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Gambie : le vérificateur général chassé de son bureau par la police

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Ouestafnews – Situation inédite à Banjul. Le 15 septembre 2025, des policiers se sont rendus au siège de l’Office national d’audit (NAO, National Audit Office en anglais) pour en interdire l’accès au vérificateur général, Modou Ceesay. Cet événement intervient alors que ce dernier a récemment refusé un poste de ministre dans le nouveau gouvernement nommé par le président Adama Barrow.

« Interdit d’accéder à ses locaux jusqu’à nouvel ordre ». Le vérificateur général de la Gambie, Modou Ceesay, s’est vu opposer cette restriction d’accès à son bureau dans la matinée du 15 septembre 2025.

Dans une déclaration officielle, l’institution supérieure de contrôle a affirmé que des agents de police du commissariat de Kairaba, « dirigés par un certain commissaire Jawo », ont affirmé, dans les locaux du NAO, avoir reçu cette instruction.

Selon le communiqué, après discussion, M. Ceesay « a accepté de rentrer chez lui ». Il a aussi « exhorté le personnel au calme ». L’institution de contrôle annonce aussi que les agents de police « ont récupéré la clé de son bureau et l’ont verrouillé ». La situation « continue d’être gérée de manière ordonnée », précise toutefois le texte.

Cet épisode intervient au lendemain du refus de M. Ceesay d’une nomination ministérielle lors du dernier remaniement annoncé par la présidence.

Lors du remaniement en question, le ministre du Commerce, Baboucarr Ousmaila Joof, a été réaffecté à la Défense. Pour le remplacer, le chef de l’État a nommé Modou Ceesay au Commerce, promu Cherno Amadou Sowe au poste de vérificateur général et désigné Masireh K. Drammeh directrice par intérim de l’Audit interne. La présidence a indiqué que ces décisions prenaient effet immédiatement.

Modou Ceesay a toutefois rejeté cette nomination. Dans un communiqué daté du 14 septembre et diffusé par le NAO, il affirme n’avoir été informé de l’offre « qu’à réception de la lettre d’affectation » le 10 septembre 2025. Et qu’il a « rejetée le même jour » avant de formaliser son refus par une lettre en date du 11 septembre.

« Je n’ai accepté ni verbalement ni par écrit », écrit-il, ajoutant qu’il « demeure engagé » dans ses fonctions constitutionnelles de vérificateur général au nom de « la transparence, la reddition des comptes et la bonne gouvernance ».

Selon plusieurs médias, des collaborateurs de M. Ceesay ont tenté de s’opposer à cette expulsion, contestant la légitimité de l’opération dans une atmosphère « tendue et confuse ».

Face à la polémique autour de l’éviction de Modou Ceesay, la présidence gambienne a publié le même jour un communiqué pour clarifier sa position. Selon le texte, M. Ceesay avait été convoqué à la State House (au palais présidentiel) le 10 septembre et informé de sa nomination comme ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Intégration régionale. Une proposition que l’exécutif affirme qu’il avait « initialement acceptée », avant de recevoir sa lettre d’affectation.

La présidence précise ensuite que, suite à ce processus, M. Cherno Amadou Sowe a été consulté et nommé au poste de vérificateur général. Le gouvernement assure que cette décision reposait uniquement sur les « qualifications et l’expérience » de M. Ceesay dans la gestion publique, financière et des investissements, et qu’elle n’avait pas pour but de remettre en cause l’indépendance ou les missions de l’Office national d’audit.

Le communiqué ajoute que M. Ceesay a, dans un second temps, exprimé sa volonté de rester à la tête de l’institution de contrôle, rejetant formellement sa nomination au ministère du Commerce par une lettre datée du 11 septembre et reçue par la présidence le lendemain.

La présidence termine par adresser ses félicitations à M. Sowe pour sa nomination, ce qui montre le maintien de sa décision. Elle affirme aussi « la pleine coopération » du gouvernement avec le nouveau vérificateur général.

Le texte a également mis en avant l’engagement du président Adama Barrow à défendre la transparence, la reddition des comptes et une gestion responsable des finances publiques.

Au niveau des textes de loi, selon l’article 158, alinéa 5 de la loi sur la National Audit Office (NAO), qui bénéficie par ailleurs d’une garantie constitutionnelle, « une personne occupant le poste de vérificateur général ne peut être démise de ses fonctions que pour incapacité à exercer les fonctions de sa charge (…) ou pour mauvaise conduite ou incompétence ».

Dans ce climat d’accusations réciproques, l’expulsion de M. Ceesay et l’interdiction d’accès à son bureau interpellent sur la conformité avec les dispositions légales en vigueur et, plus largement, sur le respect des principes de l’État de droit en Gambie.

HD/fd


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