Uemoa : un rapport met en exergue les dangers de l’aide publique au développement

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«Malgré l’assainissement  des  finances publiques et les réformes entreprises par les pays membres dans le cadre de la mobilisation des ressources intérieures, il y a un déficit budgétaire dans le financement du développement », souligne la Revue monétaire et économique (REM), dans son 22e numéro publié en décembre 2017 et disponible sur le site de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao)

Selon ce document consulté par Ouestafnews, cette situation explique le recours des pays à la mobilisation des ressources extérieures telles que l’APD.

Or, le recours à l’APD se passe dans un contexte où « l’objectif de renforcement de l’intégration régionale dans l’UEMOA repose entre autres sur la capacité des pays membres à atteindre un niveau donné de recettes fiscales ».

En effet, à la lecture de revue, apparait un hiatus entre le recours massif à l’APD et la mobilisation des ressources intérieures. Le problème particulier que pose l’aide publique au développement, c’est sa « fragmentation ».

Fragmentation de l’aide publique

«Nous trouvons que l’impact de l’aide publique au développement peut être positif ou négatif en fonction du degré de fragmentation de l’aide», expliquent les auteurs de l’étude.

Loin d’appeler à une réduction des flux d’aide, l’étude préconise une stratégie afin de minimiser les risques pose la fragmentation sur la mobilisation des ressources fiscales.

«Ce risque serait minimal si cette fragmentation poussée s’opère au niveau de l’allocation des prêts et ne dépassant pas le seuil de 61,15% », estiment les auteurs. Ils sont convaincus que ce seuil ne doit pas être dépassé afin que l’aide distribuée sous formes de prêts n’affecte pas négativement la mobilisation des ressources fiscales.

Selon la définition consacrée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’APD est constituée par «les dons et les prêts préférentiels prévus au budget et transférés des pays développés vers les pays en voie de développement ».

Concernant les dons, l’étude juge que leur impact sur l’effort fiscal resterait toujours négatif quel que soit le degré de fragmentation de l’aide.

Pour beaucoup de spécialistes, en matière d’APD, trop de donateurs dans un seul pays et un seul secteur et ou trop de projets pour un seul donateur doit être évité.

Le Sénégal, pays le plus aidé

Le tableau de répartition de l’APD dressé dans la dernière édition de la REM renseigne que le Sénégal est le pays qui a reçu le plus d’aide au cours des trois dernières décennies avec un montant cumulé de 20,5 milliards de dollars. Il est suivi de la Côte d’Ivoire avec 18 milliards de dollars et du Mali avec 16,6 milliards de dollars.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui constituent les moteurs économiques de l’Uemoa, sont donc les grands bénéficiaires de l’aide des pays développés.

Avec 37 milliards de dollars décaissés entre 1980 et 2014, la France reste la plus grande pourvoyeuse d’APD en direction de l’Uemoa. Elle est suivie de l’Allemagne avec 10,4 milliards et des Etats-Unis avec 11,7 milliards.  Au total, les pays de l’’Uemoa ont connu, en 34 ans, 22 pays donateurs.

Dans leurs recommandations, les auteurs de la REM plaident pour un schéma de coordination des interventions des donateurs, estimant que la présence de « nombreux petits donateurs érode les capacités administratives dans les pays bénéficiaires ».

Par contre, soulignent-ils, «la présence d’un donateur principal aide à coordonner le comportement des autres donateurs et est associée à une réduction de la fragmentation de l’aide». Un rôle que pourraient jouer la France, le Portugal, l’Allemagne et les Etats-Unis, si les décideurs venaient à repenser l’APD en termes de coordination, souligne l’étude.

MN/ad

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