
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