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Développement de l’Afrique : Seydou Badian fait le procès du FMI et de la Banque mondiale

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”Le Fonds monétaire et la Banque mondiale sont des instruments de l’impérialisme qui ont tué l’Afrique. Le malheur de l’Afrique vient de ses institutions de Bretton Woods. Si on parle de pauvreté en Afrique, c’est parce qu’elle a été forgée et créée par les ajustements structurels qu’on a imposés aux Etats africains. Nous avons tous suivi comme des moutons de sacrifice”, a dit Seydou Badian Keïta dans les colonnes du quotidien privé sénégalais Le Matin.
”On nous dit partout, le secteur privé, oui le développement doit se faire par le secteur privé. Je viens de sortir mon livre là-dessus. Mais secteur privé, où est-il ? Où est notre secteur privé ? Quel rôle joue notre secteur privé et quelle est sa capacité? C’est le slogan qui nous a mis en retard et qui nous maintient encore en retard”, a soutenu M. Keïta, nommé ministre de la Coordination économique et financière et du Plan en 1962.
M. Keïta, auteur du roman ”Sous l’orage”, ajoute que le FMI et la Banque mondiale, avec leurs ajustements structurels, des pères de famille jetés à la rue, ”ont créé cette pauvreté” en Afrique. ”Et maintenant, avec des assiettes, ils veulent prétendre nous aider à nous tirer d’affaires. C’est ridicule ! ”, a regretté Seydou Badian Keïta.
Selon lui, si les Africains veulent se tirer d’affaires, ”il faut qu’ils s’éloignent de la doctrine des institutions de Bretton Woods qu’il a en outre qualifiées d’ ”instruments de la néo-colonisation de l’Afrique”.
”Notre secteur privé n’est pas capable d’industrialiser le continent et nous resterons éternellement vendeurs de matières premières et consommateurs de produits manufacturés (…). Si le coup d’Etat n’avait pas eu lieu, aujourd’hui le Mali serait parmi les Etats émergents parce que nous avons, nous aussi, un sous-sol assez riche”, a-t-il martelé.
”Ceux qui ont osé jeter les bases de l’industrie africaine, c’est la Guinée, le Ghana, le Mali, etc. Aujourd’hui au Mali par exemple, les industries qui existent (textile, sucrerie, cigarettes, allumettes) sont des usines faites par l’Etat de Modibo Keïta en coopération avec la Chine”, a soutenu Seydou Badian, militant de la première heure de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (RDA).
Le romancier malien soutient que ”si on était parti dans l’indépendance, l’Afrique pourrait présenter un autre visage. Mais nous sommes partis après l’élimination de Kwame Nkrumah, Modibo Keïta, après l’encerclement de Sékou de Touré, qui a été politiquement éliminé, nous sommes tombés dans le néocolonialisme”.
”Si on se plaint aujourd’hui de la pauvreté, c’est parce que la régression a commencé par l’école africaine qui est tombée, la corruption généralisée, les guerres entre nous. Cela est l’œuvre du néocolonialisme et c’est regrettable”, a-t-il encore déploré.

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