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Référendum en Côte d’Ivoire : Ouattara face au front du refus

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Last Updated on 20/10/2016 by Ouestafnews

Regroupés au sein d’« un front du refus », l’opposition a vu sa manifestation de ce jeudi 20 octobre 2016, dispersé par les forces de l’ordre et selon les médias locaux des leaders comme Mamadou Koulibaly ont été interpellé par la police.

En prélude à cette manifestation, Abou Dramane Sangaré justifiait la levée de bouclier de l’opposition par l’existence d’une menace qui pèse sur la démocratie et l’unité des ivoiriens.

« Notre démocratie est menacée, notre cohésion nationale déjà fragilisée risque de voler en éclats avec cette tentative de Monsieur Ouattara de réécrire l’histoire de la Côte d’Ivoire et de penser notre futur à notre place et par la force », a soutenu M. Sangaré dans une déclaration, datée du 17 octobre 2016.

Du début à la fin du processus qui a mené à l’approbation du texte par l’Assemblée nationale, où le président Ouattara s’est rendu pour défendre son projet, le manque de consensus est resté criard.

Chez les opposants à ce projet on reproche surtout au président Ouattara d’avoir fait cavalier seul dans cette réforme constitutionnelle.

En septembre, Pascal Affi Ngessan et ses alliés, préconisaient d’abord la tenue d’une « commission constitutionnelle » regroupant tous les acteurs de la classe politique et qui devrait déterminer de l’opportunité de changer de charte fondamentale.

La cohésion nationale en jeu

De 2002 à 2011, la Côte d’Ivoire a connu une grande crise politico-militaire, marquée par la partition du pays, avec le nord contrôlé par une « rébellion » armée. S’en était suivie une crise post-électorale qui a causé entre novembre 2010 et avril 2011, la mort de 3000 personnes.

Nombreux sont ceux qui pensent que cette sombre page n’est encore tournée qu’à moitié et qu’un travail de fond doit être fait pour parvenir à l’unité des Ivoiriens.

« La cohésion de la société ivoirienne sur la moyenne et la longue durée est un impératif encore plus vital », estime le Dr Gilles Yabi, analyste politique et économique, fondateur de Wathi (un think tank ouest africain). Une cohésion qui, selon lui, dépendra avant tout de la préservation de la paix, de la stabilité politique, de la qualité des gouvernants actuels et futurs et de la consolidation d’institutions dédiées à la protection de l’intérêt général.

« Le processus qui a abouti à l’avant-projet de constitution soumis au vote de l’Assemblée nationale, puis promis à un référendum le 30 octobre 2016, pourrait bien être la plus grande erreur de la présidence Ouattara », a-t-il aussi estimé dans une note transmis à Ouestafnews.

Pour l’opposition qui aussi reçu le soutien de l’écrivain Bernard Dadié, le « coup de force » de Ouattara se passe aussi dans un contexte où la réconciliation nationale n’est pas encore achevée.

« La fracture sociale ne cesse de grandir, la réconciliation nationale est en panne sèche par manque de volonté politique ; des centaines de prisonniers politiques croupissent encore dans les prisons de Côte d’Ivoire tandis que des milliers de citoyens sont contraints à l’exil », lit-on dans la déclaration du « Front du refus » parvenu à Ouestafnews.

Innovations polémiques

Prenant le contrepied de ses détracteurs, le président Ouattara revendique le fondement unitaire de cette nouvelle constitution.

Notre objectif principal est de donner à notre pays un acte constitutionnel plus moderne qui renforce les droits et devoir de tous les citoyens (…) l’enjeu va au-delà de nos sensibilités politiques, de nos ethnies, de nos régions d’origines », a-t-il défendu lors d’un discours devant l’Assemblée nationale début octobre 2016.

Au-delà du processus ayant conduit à l’adoption du texte, le contenu aussi pose problème pour certains.

La nouvelle constitution, se signale par la création d’un poste de vice-président, de nouvelles conditions d’éligibilité du président de la république et la création d’un Sénat.

En proposant de supprimer l’âge plafond de 75 ans, fixé par la constitution de 2000 pour le candidat, et la mise en place d’un poste de vice-président, le président Ouattara (ayant obtenu un second et dernier mandat en 2015) selon ses opposants n’a d’autres but que de préparer sa succession que d’aucuns annoncent chaotique vu la rivalité sourde entre deux potentiels héritiers que sont Guillaume Soro et Ahmed Bakayoko.

« La création de la fonction de vice-président vise clairement à clarifier la succession du président en cas de vacance ou plus exactement à s’assurer qu’une personnalité proche du président, choisie par ce dernier et élu en même temps que lui, soit prêt à assumer la succession en cas de nécessité », selon Dr Yabi. Ce dernier, déplore aussi, la « non-réforme » du Conseil constitutionnel.

« Compte tenu du rôle que le Conseil constitutionnel a joué à deux moments clés de l’histoire politique du pays – en 2000 et en 2010 -, en validant des choix politiques dangereux des gouvernants par des arguments juridiques fallacieux, on pouvait s’attendre à des propositions de révision visant à restaurer la crédibilité ternie de la plus haute juridiction constitutionnelle», selon le chercheur.

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