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Afrique : crises sécuritaires et écologiques, l’école en recul (Rapport)

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Ouestaf News — Le nouveau rapport conjoint de l’agence des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), publié le 9 septembre 2025, dresse un constat préoccupant sur l’éducation en Afrique de l’Ouest et du Centre. À la mi-2025, près de 15.000 écoles sont fermées pour cause d’insécurité dans la région, privant de classe plus de trois millions d’enfants, alerte le document.

La fermeture d’établissements en Afrique de l’Ouest et du Centre a presque doublé depuis 2019, avec 14.829 écoles fermées à la mi-2025 dans la région, selon les chiffres du rapport. Par ailleurs, selon la même source, la violence visant l’éducation aussi s’intensifie. Pas moins de 433 incidents ont été recensés entre janvier et août 2025, contre 251 sur la même période en 2024.

La situation est notamment préoccupante au Sahel central, région en proie à une instabilité politique et à une prolifération de la menace terroriste depuis plus d’une décennie. Cette situation a accentué la crise dans l’éducation au fil des années. De 2000 écoles fermées en 2019, la région enregistre plus de 8.400 écoles fermées en 2025.

Au Nigeria et en République démocratique du Congo, la situation s’est également détériorée en 2025. Entre juin 2024 et juin 2025, les écoles fermées sont passées de 14 364 à 14.829, avec désormais plus de 3 millions d’élèves privés de cours, contre 2,8 millions 2024. Pour beaucoup, cette situation dure depuis plusieurs années, transformant une crise ponctuelle en un décrochage scolaire durable.

Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le rapport indique que cette région concentrait à elle seule, 22 % des 272 millions d’enfants non scolarisés dans le monde en 2023. Or, elle ne représente que 12 % de la population mondiale en âge scolaire. Les enfants de cette région sont proportionnellement deux fois plus susceptibles d’être exclus du système éducatif que ceux d’autres parties du monde.

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L’Unicef insiste sur l’urgence d’un soutien durable pour éviter un effondrement prolongé du système éducatif dans la région.

Le rapport explique qu’en plus de priver les enfant d’apprentissage, la fermeture des écoles les expose à de graves dangers : recrutement par des groupes armés, travail forcé, violences physiques ou encore exploitation sexuelle.

Recul de l’aide et crises climatiques

La crise dans l’accès à l’éducation est également accentuée par le recul de l’aide internationale dans les situations d’urgence. Selon le rapport cette aide a reculé d’environ 25 % cette 2025, créant un manque estimé à 745 millions de dollars (près de 420 milliards de FCFA), précise l’Agence onusienne.

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Les auteurs du rapport appellent les donateurs à intensifier l’aide et à rendre les écoles plus résilientes face aux événements extrêmes.

À ces menaces sécuritaires s’ajoutent des événements climatiques extrêmes qui aggravent la crise scolaire. Le 15 octobre 2024, un rapport de l’ONG Save the Children avait sonné l’alerte : environ 10 millions d’enfants au Nigeria, au Mali, au Niger et en RDC n’allaient pas à l’école à cause d’inondations massives ayant endommagé des infrastructures et déplacé près d’un million de personnes.

Les pluies « sans précédent » ont retardé les rentrées 2024 : report d’au moins trois semaines au Niger (3,8 millions d’élèves touchés, 5.520 salles de classe endommagées, détruites ou occupées), report d’un mois au Mali (3,8 millions d’élèves du primaire et du secondaire concernés).

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Plus récemment, en juin 2025, au Nigeria, 2,2 millions d’enfants ont été déscolarisés par des fermetures liées aux crues, qui ont touché 30 États (269 décès, 640.000 déplacés) sur les 36 que compte le pays.

Pour garantir la continuité scolaire, le rapport recommande des mesures fortes comme l’interdiction de l’usage militaire des écoles et la mise en place des mécanismes de suivi de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, du niveau central au niveau local.  Il insiste aussi sur la nécessité de mieux documenter les attaques et les fermetures des écoles, avec des données détaillées et appelle à intégrer le soutien psychosocial, la protection, ainsi que la santé et la nutrition dans les réponses éducatives.

Le rapport recommande également de développer des systèmes d’alerte précoce, des plans d’urgence et des formes d’apprentissage flexibles ou accélérées pour les personnes déplacées internes, les réfugiés et les filles. Ces dernières sont plus exposées au décrochage, aux mariages précoces et aux violences, selon le document.

HD/md


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