« Au-delà de son rôle de moteur de la croissance économique, le commerce intra-africain est plus résilient que les échanges avec les autres régions du monde », souligne la BAD dans l’édition 2017 de son rapport sur les « Perspectives économiques en Afrique ».
Selon ce document, conjointement publié avec l’ Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), les progrès économiques récents du continent sont allés de pair avec une hausse des échanges intra-africains.
« Le PIB (Produit intérieur brut) de l’Afrique et son commerce intérieur ont été multipliés par quatre en 20 ans », rappelle la même source.
Depuis 2011, les exportations africaines vers les Etats-Unis et la Chine, ont respectivement chuté de 65% et 48%, à cause d’un ralentissement général des échanges internationaux. Un ralentissement qui n’entame point, selon le rapport, la dynamique commerciale intra-africaine avec des volumes d’échanges qui sont passées de 10% à 16% entre 2000 et 2014.
Un gros potentiel mais…
Selon les auteurs du rapport, le commerce intra-africain dispose d’un vecteur de croissance à travers l’hétérogénéité des exportations nationales. « Si des pays voisins peuvent se faire concurrence sur certains créneaux d’exportation, la vaste gamme de produits disponibles sur le continent ouvre la voie à des échanges intenses entre régions », analyse le rapport.
A la différence des échanges avec le reste du monde, le commerce interne en Afrique reste encore fortement tributaire des produits manufacturés (autrement appelé industrie légère) qui représente 50% des échanges. A cet effet, les auteurs du rapport estiment que « les pays dotés de secteurs manufacturiers plus avancés pourraient progresser à condition d’accéder au marché africain dans sa globalité ».
Le commerce intra-africain dont des experts déplorent inlassablement la faiblesse, a aussi un réel atout à travers le milliard de consommateurs que compte le continent. Par ailleurs, de nombreuses études mentionnent une « explosion » de la classe moyenne » en Afrique dans un futur proche, en plus de la mobilité croissante des fonds d’investissement.
L’appel à un renforcement du commerce intérieur africain, est aussi un des axes du plaidoyer fait par le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Cacid), basée à Dakar.
« Une intégration plus poussée des économies à travers un renforcement des interconnexions et une unification des marchés est aujourd’hui considérée comme un idéal de développement », peut-on lire dans un document du Cacid posté sur son site internet.
Le défi de la transformation
La faiblesse du commerce intra-africain, selon le rapport sur les « Perspectives économiques en Afrique » est essentiellement due à une déficience des capacités de production et de transformation.
En dépit du fort potentiel, les exportations intra-africaines, n’ont représenté en 2015 qu’un quart du total des exportations de marchandises du continent, indique le rapport qui parle au demeurant d’une part nettement trop faible, comparée à celle du continent américain (56 %), de l’Europe (60 %) ou de l’Asie (67 %).
Pour le directeur d’Afreximbank Dr. Benedict Okey Oramah, cité par Financial Afrik « le gros problème des producteurs africains c’est de trouver des débouchés dans le cadre intra-africain confrontés qu’ils sont au commerce informel et à un manque d’informations ».
Donnant l’exemple du cacao (dont la chute des prix sur le marché affecte les deux principaux producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana), le rapport déplore le fait que l’essentiel des produits de base ne subissent guère de transformation.
Autre illustration du préjudice, les exportations de pétrole de l’Afrique qui ont généré 85 milliards de dollars en 2015, alors que les importations de carburant en provenance du reste du monde ont coûté entre 63 et 84 milliards de dollars entre 2010 et 2015.
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