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Zika : Les africains ont-ils à craindre une réapparition du virus?

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Last Updated on 11/03/2016 by Ouestafnews

Ouestafnews (en collaboration avec Africa Check) – Le virus, associé à des cas de microcéphalie au Brésil et à des troubles du système nerveux, en Micronésie, a été d’abord découvert en Afrique en 1947. « Pendant 60 ans, [Zika] était considéré comme une maladie bénigne, due à un moustique, au sein des populations africaines de la région équatoriale », a confié à Africa Check, le Professeur Jimmy Whitworth de la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
 
Une personne infectée par Zika peut avoir de la fièvre, des éruptions, la conjonctivite, des douleurs aux muscles et aux articulations et des maux de tête, explique l’Organisation mondiale de la santé .Comme il n’était ni mortel ni défigurant, le virus a occupé récemment le devant de la scène, pour ses liens avec des troubles de la croissance du cerveau chez des nouveau-nés brésiliens dont les mères ont été infectées pendant leur grossesse. Le lien de causalité n’est pas encore prouvé.
 
 « Le virus a changé au cours de la dernière décennie »
 
Entre 1952 et 1981, des infections au virus Zika ont été signalées dans de nombreux pays africains, et plus tard dans des régions d’Asie. En 2007, des épidémies ont été enregistrées en Micronésie, et, plus tard, en Amérique Latine. L’année dernière des cas ont été détectés au Cap-Vert, un pays insulaire d’Afrique de l’Ouest. A cause de sa migration à travers le monde, trois différentes souches du virus Zika se sont développées : l’africaine (Est et Ouest) et l’asiatique.
 
La souche diagnostiquée au Brésil est celle asiatique. L’OMS n’était pas en mesure de dire à Africa Check si le virus décelé au Cap-Vert était la souche asiatique. Cependant aucun trouble neurologique n’a été signalé chez les fœtus, dans ce pays.
 
On ne connait pas la différence entre les différentes souches du Zika, a dit l’OMS. Mais le virus a évolué au cours de la dernière décennie, étant donné la rapidité avec laquelle il s’est déplacé vers d’autres endroits, a expliqué Whitworth à Africa Check.
 
Il a indiqué que sa gravité peut être due à l’absence d’immunité chez les populations de ces nouvelles régions, à des changements chez les virus qui peuvent faciliter la transmission au moustique, ou à la possibilité d’infections précédentes dans des pays africains où le virus Zika n’est pas souvent rencontré.
 
Les Africains vivant dans des zones infectées sont-ils déjà immunisés ?
 
Les Africains vivant dans les zones où Zika est fréquent seront certainement immunisés contre le virus, surtout dans les pays qui ont eu des infections précédemment, selon Whitworth.
 
« Il se peut qu’il y ait assez de protection [chez les populations africaines] pour prévenir une épidémie en Afrique, mais on ne sait pas encore », a-t-il dit.
 
Le Professeur Oyewale Tomori, virologue et membre de l’Académie des Sciences du Nigeria, a déclaré à Africa Check qu’il était difficile de dire si la souche asiatique de Zika pouvait réinfecter les Africains.
 
« Compte tenu des nombreux autres virus proches de Zika en Afrique (Nile Occidental, fièvre jaune, maladie de Wesselsbron, et d’autres), la réinfection en Afrique peut être aussi bénigne que dans les années 1940 et 1950 », a-t-il expliqué. « Il faut noter que Zika est le seul virus qui a été d’abord découvert en Afrique où il a causé une infection bénigne mais a entrainé plus tard une infection plus grave dans d’autres régions du monde ».
 
Tomori parle du virus du Nil Occidental et du Chikungunya, également transmis par des moustiques. En 2012, une épidémie du Nil Occidental a tué 286 personnes aux Etats-Unis. L’année suivante, 191 morts ont été enregistrées lors d’une épidémie mondiale de Chikungunya.
 
Aucun cas au Sud de l’Ouganda
 
Les moustiques Aedes que l’on retrouve partout dans le monde sont considérés comme les principaux vecteurs de la maladie, tout comme les personnes infectées.
 
En Afrique, on retrouve ces moustiques jusqu’à l’extrême partie australe de l’Afrique du Sud, mais aucun cas de Zika n’a été enregistré chez les humains au Sud de l’Ouganda, a précisé le South Africa’s National Institute of Communicable Diseases (NICD), dans un communiqué sur le virus Zika.
 
Il faut réunir un certain nombre d’éléments pour que le virus Zika puisse se déplacer vers le Sud: il doit être introduit dans une population de moustiques ainsi que dans la population humaine.
 
Le NICD précise que « les sous-espèces typiquement africaines ont tendance à ne pas piquer les êtres humains et peuvent être moins susceptibles au virus Zika, par rapport à ceux d’Amérique Latine ».
 
Même si un voyageur infecté pourrait introduire Zika en Afrique australe, durant la courte période pendant laquelle le virus est présent dans le sang, il est peu probable que les moustiques Aedes locaux puissent devenir des porteurs dangereux. Ils ont en effet une capacité de vol très limitée, évaluée en mètres, et ont tendance à ne pas entrer dans les bâtiments, selon le NICD.
 
En raison de tout cela, Zika n’empêche pas de dormir, a affirmé, le ministre sud-africain de la Santé, Aaron Motsoaledi, au parlement, après qu’un homme d’affaires colombien a été diagnostiqué avec la maladie, le vendredi 4 février 2016, dans ce pays.
 
Le contrôle des moustiques est la meilleure prévention
 
En fin de compte, mieux vaut prévenir que guérir, a déclaré le docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Selon elle, « les formes de prévention les plus efficaces sont la réduction des populations de moustiques en éliminant les sites de reproduction et l’utilisation des mesures de protection pour prévenir les piqures de moustiques ».
 
Elle invite les pays africains à « renforcer le contrôle et la surveillance des moustiques, la détection du virus par les laboratoires, les complications neurologiques, ainsi que la sensibilisation ».
 
Cette idée est reprise par le Nigérian Tomori pour qui, « nous devons certainement nous préparer |à faire face à une éventuelle épidémie de Zika] et cela passe par le contrôle des moustiques, surtout l’espèce Aedes. Cela pourrait aider à réduire l’apparition d’autres maladies causées par les moustiques.
 

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