Ouestafnews — À un mois de la présidentielle ivoirienne, le climat politique reste tendu. Les contestations s’amplifient après l’exclusion de plusieurs figures de l’opposition par le Conseil constitutionnel. Dernier en date à réagir, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a déposé une plainte contre X dénonçant ce qu’il qualifie de « falsification » de son dossier de candidature.
L’opposant ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, a annoncé, le 23 septembre 2025, avoir « déposé une plainte contre X auprès du procureur de la République d’Abidjan ». Le président du Front populaire ivoirien (FPI) conteste l’invalidation de sa candidature à la présidentielle du 25 octobre 2025, rejetée par le Conseil constitutionnel pour parrainages jugés irréguliers.
Pour celui qui a été candidat aux présidentielles de 2015 et 2020, cette décision repose sur un « dossier falsifié ». Il affirme avoir déposé 44.000 parrainages répartis dans 20 régions, tandis que le document examiné par le Conseil mentionne 46.000 parrainages issus de 33 régions, dont 21.000 présentés comme irréguliers.
Le Conseil constitutionnel ivoirien a récemment publié une liste définitive de cinq candidatures sur 60 reçues, pour l’élection présidentielle du 25 octobre. Dans le lot des recalés, la candidature de Pascal Affi N’Guessan, invalidée pour parrainages en double et déficit de 20.504 signatures. Il avait déjà dénoncé des « incohérences » dans le traitement de ses parrainages.
Le candidat du FPI dénonce dans sa plainte une modification « frauduleuse » de son dossier de candidature déposé auprès de la Commission électorale indépendante (CEI) et réclame la reconnaissance de son droit à participer au scrutin.
L’ancien Premier ministre (2000–2003) va plus loin en remettant en cause l’ensemble du processus électoral. À ses yeux, la liste électorale est entachée d’irrégularités massives, avec des millions d’inscriptions douteuses et des anomalies flagrantes.
Selon lui, la composition de la CEI est aussi « totalement déséquilibrée ». Il estime également que la décision du Conseil constitutionnel invalidant les candidatures de plusieurs figures majeures de l’opposition, ne fait qu’aggraver la crise de confiance.
« Si ce processus est mené à terme, nous courons tout droit vers la catastrophe », a-t-il averti, appelant à son arrêt et à sa réinitialisation afin de garantir équité et transparence.
Affi N’Guessan n’est pas le seul à contester la décision du Conseil constitutionnel. Plusieurs leaders de partis ont vu leurs candidatures rejetées. Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de l’ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), se rebiffe, lui aussi d’une décision « pleine de contradictions » et dénonce un processus « privé de légitimité ». Laurent Gbagbo a déjà déclaré qu’il ne soutiendrait aucun des candidats retenus, appelant ses partisans à une « résistance démocratique et pacifique ». Il a été écarté pour non-inscription sur la liste électorale et insuffisance de parrainages.
Du côté du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), la candidature de Tidjane Thiam a été déclarée irrecevable pour la même raison.
Son parti a annoncé la saisie du Comité des droits de l’Homme de l’ONU pour demander une mesure provisoire permettant à son leader de se présenter, invoquant une « violation de ses droits politiques ».
Ces contestations s’inscrivent dans un climat de tension à quelques semaines de l’élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel a validé la participation de cinq candidats, dont le président sortant Alassane Ouattara, qui brigue un quatrième mandat en s’appuyant sur l’interprétation de la Constitution de 2016, considérée par ses opposants comme une manœuvre anticonstitutionnelle.
La présence de Simone Ehivet Gbagbo, de Jean-Louis Billon, d’Ahoua Don Mello et d’Henriette Lagou Adjoua donne au scrutin une configuration inédite, notamment par la participation de deux femmes. Mais pour une partie de l’opposition, l’exclusion de figures centrales comme Gbagbo, Thiam et Affi N’Guessan révèle un processus biaisé et dominé par le pouvoir en place.
À un peu plus d’un mois du scrutin, la Côte d’Ivoire aborde donc la campagne électorale dans un climat de méfiance et de contestation. Certains craignent le spectre d’une crise comparable à celles post-électorales de 2010-2011, d’autant que le PDCI a récemment alerté des émissaires de l’ONU à Abidjan sur une élection à « haut risque pour la région ».
« Pour l’instant, le gouvernement rappelle que les décisions du Conseil constitutionnel sont sans recours, tandis que l’opposition multiplie appels et recours, convaincue que la stabilité politique du pays est en jeu. »
HD/fd
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.