La CPI a déjà obtenu le « transfèrement » à la Haye (Pays-Bas) fin novembre 2011 de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, accusés de « crimes contre l’humanité ».
Désormais, les enquêtes de la Cour sur la crise ivoirienne vont couvrir la période allant du 19 septembre 2002 au 28 novembre 2010, ce qui revient à mettre directement en cause des partisans du président Alassane Ouattara et en particulier son premier Guillaume Soro, un des leaders de l’ex-rébellion à l’origine de l’attaque du 19 septembre 2002 contre M. Gbagbo, alors chef d’Etat à arrivé au pouvoir deux ans auparavant.
Septembre 2002 marque le début de l’insurrection armée, naît d’une tentative de coup d’Etat contre le régime de Laurent Gbagbo. Il s’en est aussi suivi une partition en deux de la Côte d’Ivoire avec un Nord occupé par les « insurgés » et un Sud dit « loyaliste ».
La CPI indique qu’il y a « de bonnes raisons de croire que des crimes de meurtres et de viols, qui pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, auraient été commis au cours de ces événements ».
La situation de guerre larvée et la partition du pays qui ont prévalu pendant huit années, ont empêché la tenue de l’élection présidentielle en 2005. Finalement, c’est après moult péripéties que le scrutin se tiendra fin 2010, mais pour se terminer en un fiasco qui a produit l’effet inverse de celui escompté et replongé le pays dans la spirale de la violence. Une violence qui fera 3000 morts, selon le bilan officiel rendu par le gouvernement ivoirien.
Délogé de son bunker du palais présidentiel le 11 avril 2011 par les forces de son rival Ouattara et ses alliés, soutenus par l’armée française, Laurent Gbagbo, sera d’abord mis aux arrêts avant d’être envoyé en résidence surveillée dans le nord de la Côte d’Ivoire et enfin envoyé à la CPI malgré les protestations de ses partisans.
Selon certains médias ivoiriens, son épouse Simone Gbagbo, actuellement en résidence surveillée à Odienné (Nord-ouest) est elle aussi dans le collimateur de la CPI, avec des enquêtes qui viennent d’être bouclées dans le pays.
« Au terme des enquêtes de terrain, tous les documents retraçant les crimes commis par Simone Gbagbo ont été mis sous-scellé et emportés par les limiers de la CPI », affirme le quotidien pro-Ouattara, Nord-Sud.
Aujourd’hui avec l’élargissement de l’enquête, des faits comme les « charniers de Yopougon », ou encore les assassinats de Robert Guei, (le général putschiste qui a précédé Laurent Gbagbo au pouvoir) et du journaliste Franco-canadien Guy-André Kieffer pourraient tomber dans le champ d’action de la CPI.
Toutefois, cette juridiction reste très controversée et suscite des réactions très hostiles aussi bien chez les leaders que chez les élites africaines, qui l’accusent souvent de faire une « fixation » sur l’Afrique alors que des crimes « plus graves » se passent dans d’autres parties du monde.
L’irritation en Afrique est telle que le président de la Commission de l’Union africaine, le Gabonais Jean Ping, n’avait pas hésité à taper du poing sur la table contre la CPI et à rappeler à l’ordre son procureur sortant, l’Argentin Luis Moreno Ocampo, souvent accusé de « s’acharner » sur les Africains.
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