Pétrole: le Nigeria perd son brut et son premier rang, la faute aux brutes

0
509

C’est devant les parlementaires du pays que le ministre du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu a fait cet aveu de taille : « les attaques dans le Delta du Niger( région du sud du pays, qui recèle l’essentiel de la richesse pétrolière du Nigeria) ont fait chuté la production d’une moyenne de 2,2 millions de baril/jour nous en sommes aujourd’hui à 1.4 million de barils/jour ».

La déclaration, largement relayée largement relayé par la presse locale a été faite à la tribune du parlement nigérian le 17 mai 2016.

Cette contre-performance signifie que le Nigeria, n’est plus à l’heure actuelle, le principal producteur de brut de l’Afrique. Une place qui revient à l’Angola qui affiche selon diverses sources pas moins de 1,8 million de barils chaque jour, selon une analyse publiée par RBC Capital Commodities, société d’investissement basée au Canada et spécialisé dans le négoce du pétrole.

Déjà confronté à la lancinante question de Boko Haram, le Nigeria doit aussi faire face à une recrudescence des actes des milices armées du Delta du Niger et à leur vieille revendication portant sur un « partage équitable » des revenus du pétrole.

Les accords signés en 2009 et la loi d’amnistie entre le Mouvement d’émancipation des peuples du Delta du Niger (Mend) et le gouvernement d’alors (sous Goodluck Jonathan) laissait pourtant croire que cette question était résolue.

Mais l’actuel président Muhamadu Buhari, qui a placé son mandat sous le signe de la bonne gouvernance, entre autres priorités, est largement revenu sur les concessions surtout financières faites par son prédécesseur à l’endroit du Mend.

Regain de violence dans le Delta

Vaste ensemble géographique le Delta du Niger regroupe neuf Etats de la république fédérale du Nigeria. Plus de 90% de la production de brut provient de cette région, marquée paradoxalement par une grande pauvreté, en plus d’être une catastrophe écologique avec les centaines de marées noires qui y sont répertoriées chaque année.

Le dénuement des habitants de la région, avait conduit au cours des années 2000 à l’éclatement de l’insurrection armée sous la houlette du Mend qui réclamait plus d’équité dans la répartition de la richesse pétrolière.

L’action des insurgés du Mend tournait essentiellement à des actes de sabotage de pipeline et au kidnapping du personnel des multinationales, en poste dans la région.

Il semble que la région soit en train de renouer avec une telle violence, et le gouvernement de Buhari doit faire, avec l’avènement d’un nouveau groupe, nommé « The Niger Delta Avengers » , (NDA) qui ont revendiqué plusieurs attaques de pipelines, se félicitant même sur son site internet d’avoir à l’heure actuelle « bloqué 50% de la production de brut du pays ».

Principale victime des attaques du NDA, la compagnie américaine Chevron a dû fermer un site de production qui assurait 35.000 barils par jour, tandis que l’anglo-néerlandais Shell, a rapatrié une bonne partie de son personnel qui travaillait dans le Delta du Niger.

La recrudescence des attaques dans le Delta, fait aussi écho à une douzaine de mandats d’arrêts lancés contre d’anciens dirigeants du Mend au début de l’année 2016. Une situation qui brise l’accalmie constatée depuis plus de cinq ans.

Beaucoup d’observateurs voit la main des anciens du Mend (devenu un parti politique) derrière les actes revendiqués par le NDA.

Une perte de deux millions de dollars par jour

Selon, le ministre nigérian de l’Energie, Babatunde Fashola, les actes de sabotages constatés sont à l’origine d’un manque à gagner de 2,4 millions de dollars par jour. Ceci intervient dans un contexte dur pour les finances publiques du Nigeria, qui subissent de plein fouet la baisse des prix du baril de pétrole, principale source de revenus du pays.

« Nous avons travaillé dur pour résoudre le problème et reprendre le cours normal de notre production pétrolière », a assuré, le ministre du Pétrole Emmanuel Ibe Kachikwu aux parlementaires sans toutefois préciser les mesures prévues à moyen où à long terme.

Jusqu’ici, le Nigeria était le premier producteur de pétrole brut du continent, l’exploitation commerciale du pétrole dans ce pays a débuté en 1956 et selon la compagnie pétrolière nationale (NNPC, sigle en anglais), les réserves de brut du pays sont estimées à 28,2 milliards de barils.

Actuellement le gouvernement doit faire face à la colère des syndicats, suite à la décision de supprimer les subventions sur le prix de l’essence à la pompe. Car tour gros producteur de brut qu’il est, le Nigeria reste importateur de produits pétroliers raffinés, faute d’infrastructures adéquates pour raffiner sa propre production.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici