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Vaccins anti-Covid-19 : au Togo, les populations trainent les pieds

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Last Updated on 10/05/2021 by Ouestafnews

Ouestafnews – Le Togo a démarré sa campagne de vaccination contre le Covid-19 avec l’AstraZeneca le 10 mars 2021. Les doutes sur le vaccin, alimentés par les rumeurs au sein de la population, ne facilitent pas les choses.

Le 30 mars 2021, 10 heures. Les bruits de chariots et les cris des enfants malades résonnent dans les couloirs du centre médico-social d’Amoutivé à Lomé, l’une des structures de santé retenues pour la vaccination contre le Covid-19. M. Yawo Kougblégo, enseignant retraité, vient juste de prendre sa première dose de vaccin AstraZeneca. Une opération en deux temps : remplir la fiche médicale, puis recevoir l’injection.

Pour M. Yawo, c’est la seule manière de se protéger, lui et sa famille, contre le Covid-19.

« Il n’y a que la vaccination qui peut nous sauver », explique le septuagénaire qui se dit inquiet du nombre de cas positifs et des effets de la pandémie sur l’économie du pays.

A la date du 11 avril, le Togo totalisait 116 décès dus au Covid-19, 12006 cas confirmés dont 2616 cas actifs et 9274 cas guéris.

Le vaccin AstraZeneca utilisé au Togo, s’administre en deux doses, avec un espacement de 28 jours entre les deux. Le Togo ayant débuté les opérations le 10 mars, la plupart des personnes vaccinées en sont encore à leurs premières doses.

Agent de santé, faisant partie des cibles prioritaires, l’infirmier Romarick Agbodjan a pris sa première dose du vaccin dès le début de la campagne. Selon lui, il y a deux choix à faire : se faire vacciner pour se protéger de la maladie ou refuser le vaccin et vivre avec le risque de contracter le Covid-19 un jour, et d’en mourir peut-être.

Lire aussi : Vaccination anti-Covid-19 : rumeurs et crainte des effets secondaires ralentissent la campagne

« Se vacciner permet d’éviter de développer des formes graves du Covid-19 qui entrainent les décès », souligne l’épidémiologiste togolais, le Professeur Maléwé Kolou. Pour autant, un mois après le démarrage de la campagne, le manque d’intérêt de la part de certains togolais est manifeste.

Selon l’épidémiologiste, avec le vaccin, le risque de transmission d’une personne vaccinée à une autre et très réduit. Le vaccin « concourt à réduire la circulation du virus, le nombre de cas actifs, de cas graves et par ricochet la surcharge de nos hôpitaux », explique-t-il. Puis, il rappelle que même avec le vaccin, les populations doivent continuer à respecter les mesures barrières parce que les vaccins ont une efficacité qui varie entre 65 et 95%.

Les infox plombent la campagne

A Lomé, les citoyens sont peu enthousiastes à l’idée de se faire vacciner, pris entre la peur, les fake news ou infox, les théories du complot et l’absence de confiance envers les gouvernants. Du coup, les centres de vaccination reçoivent moins de monde qu’initialement escompté.

« A mon avis, pour cette campagne, au regard de la dangerosité de la maladie, nous devrions accueillir au minimum 100 personnes par jour, mais nous ne recevons que 40 par jour, en moyenne », déplore M. Georges Kouwonou, infirmier au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Campus.

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Le Togo a reçu un premier lot de 201.000 doses de vaccins AstraZeneca et démarré sa campagne le 10 mars 2021. A la date du 6 avril, 77.236 personnes sont vaccinées, pour un pays de huit (8) millions d’habitants.

Selon les statistiques du ministère de la Santé 34.478 personnes ayant reçu le vaccin sont des agents de santé, à qui la vaccination a été imposée.

Un des 34.478 agents de santé du Togo ayant reçu le vaccin AstraZeneca.//Photo- Cellule de communication du ministère de la santé du Togo.

Sur les réseaux sociaux, des publications parfois virales affirment sans aucune preuve que les vaccins contre le Covid-19 sont « mortels », « modifient l’ADN humain », « rendent les femmes stériles » ou encore « réduisent la libido des hommes », etc.

Malgré la centaine de décès enregistrés et les nombreux témoignages de malades guéris, certains persistent à réfuter l’existence du Covid-19 dans le pays.

