Zimbabwe: cafouillage et confusion autour d’un changement de monnaie

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Par AFP

Zimbabwe: cafouillage et confusion autour d'un changement de monnaie
"La légalité des chèques de 200.000 dollars (zimbabwéens) est prolongée jusqu’à une date ultérieure, que nous annoncerons quand nous penserons qu’il est stratégique de le faire", a annoncé en milieu de journée le gouverneur de la Banque centrale, Gideon Gono.

"Nous demandons à tous les acteurs économiques d’accepter ces chèques qui continuent à avoir cours", a-t-il poursuivi, alors que des milliers de Zimbabwéens formaient depuis des heures de longues files d’attente devant les banques du pays.

En raison de l’hyperinflation, qui frôle les 8.000%, le Zimbabwe est confronté à une pénurie d’argent liquide et les devises étrangères s’échangent de plus en plus au marché noir. En réaction, la Banque centrale avait décidé de retirer au 31 janvier tous les chèques barrés à validité limitée d’une valeur de 200.000 dollars zimbabwéens (8 USD, 5,5 EUR) et de les remplacer par trois nouveaux billets.

Le processus d’échange a commencé il y a quinze jours avec l’introduction des nouvelles coupures de 250.000, 500.000 et 750.000 dollars et la Banque centrale avait ordonné aux banques d’allonger leurs horaires d’ouverture. Mais ces derniers jours, les banques ont continué de délivrer les chèques au porteur, augmentant la confusion alors que l’échéance approchait.

"C’est très frustrant: samedi, je suis venu retirer de l’argent et on m’a donné les vieux billets et maintenant je suis obligé de revenir parce que la plupart des commerçants ne les acceptent plus", a ainsi expliqué, un client d’une banque d’Harare, Douglas Chimwasa.

Le chaos était visible devant les succursales des banques Barclays et Stanbic du centre d’Harare, où les clients, munis de sacoches remplies de billets, tentaient de forcer leur chemin malgré les portes fermées. Cependant, Gideon Gono n’a pas attribué le report de la mesure aux problèmes d’organisation, mais aux mauvaises conditions climatiques.

"A cause des pluies abondantes, les équipes chargées de procéder à l’échange des billets ont eu du mal à atteindre les régions les plus isolées", a-t-il dit.

Pour l’économiste indépendant Daniel Ndlela, le retrait des chèques barrés est "absurde": "introduire une nouvelle monnaie ne sert à rien quand on a une hyperinflation. Les nouveaux billets vont perdre toute leur valeur en quelques jours".

Pour lui, la pénurie d’argent liquide est due à la perte de confiance envers le système bancaire: "une personne saine d’esprit qui vendrait une chèvre, par exemple, ne placera pas son argent sur un compte en banque, parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir le retirer quand elle en aura besoin."

La pénurie d’argent liquide n’est pas nouvelle au Zimbabwe dont l’économie est en ruine. Mais le phénomène a empiré récemment, l’inflation ne cessant de battre des records. Gideon Gono a accusé "les barons du cash" d’aggraver les pénuries en mettant de l’argent liquide de côté pour l’échanger contre des devises au marché noir.

Mais le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), juge que "la question des barons du cash est une tactique de diversion, parce qu’il n’est pas illégal de stocker de l’argent liquide".

Pour Elton Mangoma, secrétaire du MDC chargé des questions économiques, "les gens ne manquent pas de liquide à cause des barons du cash, mais à cause de la politique menée par Gono, qui a érodé la confiance dans le système bancaire."

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