Mais, pour Kofi Anan, président de l’Africa Progress Panel (APP) la question ne doit pas se poser en ces termes.
« Nous rejetons catégoriquement l’idée selon laquelle l’Afrique doit choisir entre la croissance économique et un développement à faible émission de carbone », a affirmé l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.
« L’Afrique doit utiliser tous ses atouts énergétiques à court terme, tout en construisant les fondations d’une infrastructure énergétique à faible émission de carbone et compétitive», a- soutenu M. Anan qui fait un plaidoyer en faveur du développement énergétique en Afrique.
En Afrique subsaharienne, 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, et ce nombre augmente, selon M. Anan.
L’Afrique du Sud produit à elle seule la moitié de l’électricité de toute la région, et pourtant e pays a déjà lui aussi des problèmes pour satisfaire la demande de a population.
L’autre géant africain, le Nigeria, est encore plus mal en point au point que le nouveau président élu Muhammadu Buhari a qualifié l’échec de la politique énergétique de son pays de « honte national ».
« C’est une honte nationale qu’une économie de 180 millions d’habitants ne produise que 4000 MW, et n’en distribue que beaucoup moins. Le bricolage permanent des structures de fourniture et de distribution d’électricité, et 20 milliards de dollars dépensés depuis 1999, n’ont produit que l’obscurité, la frustration, la misère et la résignation chez les Nigérians », a déploré M. Buhari dans son discours d’ouverture.
Face à cette crise énergétique qui frappe le continent, Kofi Annan invite les gouvernements africains, les investisseurs et les institutions financières internationales à augmenter de manière significative leurs investissements dans le secteur énergétique de l’Afrique.
Dans un rapport sur la question, l’Africa Progress Panel, appelle à multiplier par dix la production actuelle d’énergie afin de garantir à tous les Africains l’accès à l’électricité d’ici 2030. Ce qui aura comme effet, la réduction de la pauvreté et les inégalités, la stimulation de la croissance, selon les auteurs du rapport.
Pendant ce temps, les Etats Africains pour leur usage des produits fossiles, responsables d’une aggravation du réchauffement climatique. Les auteurs de ces critiques estiment que l’Afrique devrait investir plutôt sur les énergies renouvelables, dont le potentiel reste encore faible faut d’investissements suffisants.
Sur ce point précis, l’universitaire sénégalais, Adams Tidjani a lors d’un panel organisé à Dakar en marge de la célébration de la journée mondiale de l’environnement le 05 juin, critiqué l’attitude des pays du nord.
« Les bailleurs fustigent la construction de centrales à charbon en Afrique qui sont très polluantes mais quand vous demandez aux européens et aux américains un transfert de technologie, ils disent niet », a notamment déploré ce professeur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Vu comme une alternative, les énergies renouvelables notamment le solaire, ne peuvent servir durablement aux africains, qu’accompagnés d’un transfert de technologies, selon la conviction de l’expert sénégalais.
Seul ce transfert (que refusent les pays du nord), va selon l’expert sénégalais, permettre l’émergence d’une véritable industrie et permettre la formation de techniciens supérieurs sur le continent.
Selon le rapport de l’APP, la pénurie d’énergie diminue la croissance de l’Afrique subsaharienne de 2 à 4 % par an. Et en dépit de la croissance qui a marqué la dernière décennie en Afrique, les écarts en production d’électricité entre l’Afrique et les autres régions s’élargissent.
Pour l’APP l’heure est à la révolution énergétique, et l’Afrique doit tirer le maximum de son très haut potentiel en énergies renouvelables. Toutefois pour l’instant, une véritable appropriation de ce secteur par les politiques est toujours attendue.
Au Sénégal, où des chiffres font état de 3000 heures d’ensoleillement par an, des observateurs comme Marcus Faschina, président de l’ONG Ecofun (basée à Dakar), déplorent toujours l’absence d’une véritable politique de l’Etat sénégalais en la matière
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