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L’Afrique est-elle réellement menacée par la surpopulation ?

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Ouestafnews – Ressassée par des analystes, souvent occidentaux, remis au goût du jour pas les déclarations très controversées du nouveau président français Emmanuel Macron, la croissance démographique en Afrique fait souvent l’objet d’un grand débat. Alors, une forte démographie est elle synonyme de chance ou d’obstacle pour le continent ? Ouestafnews se penche sur la question.

 

« Le défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel (…) Quand des pays ont encore sept à  huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien » : ainsi parlait le président français Emmanuel Macron à la mi-juillet lors de la clôture du sommet du G20 à Hambourg (Allemagne).

Une rencontre où l’Afrique a été au cœur des débats avec le lancement à l’initiative de l’Allemagne du programme économique « Compact With Africa » du G20.

Premier point : les faits démentent la déclaration, jugée raciste, de Macron : aucun pays africain  Afrique aucun pays n’a un taux de fécondité qui se traduirait par huit enfants par femme.

En Afrique subsaharienne, le record de fécondité « élevée » se trouve au Niger avec 7,6 enfants par femme et un pays comme Maurice affiche 1,4 enfant par femme.

Selon les chiffres du World Population Bureau, le taux de fécondité, autrement dit le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer pour ce qui est de l’Afrique subsaharienne ressort à 4,7 enfants par femme contre une moyenne à l’échelle planétaire de 2,5 enfants par femme. On est donc très loin de la généralisation abusive du président français.

«  Il est difficile d’établir un seuil à partir duquel il y a surpopulation, car c’est un concept relatif »,  explique le professeur Jean-François Kobiané, de l’Université de Ouagadougou dans un échange électronique avec Ouestafnews

Selon le démographe burkinabé « la productivité agricole, la capacité d’innovation et bien d’autres facteurs peuvent intervenir dans cette relation entre la taille de la population, son rythme d’évolution et les ressources produites ».

Toutefois, au niveau des décideurs politiques, largement influencés par les experts occidentaux et les programmes « de développement » onusiens ou des institutions de Brettons Woods, la croissance démographique est vue comme un frein à l’envol économique du continent.

Au Niger le débat sur les moyens de réduire la population à travers une généralisation de la contraception dure depuis plusieurs années. Il en est de même au Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec ses 180 millions d’habitants.

Au niveau régional, des parlementaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) ont proposé une réduction du nombre d’enfant à « trois par femme », au sortir d’une rencontre le 22 juillet à Ouagadougou.

Selon, l’encyclopédie en ligne, Wikipédia, « la surpopulation est un état démographique caractérisé par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son habitat ».

Dotée d’une superficie de 30,6 millions de km2, l’Afrique a en 2017, une population de 1, 2 milliard d’habitants, selon l’Organisation des Nations-unies.

Tandis qu’avec ses 9 millions de Km2 et sa population de 1,3 milliard d’âmes, la Chine qui abandonné depuis 2015, la limitation des naissances (loi de l’enfant unique qui était en vigueur depuis 1979). Dans l’optique de voir une remontée de la courbe des naissances, le gouvernement chinois autorise désormais la naissance d’un second enfant. Plus d’un milliard de personnes vivent aussi en Inde sur 3,2 millions de km2.

A l’inverse des malthusianistes qui professent la limitation des naissances, d’autres démographes leur opposent la thèse d’Esther Boserup qui stipule que la pression démographique peut d’ailleurs être source d’innovation et d’accroissement de la productivité agricole.

Contrairement au vieillissement constaté dans les pays du nord, l’Afrique est un continent de jeunes, une catégorie qui constitue plus de 60% de la population. Selon Mabigue Ngom, directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) en Afrique de l’Ouest et du Centre, cette jeunesse peut se traduire par « une grande prospérité économique, mais seulement si les investissements adéquats sont faits pour qu’elle développe son potentiel ».

Le dividende démographique, la panacée ?

Ceux qui s’inquiètent de la « démographie galopante » ont souvent en ligne de mire l’adéquation entre les fruits de la croissance et la population.  D’où le concept aujourd’hui à la mode de « dividende démographique ».

Ce dernier étant généralement défini par les spécialistes comme l’accélération de la croissance économique qui peut résulter d’une baisse rapide de la fécondité d’un pays et l’évolution ultérieure de la structure par âge de la population.

A cet effet, l’Union africaine s’est dotée d’une feuille de route pour tirer pleinement profit du dividende démographique.

Selon Jean-François Kobiané, le dividende démographique constitue une « opportunité », car les actifs pourront davantage investir dans l’éducation de leurs enfants, être davantage productifs et pouvoir épargner.

Toutefois, « à l’inverse, on peut très bien observer un  ‘’dividende démographique’’ qui n’a pas réussi. C’est le cas de certains pays du Maghreb où l’on a enregistré une baisse importante de la fécondité accompagnée d’une hausse de l’éducation des jeunes. Mais ces derniers se sont retrouvés massivement sans emploi, à cause d’un marché du travail peu dynamique », rappelle le prof Kobiané.

Selon les prévisions, le contient comptera 2 milliards d’habitants en 2050 soit un quart de la population mondiale, selon les prévisions du Fonds des nations-unies pour l’enfance (Unicef) dans son rapport titré « Génération 2030/Afrique » publié en 2014.

Les pays européens quant à eux s’inquiètent — avec en toile de fond la crainte de l’immigration – de la croissance démographique rapide sur le continent. Selon les spécialistes cette baisse est une résultante de la baisse assez significative de la mortalité infantile.

MN/ad


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