29 C
Dakar

Une information fiable et indépendante sur les questions qui traversent l'Afrique.

Bénin : Boni Yayi appelle au blocage de la création d’un Sénat

À LIRE

spot_img

Ouestaf News – L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi s’oppose fermement au projet de révision constitutionnelle visant à instaurer un Sénat. Dans une déclaration publiée lundi 3 novembre 2025 sur sa page Facebook consultée par Ouestaf News, il a dénoncé la proposition de révision constitutionnelle, déposée par deux députés de la majorité.

Boni Yayi parle d’une « initiative antidémocratique » pour qualifier la proposition de loi modifiant la Constitution et visant la création d’un Sénat. Selon lui, cette action a été menée sans « consensus national » et elle met en péril les acquis démocratiques du pays.

Après la déposition de la proposition de loi, la Commission des lois de l’Assemblée nationale du Bénin a validé à l’unanimité la prise en compte de ce texte, selon les médias locaux. Cette adoption marque une nouvelle étape vers la création d’une deuxième chambre parlementaire dans le pays.

Déposée le 31 octobre 2025 par deux députés de la majorité parlementaire, la proposition a ensuite été transmise à la Commission des lois pour examen avant sa présentation en plénière, ont annoncé les médias locaux.

Dans l’exposé des motifs, ses initiateurs précisent que la réforme vise à « rapprocher voire arbitrer les options politiques divergentes dans le pays ». Pour eux, doter le pays d’un Sénat permettrait de favoriser le dialogue entre acteurs politiques.

Pour y arriver, ils proposent que la nouvelle institution, si elle est créée, regroupera notamment des anciens chefs d’État, des ex-présidents de l’Assemblée nationale, des anciens présidents de la Cour constitutionnelle ainsi que des anciens chefs d’Etat-major, « pour leur confier la mission ». Les initiateurs espèrent que le Sénat permettra d’assurer la stabilité institutionnelle, la continuité de l’État et la médiation politique en cas de blocage.

L’ancien chef d’État, quant à lui, dit avoir appris « par la presse » le dépôt à l’Assemblée nationale de cette proposition de loi constitutionnelle. Pour Boni Yayi, cette orientation constitue au contraire une menace directe pour la démocratie béninoise.

« Cette initiative ne va pas dans le sens du renforcement de notre démocratie », écrit-il. Il estime que la création d’un Sénat « n’est ni opportune ni légitime » et qu’elle va à l’encontre « des principes fondamentaux de la séparation des pouvoirs ».

L’ancien président, qui a dirigé le Bénin entre 2006 et 2016, rejette toute idée de siéger dans cette future institution, même en qualité de membre de droit. « Je ne saurais en aucun cas faire partie de cette institution ni cautionner un tel projet, dont le dessein véritable semble être de modifier la nature même de notre régime politique », affirme-t-il.

Dans un appel adressé aux députés du parti Les Démocrates (LD), qu’il préside, Boni Yayi exhorte les 22 élus de son camp à faire usage de leur « minorité de blocage » pour rejeter le texte. « En agissant ainsi, les 22 députés LD honoreront leur serment d’artisans de la restauration de la démocratie au Bénin ».  L’ancien président propose de renvoyer la question au peuple « par la voie référendaire ».

Après le premier feu vert de la Commission des lois, les 109 députés de la 9e législature béninoise, dont le mandat prendra fin en janvier 2026, auront désormais la responsabilité de statuer sur cette position en plénière. Cette législature, élue en janvier 2023, a été écourtée à trois ans afin de permettre l’organisation d’élections générales synchronisées avec des législatives et des communales (en janvier), ainsi que la présidentielle (en avril) sur l’année 2026.

Pour qu’une proposition de révision de la Constitution soit adoptée, elle doit être votée à la majorité des trois quarts des membres composant l’Assemblée nationale du Bénin, selon l’article 154 de la Constitution de 1990.

Ce n’est pas la première fois que le sujet divise la classe politique. Une précédente tentative de création d’un Sénat avait déjà échoué en mars 2024. À l’époque, la proposition de révision, déposée par un député de la majorité présidentielle, n’avait pas obtenu, en plénière, le nombre de voix requis pour être examinée. La nouvelle initiative déposée à l’Assemblée nationale marque ainsi une relance du projet.

Cette nouvelle initiative intervient alors que le climat politique reste tendu. Le parti Les Démocrates, dirigé par Boni Yayi, a vu son candidat écarté de la présidentielle d’avril 2026 pour défaut de parrainages. Pour l’ancien chef d’État, la création du Sénat s’inscrit dans une logique de concentration du pouvoir et d’affaiblissement du pluralisme politique.

HD/fd


Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.

Articles connexes

spot_img

Actus