Le Wapp que mentionne le ministre togolais est une initiative de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao, 15 pays) qui date de dix ans et qui vise à booster et à interconnecter le réseau électrique de la sous région. Il fait partie d’une kyrielle d’initiatives visant toutes à assurer une meilleure distribution de l’énergie dans une région qui en manque notoirement.
Avant l’inauguration de sa nouvelle centrale, le Togo était logé à la même enseigne que tous les autres pays de la sous région, souvent confrontés à des délestages, récurrents.
Selon ContourGlobal, la compagnie américaine qui a construit la nouvelle centrale togolaise, la crise énergétique fut particulièrement ressentie au Togo durant l’année 2006, lorsque le manque d’énergie électrique était qualifié de sérieuse « menace à la croissance ». Avant l’inauguration de sa centrale, le Togo dépendait très largement des pays voisins en matière d’approvisionnement en énergie électrique.
La nouvelle centrale, selon les sources officielles, est en mesure de produire annuellement 780 millions de kilowatts (Kw). Elle peut fonctionner au gaz naturel, au fuel lourd ou au gaz. Mais « en attendant la conclusion d’un contrat d’achat de gaz naturel (…), la centrale fonctionnera au fuel lourd », a indique le ministre Noupokou Dammipi.
Dans l’ensemble de la Cedeao, à l’exception de quelques rares cas (Ghana, Cap Vert, Mali) qui ne connaissent pas ou ne connaissent plus les délestages fréquents, la plupart des autres pays sont confrontés à une crise énergétique persistante, alors que les besoins augmentent de manière exponentielle.
« La demande en (énergie électrique) va atteindre en 2020 un taux record de 22.000 mégawatts alors qu’elle s’élevait à 6.500 mégawatts en 2003 », a récemment affirmé James Gbeho, président de la Commission de la Cedeao, lors d’un Forum des affaires tenu fin septembre 2010 à Abidjan.
Dans les pays où elle est disponible, l’électricité reste relativement chère et n’atteint pas toutes les couches de la population. Au Mali par exemple, il n’y plus de rupture du service, mais le taux de couverture du réseau électrique reste très faible (8%,) selon des recherches effectuées par Ouestafnews.
La société en charge de la distribution de l’électricité dans ce vaste pays, Energie du Mali (Edm) est venu à bout des délestages depuis près de 10 ans, selon le correspondant d’Ouestafnews à Bamako. Aujourd’hui les plaintes des consommateurs portent plutôt sur le prix de l’électricité que les populations jugent élevé.
Pour améliorer l’offre, le Mali a également inauguré le 14 octobre 2010 une nouvelle centrale thermique, financée à hauteur de 22 milliards FCFA.
Une seconde centrale du même genre devrait voir le jour à Kayes (Ouest du pays, très riche en minerais) avec une puissance de 69 Mw pour un coût de 35 milliards de FCFA et devrait être achevée dans 12 mois, selon les prévisions du gouvernement.
Tous « ces investissements ont pour but de renforcer et d’étendre le réseau », a expliqué à Ouestafnews Mamadou Igor Diarra, le ministre Malien de l’Energie.
Au Burkina Faso, les délestages perdurent au moment où la Société nationale burkinabé d’électricité (Sonabel) tente d’améliorer le taux actuel d’électrification qui est de 20 %, afin de le porter à 60% d’ici 2015, selon les autorités.
Plusieurs projets sont en gestation, d’abord dans le cadre des mesures d’urgence, un groupe thermique de 16 mégawatts (Mw) est en train d’être installé dans la capitale pour faire face à la forte augmentation de la demande. Par ailleurs, un projet d’interconnexion reliant Bolgatanga (Ghana) à Ouagadougou est aussi en cours, ce qui devrait permettre l’alimentation du Burkina Faso grâce au réseau électrique ghanéen.
Mais en attendant la concrétisation de tous ces projets, plusieurs des pays de la sous-région restent individuellement confrontés à d’énormes difficultés, incapables qu’ils sont de satisfaire la demande de leur population..
La Côte d’Ivoire qui d’ordinaire bénéficiait d’un réseau très stable a connu au début de l’année 2010 un déficit de production estimé à 150 Mw, l’équivalent de 1/6 de sa consommation, ce qui a entraîné le pays dans le cycle des délestages.
Au Sénégal, les coupures d’électricité ont été telles entre juillet et septembre 2010 qu’ils ont une nouvelle fois suscité des scènes de révolte populaire marquées par ce qu’on a appelé les « émeutes de l’électricité » à Dakar et dans les villes de l’intérieur du pays. La crise énergétique a conduit le président sénégalais Abdoulaye Wade a destituer son ministre de l’énergie Samuel Sarr début octobre 2010 pour le refaire remplacer par son fils Karim Wade, mais en dépit de ce changement les délestages continuent de plus belle.
Les Béninois ne sont guère mieux lotis, en avril 2010, la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE, société publique) a dû recourir à la hausse des prix de l’électricité pour faire face à un déficit financier estimé à 22,3 milliards de FCFA, qui menaçait son existence. Cette annonce était faite au moment où le pays faisait face à des coupures répétées de courant en dépit des discours officiels évoquant une « augmentation de la production ».
Face à de tels défis, la Cedeao pense que seule une réponse sous régionale concertée peut apporter une solution définitive à ces déficits chroniques. C’est ainsi que les Etats membres ont lancé en octobre 2000, le Wapp qui vise à créer 5 600 kilomètres de lignes électriques reliant les réseaux nationaux pour des investissements d’environ 11,8 milliards de dollars, et une puissance à terme de 10.000 mégawatts (Mw).
Selon l’accord, les travaux seront effectués en deux phases. La première concerne les pays déjà connectés, notamment le Nigeria, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Niger et le Togo. La seconde concerne les pays non encore connectés, à savoir la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Sénégal et la Sierra Leone.
Selon la Cedeao, l’Afrique de l’Ouest compte 234 millions de consommateurs potentiels, mais seul un tiers d’entre eux ont accès a l’électricité.
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