Ouestafnews – Le nord-est du Sénégal fait face à de nouvelles inondations. Après de fortes pluies sur le haut bassin du fleuve Sénégal, combinées aux lâchers du barrage de Manantali (Mali), une montée rapide des eaux a entraîné des débordements dans la vallée. Les autorités parlent de milliers de personnes touchées.
À Bakel (région de Tambacounda), dans l’est du pays, 3 825 personnes réparties entre 220 familles touchées par les inondations sont sinistrées. A Kanel (Matam), plus au nord, des pistes et des routes sont coupées, isolant plusieurs localités. Ce sont les éléments marquants du communiqué du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, publié le 6 octobre 2025 et lu par Ouestaf News.
Les autorités ont annoncé l’activation d’un dispositif d’assistance avec des vivres, abris, matériel et moyens de sécurité, ainsi qu’un « maintien de la vigilance dans toute la vallée ». Selon le communiqué, les inondations ont touché à la fois des habitations, des exploitations agricoles, des édifices publics et des axes routiers.
Parmi les localités les plus exposées, figurent Ballou, Aroundou, Yaféra, Golmy, Kounghany et Diawara (toutes dans le département de Bakel) où les dégâts sont visibles à l’œil nu, lit-on. Par ailleurs, à Ballou, l’eau et l’électricité sont coupées et des familles ont trouvé refuge dans les écoles, ce qui retarde la rentrée d’environ 5 000 élèves, rapporte la Radio France internationale (RFI).
« On a logé les déplacés dans les écoles, ce qui va pénaliser la rentrée », témoigne le maire de Ballou, Cheikhna Camara cité par RFI. Il a décrit une commune « dans une situation très difficile ».
La crue est consécutive aux fortes précipitations reçues au niveau des stations de Bafing Makana et de Gourbassi et qui ont été accentuées par des lâchers d’eau destinés à sécuriser la retenue du barrage de Manantali. Cela a gonflé le plan d’eau et provoqué des débordements, expliquent les autorités.
Anticipant un niveau proche du seuil maximal d’exploitation du barrage, le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement avait déjà lancé une alerte, le 3 octobre 2025, en appelant l’ensemble des localités riveraines de la vallée à la vigilance.
Face à l’ampleur des dégâts, la réponse des autorités s’est structurée en deux temps. Selon le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, dans un premier mouvement, l’armée, la gendarmerie et les sapeurs-pompiers ont été déployés. Ensuite, un entrepôt à ciel ouvert a été installé pour réceptionner et acheminer l’aide et mille sacs de sable ont été distribués pour ériger des digues de protection.
Pour sécuriser les déplacements, des gilets de sauvetage et des pirogues ont été mis à disposition, et huit tentes ont été montées — cinq à Diawara et trois à Aroundou, annonce le ministère.
Dans un second temps, un convoi de renfort a été acheminé vers Bakel avec des matelas, des tentes supplémentaires, des moustiquaires, des motopompes, et des vivres.
À Kanel, le préfet a distribué des gilets de sauvetage aux piroguiers, préparé des abris dans les bâtiments administratifs et mis en place un dispositif de sapeurs-pompiers.
Au-delà de l’urgence, les autorités rappellent des chantiers structurels. Une digue est annoncée à Yaféra (dans le département de Bakel) comme premier ouvrage d’une série destinée à protéger les zones basses, tandis que la réhabilitation de mares et de marigots à Bakel doit améliorer l’écoulement.
Depuis le début de la saison des pluies, le Sénégal a déjà été touché par d’autres épisodes d’inondations : d’abord au centre (Touba), puis à la mi-août à l’ouest (Dakar). La situation actuelle s’inscrit dans un contexte défavorable qui rappelle la crise de l’année dernière. En 2024, plus de 55 600 personnes avaient été affectées par une crue majeure dans la vallée, avec des dommages agricoles importants et des opérations d’évacuation menées par l’armée le long du fleuve.
Fin septembre, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) a annoncé, la fin de l’hivernage 2025 pour fin octobre mais avec des écarts entre les régions. Cette projection risque de pousser au maintien de la vigilance quelques semaines de plus.
HD/fd
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