Last Updated on 28/06/2016 by Ouestafnews
Le message interne destiné aux forces de l’ordre qui a « fuité », selon les médias locaux, faisait état d’une nouvelle « menace terroriste ».
Suite à cet évènement, le gouvernement béninois annonçait une réduction sensible (200 hommes au lieu des 800 promis) de ses effectifs dans la Force multinationale mixte (FMM) qui est en train d’être mise en place par les pays du bassin du lac Tchad (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun) pour lutter contre la secte extrémiste Boko Haram, autre source de grande insécurité dans la sous région, voire au-delà .
Ryan Cummings, expert en sécurité, écarte toutefois la probabilité d’une attaque d’Aqmi contre le Bénin très « éloigné », selon lui des frontières du Mali, la zone opérationnelle de ce groupe armé dirigé par l’Algérien, Mokhtar Belmokhtar
« A part le fait que le Bénin est une ancienne colonie française, il n’y a rien, dans la politique nationale et internationale du pays, qui semble pouvoir justifier une attaque d’Aqmi », estime-t-il dans des propos relayés par l’AFP.
En Afrique de l’ouest, prévaut une forte mobilité due à la libre circulation des personnes et des biens, le terrorisme est un des plus grands défis de l’heure.
Avant le Bénin, la même psychose s’était emparée du Ghana où un rapport de la National Security Council (service de renseignements ghanéen) obtenu par des médias locaux souligne que la « réalité » d’une éventuelle attaque terroriste, non seulement au Ghana mais aussi chez le voisin togolais.
« Aqmi et le groupe Al Mourabitoune représentent une menace pour la sécurité régionale », selon William Assanvo, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité (ISS).
« Le Ghana et le Togo par exemple peuvent être des cibles potentielles, mais certains pays peuvent être plus sous la menace que d’autres. Et de ce point de vue, je pense que le Sénégal ou le Ghana seraient pour un groupe comme Aqmi des cibles naturelles plus que le Togo », estime le chercheur dans un entretien téléphonique avec Ouestafnews.
Après avoir revendiqué les attentats de Ouagadougou (30 morts) en janvier 2016 et de Grand-Bassam (16 morts) en mars 2016, Aqmi, le groupe armé issu de l’ex-GSPC algérien, est considérée comme étant derrière les menaces les plus sérieuses qui planent sur les pays ouest africains, qui pour beaucoup n’ont jusqu’ici jamais fait l’expérience de cette forme de violence extrémiste. En février 2016, le Togo avait reçu des menaces d’attentats provenant d’un groupe jusqu’ici inconnu, Ansar Al Nour, poussant une partie de l’opinion à parler de canular.
La nébuleuse des groupes armés
Dans une analyse publiée fin mai 2016 et consultée par Ouestafnews, le cabinet Protection Group International (PGI, basé à Londres) estime que de son côté que le Sénégal est une « cible potentielle » à cause du rôle important qu’il joue dans la Minusma (Mission des Nations unies au Mali). Après l’attaque de Ouagadougou, deux pays figuraient dans le viseur de d’Aqmi, le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui a finalement été touchée malgré l’avertissement des services secrets français.
Selon l’analyse de PGI, la nébuleuse des groupes armés plus particulièrement Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) adopte désormais une « stratégie globale », tendant à toucher toute la région. Ce qui, selon PGI explique que des pays non compris dans l’espace sahélo-saharien soient désormais ciblés.
« La menace peut aussi s’exprimer d’une autre manière » selon William Assanvo pour qui « le fait d’avoir au sein de ces pays-là des individus qui n’auraient pas de liens avec Aqmi mais qui adhéraient à leurs idées » peut constituer un risque.
En janvier 2016, déjà, le gouvernement ghanéen annonçait que le groupe « Etat islamique » comptait dans ses rangs des combattants de nationalité ghanéenne, présents en Libye. C’est aussi le cas pour beaucoup de pays de la sous-région, dont notamment le Sénégal qui compte selon diverses sources, des nationaux dans les rangs de l’Etat islamique.
Au lendemain des attentats de Grand-Bassam, des responsables d’Aqmi se sont félicités du fait qu’ils n’ont pas eu à envoyer des soldats depuis le Maghreb pour mener leurs opérations en Afrique de l’ouest et que des jeunes recrutés localement s’en chargent.
Ces différentes analyses et rapports sur les menaces sécuritaires dans la sous région, ajoutés aux attaques de Ouagadougou et de Grand-Bassam, ont eu comme effet d’installer dans plusieurs capitales ouest africaines par un renforcement des dispositifs d sécurité, souvent dans les hôtels et autres lieux principalement fréquentés par les touristes
Lors d’un sommet extraordinaire, tenu à Dakar, le 05 juin 2016, les dirigeants de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa, 8 pays) ont adopté une déclaration sur la paix et la sécurité comprenant la proposition d’une force multinationale pour faire face au terrorisme.
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