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Union africaine : 50 ans et toujours titubante

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A son seul actif : la « libération » politique du continent avec le parachèvement de l’indépendance des dernières colonies africaines du joug européen dans les années 70 et 80 ainsi que la fin de l’apartheid en 1994.

Ainsi donc, après cinq décennies, le bilan de l’organisation continentale reste très mitigé, s’attirant de vives critiques de la part des observateurs et des surtout des citoyens africains, dont les attentes restent déçus d’année en année.

Placé sous le signe du panafricanisme, cet anniversaire coïncide avec une période de tensions renouvelées, avec notamment la crise au Mali qui est venu s’ajouter à celles qui perdurent depuis des décennies en République démocratique du Congo et en Somalie.

A ces grandes crises s’ajoutent des tourments nationaux qui démontrent l’impuissance de l’organisation continentale : parmi ceux-ci : la récente offensive militaire de grande envergure dans le nord du Nigeria, les soubresauts politiques en Libye, pays qui peine à se remettre de la chute de Khadhafi, l’absence de véritable démocratie ou de bonne gouvernance dans nombre de pays, dont notamment le Togo, la Guinée équatoriale, l’Angola, la Gambie,

A titre d’exemple, le manque d’une forte « présence » ou d’une implication plus vigoureuse au Mali a été beaucoup critiquée, au moment où la la France (ancienne puissance coloniale) prenait l’initiative avec son intervention militaire contre les groupes armés qui contrôlaient le nord du pays. Au même moment, l’Union africaine, comme à son habitude se perdait en conjecture et conciliabules.

« L’U.A s’est montrée incapable ces dernières années à gérer les problèmes du continent. La crise post-électorale en Côté d’Ivoire et la crise malienne en Afrique de l’Ouest attestent avec éloquence de cette incapacité » estime Moussa Camara, éditorialiste du journaldumali.com

Pourtant, l’U.A, qui a pris la relève de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 2002, s’était aussitôt dotée d’institutions comme le Conseil de paix et de sécurité, laboratoire du concept de « solutions africaines aux problèmes africains », et avait remis en cause le fameux concept de « non ingérence dans les affaires intérieures des Etats », qui pendant trois décennies avait guidé la démarche de l’Organisation pionnière.

Mis à part le travail unanimement salué sur le terrain somalien, le tableau laisse encore à désirer selon des spécialistes qui pointent du doigt, la dépendance financière par rapport à l’Union européenne, le manque de coordination efficaces entre l’U.A et les communautés économiques régionales.

« L’opérationalisation des missions de l’U.A se heurte à un problème de dépendance financière par rapport aux bailleurs étrangers et ils se pose un sérieux problème d’harmonisation », estime Alex Vines, directeur du programme Afrique du Chatham House, sur le site de son organisation.

Dans une tribune largement relayée par plusieurs sites d’informations, Salamon Dersso, chercheur principal, à l’Institut d’études de sécurité (ISS) est d’avis que la cohésion et le leadership des premières heures n’existent plus.

Selon lui afin de garantir les chances de succès pour le futur, il faut nécessairement vaincre un certains nombres de pesanteurs que sont : le manque de conviction idéologique et politique de la classe politique actuelle du continent, l’absence d’un véritable leadership, l’inexistence de mécanismes efficaces pour l’intégration économique du continent.

Au-delà du faste de cet anniversaire, c’est à une véritable introspection qu’est appelée l’organisation. En plus des défis sécuritaires, elle est invitée à redoubler d’efforts pour accélérer le processus d’intégration économique du continent, qui ces dernières années enregistre les « plus forts taux de croissance au monde », sans pour autant sortir la grande masse des populations africaines du cycle de la misère et de la pauvreté.

Du coté de la jeunes, frappés par un chômage chronique, les critiques sont plus virulentes, à travers internet et ses réseaux sociaux ils donnent libre à leur mécontentement vis-à-vis, de chefs d’Etats qualifiés de « marionnettes de l’occident » ou pire de « syndicats de dictateurs ».

Au niveau des officiels cependant, l’heure n’est point à l’autocritique.

« Il ne s’agit pas de s’appesantir sur la passé, mais de mettre en place une feuille de route claire pour les 50 prochaines années », a fait savoir la présidente de la commission de l’Union africaine , Nkosana Dlamini-Zuma.

Cité par le site nigérian, dailypost.com, la ministre des Affaires étrangères nigérianes, Viola Onwuliri tire quant à elle un bilan positif de l’organisation qui selon, elle s’est transformée aujourd’hui en une organisation « virile et réactive » contrairement à la « léthargique » et défunte OUA.


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