Depuis l’arrivée au pouvoir en 1994 du président Jammeh, la Gambie se caractérise par « des violations massives des droits de l’homme, dans une totale impunité », affirment deux organisation de défense des droits de l’homme basées au Nigeria dans une déclaration commune postée sur le site internet du Serap (sigle en anglais du Projet pour le respect des droits économiques et sociaux).
« Des centaines (de personnes) avaient été incarcérés et tenues dans l’isolement dans des conditions inhumaines après une vague d’arrestations en Novembre 2009 et en mars 2010. Seuls huit ont été jugées pour trahison dans une parodie de procès, et accusées de fomenter un coup d’Etat », écrivent Adetokunbo Mumuni et Abiola Afolabi-Akiyode, qui dirigent respectivement le Serap et le WARDC (Centre de recherche et de documentation des femmes juristes), tous deux basés au Nigéria.
Selon ses deux auteurs, cette déclaration conjointe a été rendue publique dans le cadre d’une campagne internationale lancée à l’initiative de plus de 80 associations et organisations non gouvernementales dans 14 pays, dont dix pays d’Afrique de l’Ouest.
Cette campagne, contre le régime du président Yahya Jammeh, a été lancée pour coïncider avec la célébration de la « journée de la liberté » (Freedom Day), en Gambie le 22 juillet, selon un document d’Amnesty international parvenu à Oustafnews.
A Dakar, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a aussi dénoncé « la paranoïa » du président Yaya Jammeh qui « voit des coup d’Etat partout ».
Depuis son arrivée au pouvoir en 1994, d’innombrables « coups d’états ont été recensés dans un pays où (…) règne l’intimidation et la terreur qui n’épargnent ni les acteurs politiques ni (ceux) de la société civile », affirme la Raddho pour qui les huit condamnations à la peine capitale du 15 juillet ne représente que « la partie visible de l’iceberg ».
Pour l’ONG basée à Dakar, il est « inacceptable » que tels agissements puisse avoir lieu dans un pays qui abrite la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP, institution spécialisée de lUnion africaine), que la Raddho invite d’ailleurs à « suspendre toute session tant que la peine de mort est en vigueur en Gambie ».
Outre le Sénégal et le Nigeria, des activités de dénonciation du régime gambien étaient prévues au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Liberia, au Mali, en Sierra Leone et au Togo, selon une liste rendue publique par Amnesty international.
Outre les purges régulières dans l’armée, l’intimidation contre les acteurs politiques et de la société civile, l’actuel régime gambien se signale aussi par un musellement et une répression permanente contre les journalistes.
Cette situation a culminé avec l’assassinat en décembre 2004 du journaliste Deyda Hydaya (fondateur du journal privé The Point) et a forcé plusieurs dizaines de journalistes gambiens à prendre les chemins de l’exil.
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