Ouestafnews — L’incursion d’« individus armés non identifiés » a visé le Nord-Est de la Côte d’Ivoire à la frontière avec le Burkina Faso, indique un communiqué de l’État-major général des armées ivoiriennes daté du 25 août 2025 et consulté par Ouestaf News. C’est la première attaque armée dans le pays depuis 2021.
Quatre paysans ont été tués dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 août 2025 à Difita, annonce le communiqué. L’attaque a visé, aux environs de 2 h, un hameau de cultures agricoles situé à proximité immédiate de la frontière avec le Burkina Faso.
Selon le même document, le bilan provisoire fait état d’« un habitant porté disparu » et d’« une femme grièvement brûlée » et prise en charge par les services médicaux. Des dégâts matériels importants sont rapportés dont des cases incendiées, du bétail volé ainsi que des « engins de locomotion détruits, incendiés ou emportés », indique la même source.
La localité de Difita se trouve à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, pays voisin où des groupes armés opèrent sur une large partie du territoire.
Selon le dernier rapport de l’Institute for Economics and Peace (IEP, Institut pour l’économie et la paix, en anglais) sur Indice mondial du terrorisme, le Burkina Faso est l’épicentre du terrorisme mondial depuis 2023. L’attaque n’est imputée à aucune organisation, mais le contexte frontalier maintient la pression sécuritaire sur les zones rurales ivoiriennes du nord.
L’État-major ivoirien précise qu’aussitôt informé, le Commandement de la Zone Opérationnelle Nord a « engagé des moyens aériens et terrestres » pour porter secours aux populations et tenter de neutraliser les assaillants. Ces derniers « se sont enfuis avant l’arrivée des troupes » ivoiriennes.
Une fois sur place, les forces de sécurité ont effectué un « ratissage dans la zone », lit-on dans le communiqué. L’armée dit poursuivre les recherches « pour identifier les auteurs et leurs motivations ». L’attaque n’a pas été revendiquée,
Après avoir invité la population au calme et à la collaboration avec les forces de défense et de sécurité, l’État-major a présenté « ses condoléances aux familles endeuillées » et souhaité un « prompt rétablissement » aux blessés. Il rappelle aussi sa détermination à assurer leur protection.
Cet épisode marque la première attaque meurtrière recensée en Côte d’Ivoire depuis 2021. La bande septentrionale du pays avait été durement touchée en juin 2020 par l’attaque de Kafolo (14 militaires tués), suivie de la mort de deux soldats en mars 2021.
Plus tôt, en mars 2016, l’attentat de Grand-Bassam (zone touristique située à environ 40 Km de la Capitale, Abidjan), revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait frappé la façade maritime. Depuis, les autorités disent avoir renforcé le dispositif de sécurité au nord. Toutefois, l’événement survenu à Difita montre que le risque terroriste demeure dans les zones frontalières.
Au-delà des pertes humaines, l’incendie de cases, l’enlèvement de bétail et la destruction d’engins signalés par l’armée laissent craindre des besoins d’assistance pour les habitants touchés. Les autorités n’ont pas communiqué à ce stade sur d’éventuelles mesures d’appui humanitaire, tandis que les opérations de sécurité se poursuivent.
Cette attaque dans la zone frontalière survient alors que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont régulièrement crispées par la situation sécuritaire au Sahel et des tensions diplomatiques.
La situation sécuritaire et la progression de groupes armés au nord du Burkina Faso, aux portes d’une frontière longue d’environ 600 km, alimente la méfiance et pousse Abidjan à muscler son dispositif au nord (patrouilles, postes avancés, opérations conjointes).
De l’autre côté, la présence des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) burkinabè à la frontière, supplétifs de l’armée dans la lutte contre le terrorisme, n’apaise pas la tension entre les deux pays.
En plus, des tensions diplomatiques opposent le régime militaire burkinabè – au pouvoir depuis 2022 – et la Côte d’Ivoire depuis quelques années sur fond de rivalités pressions politiques marquées par la naissance de l’Alliance des Etats de Sahel (AES) dont les composantes – Mali, Niger et Burkina Faso – se sont détachées de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en janvier 2025.
HD/md
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