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Le Mali en proie au défi sécuritaire accueille le sommet Afrique-France

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Last Updated on 12/01/2017 by Ouestafnews

Ouestafnews – Le Mali, qui vit une situation sécuritaire difficile, va accueillir du 13 au 14 janvier 2017 la 27ème édition du sommet Afrique-France. Le pays est confronté à d’énormes difficultés, liées aux blocages dans la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger signé avec l’ancienne rébellion et à la poursuite des attaques attribuées aux groupes dits « djihadistes ».
 
 C’est dans ce contexte difficile également marquée par certaines critiques contre l’intervention militaire française dans le Sahel, par l’entremise de la force Barkhane, que se déroule ce sommet..
 
Pour Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (Issafrica), il est  d’abord « important de souligner que si la mission de Serval ne concernait que le Mali, celle de Barkhane porte sur cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) confrontés à d’importants défis sécuritaires ».  

Selon lui, Barkhane, constitue une mission  qui doit peut-être être jugée à l’aune de son action dans cet espace. Toutefois, souligne t-il, quand on regarde la situation sécuritaire au Mali, il est « difficile aujourd’hui d’affirmer que Barkhane est un succès  ».
 
Lancée le 1er aout 2014, la force française Barkhane (3.500 hommes) a pris le relais de Serval  et a son  siège basé à N’Djamena au Tchad. Si l’opération Serval déclenchée en janvier 2013 avait permis de repousser les groupes « djahadistes » qui s’étaient rendus maitres d’une grande partie du nord du Mali, Barkhane qui dispose d’une zone d’opération élargie, par contre n’a pas encore de grand succès militaire à mettre à son tableau de chasse.

« Barkhane, semble avoir un horizon plus lointain et sa réussite ne dépend pas uniquement d’elle mais d’un ensemble d’autres éléments dont le traitement par les Etats des causes profondes de l’émergence de ces groupes » renchérit Ibrahim Maïga.
 
Pis, la force française, de même que l’armée malienne et les soldats de la Minusma, essuient régulièrement les attaques des groupes armés. Pas moins de 15 soldats français ont été tués au Mali depuis le lancement de l’opération, tandis que la Minusma (Mission des nations Unies au Mali) en trois ans de présence déplore elle, la mort de plus 80 casques bleus dont une soixantaine d’Africains.
 
Ce climat de violence se caractérise aussi par la poursuite des enlèvements qui ciblent particulièrement les travailleurs humanitaires occidentaux et à une extension des attaques vers le Burkina Faso.

La tenue 27ème sommet Afrique-France au Mali, donne l’occasion aux partisans d’une Afrique indépendante l’occasion de réitérer leurs critiques contre la coopération militaire franco-africaine, particulièrement.
 
La France au même titre que d’autres puissances comme les États-Unis (avec sa base de drones prévue à Agadez au Niger) sont aujourd’hui accusés par des militants de la société civile africaine, de profiter du chaos actuel pour s’installer durablement dans le Sahel.
 
Dans un rapport intitulé :« Cinq guerres pour un empire », l’association Survie, basée en France, assimile l’interventionnisme militaire française en Afrique à un échec. Dans ce texte publié à quelques jours du sommet  « Survie » fait le bilan de toutes les opérations menées en Afrique par l’armée françaises, depuis l’intervention de a force Licorne en Côte d’Ivoire (2011) jusqu’à Sangaris en République Centrafricaine, beaucoup plus récemment et en conclut que  l’interventionnisme militaire de Paris est « loin d’être positif ».
« La conséquence est qu’on assiste  à la militarisation française de toute la zone sahélienne vouée à durer … », déplorent les auteurs du rapport.
 
 Quid de l’accord de paix ?
 
La question sécuritaire sera sans doute au cœur du sommet de Bamako, qui va se dérouler dans un contexte où l’on attend toujours la mise en œuvre effective de l’accord de paix d’Alger, signé il y a un peu plus d’un an entre le gouvernement et les mouvements indépendantistes armés implantés au nord du Mali.

Pour l’instant cette mise en œuvre se heurte à des obstacles matériels et financièrs, selon M. Maïga qui estime que la sécurité est loin d’être acquise en dépit de la baisse des tensions entre les différents protagonistes. La conséquence immédiate : l’administration malienne demeure absente dans plusieurs régions du nord.

A cela s’ajoutent les promesses non encore tenues de la conférence de Paris, tenue en octobre 2016. Durant cette rencontre axée sur la relance économique et le développement du Mali, les partenaires internationaux avaient fait des promesses de financements de plus de 2000 milliards FCFA.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement voit aussi leur tâche rendue ardue par les divergences avec les groupes armés signataires de l’accord. Avec l’extension du conflit vers le centre, où des groupes d’auto-défense ont vu le jour, Bamako voit ses interlocuteurs augmenter passant de huit groupes au moment de la signature de l’accord à dix aujourd’hui.

Selon Matthieu Fau-Nougaret, spécialiste de l’Afrique à l’université de Bordeaux, la question socio-économique constitue le principal pré-requis pour la paix au Nord du Mali
 « Tant qu’il n’y aura pas de véritable projet de développement, à la fois routier, d’électrification, scolaire, sanitaire au nord du Mali (…), les problèmes demeureront », a-t-il jugé dans des propos relayés par l’AFP. 

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