Ouestaf News — L’armée nigériane a annoncé avoir neutralisé huit combattants de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), dont plusieurs chefs, lors d’un affrontement survenu le 15 septembre 2025 dans l’État de Borno, au nord-est du pays. L’opération qui s’est déroulée près d’une localité appelée Garin Giwa, a permis de récupérer du matériel appartenant aux terroristes.
Les troupes de l’armée nigériane engagées dans l’opération ont été prises pour cible dans une embuscade, avant de riposter, selon le communiqué de l’État-major. Bilan : huit terroristes ont été tués. Parmi eux, Abu Aisha, identifié comme « Qaid » (c’est dire chef) de la zone de Tumbun Mota, ainsi que Modu Dogo Munzir de la zone de Dogon Chukun, toutes deux dans l’État de Borno, selon l’armée.
Un autre commandant intermédiaire, non identifié, figure également parmi les victimes, indique la même source. L’armée ajoute que plusieurs combattants ont pris la fuite en laissant derrière eux quatorze motos. La récupération de ces matériels « affaiblit encore davantage la logistique des insurgés », a indiqué le lieutenant-colonel Sani Uba, porte-parole militaire.
L’incident s’est produit à l’aube du 15 septembre 2025, lorsqu’une embuscade a visé des troupes nigérianes près de Garin Giwa, le long de la route stratégique Baga–Cross Kauwa, d’après le communiqué. Les assaillants, qui cherchaient à perturber l’approvisionnement militaire sur cet axe clé, ont été repoussés grâce « à la résistance ferme des soldats » déployés dans la zone, indique la même source.
Cette opération intervient dans un climat particulièrement tendu dans le Nord-Est du Nigeria. Le 5 septembre 2025, plus de soixante personnes ont été tuées dans le village de Dar El Jamal, près de la frontière camerounaise, lors d’une attaque menée, maison par maison, par des hommes armés.
L’assaut lors duquel une vingtaine de personnes ont été également enlevées et une trentaine de maisons incendiées, n’a pas été revendiqué. Mais le mode opératoire correspond à celui de Boko Haram et de l’Iswap, selon Radio France internationale (RFI).
Les forces nigérianes avaient ensuite renforcé leur présence dans la zone avec des unités venues de Bama et Banki (deux autres villes de l’État de Borno). Ce qui avait permis de reprendre le contrôle et de neutraliser une trentaine de combattants, affirme l’armée nigériane. Mais ces attaques ont rappelé la vulnérabilité persistante des zones rurales, où des déplacés ont été relogés après des années passées dans des camps.
Depuis plusieurs mois, les services de sécurité et les observateurs évoquent une intensification des opérations d’Iswap dans la région du lac Tchad et le long des routes d’approvisionnement du Borno, selon les médias nigérians. Les factions terroristes ciblent à la fois les forces armées et les populations civiles, aggravant une crise humanitaire déjà marquée par des milliers de morts, des déplacements massifs et des pénuries alimentaires, d’après les mêmes sources.
Au Nigeria, le terrorisme reste l’un des principaux défis sécuritaires. Depuis l’insurrection de Boko Haram à la fin des années 2000, le pays est devenu un terrain d’action pour plusieurs groupes armés, dont l’Iswap et Ansaru (Jama’atu Ansaril Muslimina fi Biladis Sudan), affilié à Al-Qaïda.
Le rapport du département d’État américain, Country Reports on Terrorism 2023, publié fin 2024, souligne que ces organisations continuent de cibler à la fois les civils, les forces de sécurité et les infrastructures essentielles, perpétuant un climat d’instabilité chronique dans le Nord et le Centre du pays.
Cette présence terroriste a de lourdes conséquences humaines et sociales. Selon le Global Terrorism Index 2025, le Nigeria figure encore parmi les pays les plus touchés par les violences extrémistes. Le pays se classe à la 6e position des pays les plus impactés derrière d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme Burkina Faso (1er), Mali (4e) et Niger (5e).
Selon ce rapport, les attaques répétées ont entraîné des milliers de morts, des déplacements massifs de populations, la fermeture de centaines d’écoles et l’effondrement de services de base dans certaines zones. L’impact économique se fait également sentir, avec des activités agricoles entravées et une baisse des investissements, accentuant la vulnérabilité des communautés déjà fragilisées.
Les récents incidents témoignent de l’extension des réseaux terroristes dans le pays. Pour l’armée nigériane, la neutralisation de commandants comme Abu Aisha constitue un succès tactique, mais la multiplication des attaques, de grande ampleur comme de faible intensité, continue de poser un défi majeur à la stabilité dans le Nord-Est du pays.
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