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Présidentielle en Côte d’Ivoire : le dilemme de Ouattara

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Ouestafnews – Le décès inattendu de Amadou Gon Coulibaly, dauphin du président Alassane Ouattara et candidat du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) chamboule les choses au niveau du parti présidentiel. Alors que l’après Ouattara semblait bien balisé avec la désignation de Coulibaly, à présent les cartes doivent être rebattues. C’est une course contre la montre qui démarre pour le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui doit trouver une autre porte de sortie, alors que la présidentielle est prévue en octobre 2020 et qu’il avait déjà en mars 2020 annoncé qu’il ne briguerait pas un autre mandat. Va-t-il revenir sur sa promesse ou chercher un successeur à Gon Coulibaly ?

C’est Gon ou rien ! Pas de plan B, ces mots souvent sortis de la bouche des partisans du RHDP ont tristement perdu leur résonance dans l’après-midi du 08 juillet 2020 quand fut annoncée la mort du premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La santé fragile de ce dernier n’était pas un secret. Son retour à Abidjan, le 2 juillet après un séjour médical de deux mois en France, n’a été qu’un soulagement temporaire et de courte durée pour le parti présidentiel. Plus qu’un vide, sa mort est une cassure brusque au cœur de la machine du RHDP.

Le plan B longtemps écarté est aujourd’hui plus qu’une nécessité qui plonge le président Ouattara (78 ans) dans une situation délicate. Ouattara devra adouber un autre dauphin ou faire ce que beaucoup craignent : revenir sur sa promesse de ne pas se représenter.

 Vers un reniement ?

« Alassane Ouattara est en face d’un dilemme », souligne le journaliste et analyste politique ivoirien André Silver-Konan, joint au téléphone par Ouestaf News.

A l’heure actuelle, les deux options les plus fréquemment évoquées sont la candidature de Ouattara himself ou le recours à un autre dauphin. Deux noms reviennent avec insistance : celui d’Ahmed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur et de Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence.

« Si Ouattara se représente, cela peut être risqué pour lui, car il a construit toute sa carrière politique sur le respect de ses engagements », estime André Silver-Konan soulignant que sa candidature « violerait d’une part ses propres convictions et d’autre part (elle) va davantage fédérer ses adversaires autour du candidat Henri Konan Bédié ».

Lors de son discours « historique » devant le congrès le 5 mars 2020 à Yamoussoukro, le président Ouattara a annoncé son choix de ne pas se représenter à la présidentielle du 31 octobre prochain.

« Je vous annonce que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », avait-il notamment déclaré devant les parlementaires à Yamoussoukro.

Toutefois dans les analyses issues des médias locaux et même internationaux, la tendance qui se dégage depuis plusieurs jours est qu’ADO aurait décidé de se présenter.

Dans sa livraison du 15 juillet 2020 consulté par Ouestaf News, le journal Africa Intelligence basé à Paris, se montre catégorique en annonçant que le président Ouattara « vient d’informer son premier cercle de sa volonté d’être candidat à sa propre succession ».

Joutes entre ex-alliés

Une candidature d’Alassane Ouattara combinée à celle d’Henri Konan Bédié (86 ans et ancien chef de l’Etat et ex-allié de Ouattara) qui a déjà été investi candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) va certainement réduire la présidentielle à un combat de « vieux routiers ».

Autre argument souvent évoqué et qui ne milite pas en faveur d’ADO s’il décide d’être candidat, c’est l’absence d’alliés. Préparant le terrain de la conservation du pouvoir par le RHDP, Alassane Ouattara s’est débarrassé des alliés notamment le PDCI et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro.

Ce dernier a vu ses ambitions présidentielles ruinées par une décision de Justice rendu en son absence, le 28 avril 2020 par le tribunal correctionnel d’Abidjan, le condamnant à 20 ans de prison ferme et à payer une amende de 4,5 milliards de FCFA pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux ».

Guillaume Soro actuellement en exil en France a qualifié de « manœuvre politique » sa condamnation, il manquera tout bonnement cette présidentielle tout comme un certain Laurent Gbagbo, l’ancien chef d’Etat (2000-2011), en liberté conditionnelle en dépit de son acquittement prononcé en première instance en janvier 2019 par la Cour pénale Internationale (CPI). M. Gbagbo était accusé de crimes contre l’humanité commis durant la crise post-électorale de 2010.

L’éventualité de voir Ouattara entrer en lice a aussi relancé le débat sur la légalité de sa candidature après deux quinquennats à la tête de la Côte d’Ivoire. Suite au référendum constitutionnel de 2016 remporté par le Oui à 93,42%, les partisans d’Alassane Ouattara ont parlé de nouveau départ et qu’ADO a bel et bien le droit de représenter en 2020.

Alors que toute la Côte d’Ivoire est suspendue à ses lèvres et qu’une frange de l’opinion s’attend à ce qu’il annonce sa candidature, Alassane Dramane Ouattara pourrait aussi dribbler tout le monde, de l’avis d’André Silver Konan et proposer un candidat inattendu.

Le président sortant Alassane Ouattara est au pouvoir depuis la présidentielle de 2010 qui avait débouché sur une violente crise post-électorale causant la mort de 3000 personnes selon un bilan officiel. Il est réélu en 2015 lors d’un scrutin boycotté par le Front Patriotique Ivoirien de Laurent Gbagbo.

MN/on


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