Jean Abalo, menuisier depuis 10 ans, au quartier Adidogomé à Lomé en est convaincu : « ce virus n’existe pas au Togo. C’est juste que les autorités paient des gens pour qu’ils viennent témoigner à la radio qu’ils ont eu la maladie ». Pour l’instant, il refuse de se faire vacciner.

Pour démentir ces rumeurs, certaines autorités se sont faites vacciner en premier devant les caméras. Ce fut le cas de la première ministre, Victoire Dogbe. C’était peu pour convaincre certains Togolais persuadés que tout ceci n’est que simple « simulation », du « cinéma » !

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« Ce n’est pas du vaccin anti-covid qui a été injecté aux ministres. C’est un autre produit », présume M. Komlan Togbe, conducteur de taxi moto.

Astra Zeneca, l’argument des indécis

Pour débuter sa campagne de vaccination, le Togo n’a reçu que le vaccin AstraZeneca, fourni dans le cadre de l’initiative Covax (Covid-19 Vaccines Global Access), soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette initiative vise à fournir deux milliards de doses de vaccin contre le Covid-19 à environ un quart de la population des pays les plus pauvres d’ici la fin de 2021.

Au Togo, selon les autorités, la campagne de vaccination vise cinq objectifs : vacciner au moins 95% des cibles ; assurer la gestion efficace des effets indésirables ; gérer les rumeurs et prévenir les crises ; assurer la gestion efficace des vaccins et des consommables vaccinaux et garantir la sécurité des vaccins et de la vaccination.

Les personnes cibles en début de campagne sont le personnel de santé (secteurs public, privé et confessionnel) ; les personnes à risque (âgées de 50 ans et plus, affectées de maladies  chroniques), des détenus, déplacés et réfugiés.

Alors qu’il est question d’étendre la campagne au plus de 30 ans, le recours au vaccin suédo-britannique est aussi critiqué par les réfractaires.

L’injection d’AstraZeneca a été liée à des cas de thromboses (coagulation sanguine qui forme des caillots) parfois mortels chez certains sujets l’ayant pris. Ce qui a entrainé sa suspension temporaire dans certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne, selon un article publié sur le site de RFI le 15 mars 2021.Tout cela conforte les sceptiques dans leur position.

« Nos autorités font encore l’erreur d’amener un vaccin rejeté sous d’autres cieux. Comment peut-on accepter de se faire vacciner », s’interroge Koffi Assogba. Cet  étudiant précise vouloir se faire vacciner mais pas à l’AstraZeneca.

En réaction à ces supputations, les autorités sanitaires tentent de rassurer. Selon le professeur Ihou Watéba, responsable de l’unité Covid-19 au CHR Lomé-Commune, il n’y a aucune raison d’avoir peur. « Ce n’est pas un poison. Il peut y avoir des petits effets secondaires, mais ces effets sont toujours moindres par rapport aux grands avantages que cela donne », a expliqué le professeur sur Victoire Fm, une radio locale. Il ajoute que « le Togo est un pays très organisé qui ne peut pas se permettre de commander des vaccins qui vont tuer sa propre population ».

Sur la même radio, Dr Simon-Pierre Hassan, médecin épidémiologiste confirme que depuis le début de la vaccination, le Togo « n’a pas enregistré d’effets secondaires graves liées à ce vaccin».

Face au scepticisme, le Président du groupe parlementaire Union pour la république (Unir), parti présidentiel, Atcholé Aklesso, a émis l’idée de rendre obligatoire le vaccin, lors d’un débat sur les polémiques autour de l’AstraZeneca, le 16 mars 2021 à l’Assemblée nationale.

« Ceux qui ne voudraient pas se faire vacciner contre le Covid-19, pourraient être considérés comme des criminels. Le groupe parlementaire Unir auquel j’appartiens est prêt à proposer une loi pour rendre obligatoire la vaccination », a prévenu le député.

Une réaction qui a suscité une vague de contestations. Certains estimant qu’il serait hors de question d’imposer aux populations un vaccin dont on ne maitrise pas les contours.

Selon Djibo Nouhou, président du Centre pour la gouvernance démocratique et la prévention des crises (Cgdpc), il n’y a aucun remède efficace à 100% contre le covid-19, c’est pourquoi cette maladie fait peur à tout le monde. Il estime que « le gouvernement togolais devrait chercher à persuader la population des effets positifs du vaccin », au vu des inquiétudes à travers le monde. M. Nouhou ajoute qu’il faut également rassurer les populations « qu’en cas de complications liées à la vaccination, les personnes concernées seront prises en charge ».   

HD/fd/ts

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