Abdoulaye Wade 85 ans, élu une première fois en 2000 pour succéder à Abdou Diouf, avait été réélu dans des conditions controversées en 2007. En une décennie de pouvoir, il a procédé à maints changements constitutionnels, qui selon les expert a contribué à fragilisé un pays jadis considéré comme exemplaire.
Le projet de loi soumis à l’assemblée prévoyait aussi qu’un candidat pouvait passer au premier tour avec juste 25% des suffrages, ce qui équivaudrait presque à supprimer le second tour, selon les analystes et qui a contribué à irriter les Sénégalais.
Même si le pouvoir semblait être revenu sur cette disposition, dès la matinée et répondant à l’appel de la société civile et des partis d’opposition, des manifestations ont été organisées partout dans le pays, selon plusieurs témoins. A Dakar, des affrontements se poursuivaient encore dans l’après-midi malgré, malgré l’annonce du léger amendement sur le projet de loi qui était encore en discussion au sein de l’assemblée.
Retransmettant les évènements en direct, les télévisions privées montraient des scènes de chaos dans plusieurs endroits du centre ville, avec des véhicules de l’administration incendiés par une population en colère.
Adoptée en conseil des ministres le jeudi 16 juin 2011, la proposition de loi à l’origine des manifestations prévoit que « le président et le vice-président sont élu pour la même durée au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours assortis d’un minimum bloquant de 25 % des suffrages exprimés ».
Dans l’exposé des motifs, le gouvernement justifie sa décision en affirmant que ce système recèlerait beaucoup d’avantages dont « la légitimité populaire qui permet le cas échéant au vice-président la poursuite de la volonté exprimée par le corps électoral ».
Pour plusieurs analystes, cela reviendrait à cautionner la création d’un système de « dévolution monarchique » du pouvoir, que beaucoup soupçonne le président de vouloir instituer en faveur de son fils Karim Wade, et aussi la suppression du second tour…
Cette énième modification de la charte fondamentale à huit mois de l’élection présidentielle de 2012 a soulevé une vive polémique dans le pays, et a été surtout marquée par la désapprobation totale exprimée par la plupart des partis d’opposition, les organisations de la société civile et de la diaspora qui réclament purement sa suppression.
Pour l’opposition cette loi, n’est rien d’autre une tentative pour Abdoulaye Wade de se maintenir au pouvoir, alors même que sa candidature est jugé « illégale » par beaucoup de constitutionalistes. Celle-ci devrait être validée par le Conseil constitutionnel.
Or des frontières sénégalaises également cet ultime tentative d’Abdoulaye Wade a été mal accueillie, aussi bien par la diaspora sénégalaise que par les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
« Le projet de loi instituant un ‘ticket présidentiel’ prévoyant une élection dès le premier tour avec un minimum bloquant de 25% des suffrages exprimés est profondément injuste, irrespectueux et non conforme aux exigences démocratiques du XXIème siècle », a affirmé Karfa Diallo dans une déclaration transmise ce jeudi à Ouestafnews. M. Diallo, Président de la Fondation du Mémorial de la Traite des Noirs, basé en France, a exigé que le projet de loi soit purement et simplement « retiré ».
De son côté, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), a exprimé toute sa « préoccupation » dans un communiqué tout en dénonçant les menaces proférées à l’endroit de ses membres au Sénégal et plus particulièrement la Rencontre africaines pour la défense des droits de l’homme (Raddho, basée à Dakar). D’ailleurs selon les télévisions locales, le président de cette organisation, Alioune Tine, a été grièvement blessé par des nervis proches du pouvoir, durant les manifestations.
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