Zimbabwe: l’avenir politique du pays suspendu à une décision judiciaire

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Par AFP

Zimbabwe: l'avenir politique du pays suspendu à une décision judiciaire
Les juges doivent se prononcer dans la journée sur un recours du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) demandant l’annonce des résultats, au motif qu’ils ont été affichés dans les bureaux de vote depuis plus d’une semaine.

Le recours en urgence a été examiné dimanche. Mais l’avocat de la commission électorale avait fait valoir qu’elle avait besoin de temps pour vérifier les chiffres communiqués par les circonscriptions, justifiant ainsi un délibéré repoussé à lundi.

Le parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), a quant à lui réclamé que l’organe électoral officiel "recompte et examine tout le matériel relatif au scrutin présidentiel", invoquant des "erreurs et des mauvais calculs dans la compilation des résultats". Pour l’instant, seule l’issue des législatives et des sénatoriales, organisées simultanément, a été publiée.

Le parti de Mugabe, qui a refusé dimanche toute idée de gouvernement d’union nationale, a perdu une majorité de 28 ans à la chambre des députés. Il accuse l’opposition de vouloir annuler la redistribution des terres aux Noirs, thème récurrent dans le discours gouvernemental qui aime à brandir le spectre d’une recolonisation.

Des vétérans de la guerre d’indépendance ont d’ailleurs envahi ce week-end certaines des dernières fermes appartenant à des Blancs dans la province de Masvingo (sud-est). La plupart ont été dispersés par la police, à l’exception de deux exploitations.

Dans la capitale, les Zimbabwéens suivaient lundi avec anxiété le moindre rebondissement d’une situation inédite où le pouvoir est mis en difficulté pour la première fois depuis l’indépendance (1980). "Qu’ils nous donnent les résultats, il sera toujours temps de discuter après", lançait un homme dans une des files d’attente qui se forment désormais chaque jour devant les vendeurs de journaux.

En attendant la décision de la commission électorale, le chef du MDC Morgan Tsvangirai, qui a revendiqué samedi la victoire dès le premier tour de la présidentielle, était lundi en Afrique du Sud pour des "entretiens privés", a indiqué à l’AFP l’ancien député du MDC en exil Roy Bennett. Dans une tribune publiée lundi par le quotidien britannique The Guardian, Tsvangirai estime par ailleurs venu "le temps pour une action forte", et demande au Fonds monétaire international de retenir 2 milliards de dollars (1,3 milliard d’euros) sur l’aide au développement au Zimbabwe.

Le Zimbabwe, dont l’économie est en ruine, dépend pour sa survie de l’aide internationale. Selon des associations de défense des droits de l’homme, c’est là la seule raison pour laquelle le pouvoir continue à organiser des élections. L’inflation annuelle dépasse l’entendement à plus de 100.000%, ce qui signifie que les prix des rares produits encore disponibles doublent ou triplent plusieurs fois par jour.

Certains observateurs affirment que la banque centrale a épuisé toutes ses réserves en devises étrangères pour émettre la monnaie nécessaire à la tenue du scrutin. La Zanu-PF n’a pas non plus les moyens d’aller à un second tour, a fait valoir une source diplomatique occidentale.

Ce week-end, Tsvangirai avait tendu la main au régime de Mugabe et appelé le chef de l’Etat au "dialogue", assurant en outre aux forces de l’ordre, pilier du régime, qu’il n’y aurait "ni châtiment ni volonté de vengeance" s’il parvenait au pouvoir. Mais il s’en était pris à la Zanu-PF, l’accusant de fomenter "une guerre contre le peuple zimbabwéen".

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