Ouestafnews – En Afrique occidentale, les gouvernements procèdent progressivement à la levée où à l’allégement de certaines mesures prises pour lutter contre la propagation du Covid-19. En plus de leur impact sur le quotidien des populations, dans une région où prédomine l’économie de la débrouillardise et de l’informel, ces mesures restrictives posent la question de leur efficacité. Les confinements et autres mesures restrictives, si elles ont réduit ou ralenti la progression du virus, ne l’ont pas véritablement stoppé.
Niger, assouplissement controversé
« Le gouvernement, sur proposition des chefs religieux, après consultation du comité d’experts Covid-19 et au vu de la tendance favorable de l’évolution de la pandémie, décide de la réouverture des lieux de culte à compter du mercredi 13 mai 2020 » : c’est en ces termes qu’un communiqué du gouvernement, en date du 12 mai 2020, a annoncé l’allègement des premières mesures qui avaient décidé de la fermeture des lieux de culte.
La décision a été accompagnée par une levée du couvre-feu en vigueur dans la capitale Niamey.
Toutefois, le gouvernement prévient qu’en « cas de détérioration de la situation en lien avec la réouverture des lieux de culte », la décision sera « reconsidérée ».
Ces mesures pour stopper la progression du virus, avaient été prises le 20 mars 2020.
D’autres mesures ont été annoncée dans la foulée par les autorités, notamment la réouverture des établissements d’enseignement, à partir du 1er juin prochain, avec cependant une précision de taille, « si la tendance à la baisse observée se maintient ».
Au lendemain de la décision de fermer des mosquées, des tensions avaient été notée. De violentes manifestations avaient eu lieu dans plusieurs localités pour dénoncer ces mesures, considérées contraire à la doctrine islamique.
Le Niger, qui a enregistré son premier cas au coronavirus le 19 mars, compte à la date du 13 mai, 854 cas confirmés, dont 648 guéris et 47 décès, selon le Centre africain de contrôle et prévention des maladies (CDC Afrique).
Au Sénégal aussi
Depuis son premier cas enregistré le 2 mars, le Sénégal compte à la date du 13 mai 2020, 2105 cas confirmés, dont 782 guéris et 21 décès, selon un communiqué du ministère sénégalais de la Santé et de l’action sociale.
Et pourtant, le 11 mai, le président sénégalais, Macky Sall a annoncé un allégement des conditions de l’état d’urgence pour limiter la propagation du Covid-19.
«J’ai décidé de l’assouplissement des conditions de l’état d’urgence comme suit : à compter du mardi 12 mai 2020, les horaires du couvre-feu seront de 21 heures à cinq heures, au lieu de 20 heures à six heures », a affirmé le président Sall, lors d’un discours à la nation.
A cette mesure, s’ajoute la réouverture des lieux de cultes (églises, mosquées, etc.) et également l’annonce d’une reprise des cours le 2 juin pour les classes d’examens.
Et il a été également décidé la réouverture des marchés hebdomadaires, communément appelés « Loumas » mais « dans la limité de chaque département », précise Macky Sall.
Ces mesures sont perçues pour certains comme une reculade du président sénégalais qui aurait cédé à la pression des religieux, notamment le Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cuis), regroupant l’ensemble des familles religieuses, qui avait demandé la réouverture des mosquées et le réaménagement des horaires du couvre-feu.
Le 23 mars 2020, le président sénégalais avait décidé de mettre en place l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 20 heures à 06 heures et d’une limitation du transport interurbain. Trois jours auparavant, il avait été décidé la fermeture de toutes les mosquées de la région de Dakar.
Burkina : un déconfinement total
Début mai 2020, le Burkina Faso a annoncé des dispositions allant vers un allégement des restrictions des libertés dans la lutte contre le Covid-19.
Par un décret daté du 4 mai 2020, le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a suspendu la mise ne quarantaine des villes touchées par le Covid-19.
« La mise en quarantaine des villes du Burkina Faso ayant au moins un cas positif de Covid-19 est suspendue à compter du 4 mai 2020 à 24 heures sur toute l’étendue du territoire national », précise le décret du chef de l’Etat. Les autorités burkinabè ont également autorisé la réouverture des marchés et des mosquées qui avaient été fermés pour freiner la propagation de la maladie à coronavirus.
Le gouvernement burkinabè avait procédé le 25 mars, à la fermeture des marchés et restaurants dans la capitale, Ouagadougou, pour freiner la propagation du Covid-19.
Le 27 avril, des centaines de commerçants burkinabè avaient manifesté dans la capitale pour une réouverture de tous les marchés fermés. Le 20 avril, le gouvernement a procédé à la réouverture du grand marché de Ouagadougou, puis celui de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays.
« Les commerçants ont tenté de passer outre l’interdiction gouvernementale pour aller ouvrir les dits marchés », indique le quotidien Aujourd’hui au Faso (privé) avant de préciser que « les raisons de cette levée de boucliers est qu’il n’est pas juste de rouvrir le grand marché Rood-Woko de Ouagadougou et de laisser fermer les autres ».
Le Burkina Faso, à la date du 13 mai, compte 766 cas confirmés au Covid-19, dont 588 guéris et 51 décès, selon un bilan quotidien du Centre africain de contrôle et prévention des maladies (CDC Afrique).
«Le président du Faso a décidé d’alléger les mesures relatives à la restriction des libertés pour permettre au système économique de rebondir », a indiqué le Premier ministre Christophe Dabiré, par ailleurs président du Comité national de gestion de la crise de la pandémie du Covid-19 (CNGCP-Covid-19), cité par le site LeFaso.net.
Bénin : écoles ouvertes, les lieux de cultes toujours fermés
Depuis le 11 mai 2020, tous les établissements scolaires béninois ont ouvert leurs portes à l’exception des écoles maternelles et des universités, avec obligation du port du masque pour les élèves et une imposition d’une distanciation d’un mètre.
« Le conseil a décidé de la reprise des cours pour les écoliers du Cours moyens 2ème année (CM2), les élèves des collèges et lycées et les étudiants, pour compter du 11 mai 2020, dans la perspective de la tenue des examens de fin d’année notamment », précise un communiqué d’un conseil des ministres du gouvernement béninois, daté du 06 mai 2020.
Le communiqué indique toutefois que « les amphithéâtres restent fermés et les cours seront dispensés en ligne via une plateforme dédiée à cette fin ».
Fin mars, les étudiants béninois, notamment ceux de l’Université d’Abomey-Calvi, avaient manifesté pour réclamer la fermeture de leur établissement et de toutes les écoles, et des lieux de cultes, manifestation qui avait enregistré un décès.
A la date du 13 mai 2020, le Bénin compte 327 cas confirmés, dont 76 guéris et deux décès, selon un bilan quotidien du Centre africain de contrôle et prévention des maladies (CDC Afrique).
Malgré ces mesures, le gouvernement béninois a maintenu fermé les lieux de culte.
« Si les lieux tenus pour essentiel tels que les marchés, les hôpitaux, les supermarchés (…) restent ouverts, est-ce parce que les lieux de prières sont moins essentiels qu’ils doivent fonctionner sans un service minimum ? », se demande le père Denis Joël Houenou, prêtre du Diocèse de Porto-Novo, cité par Africa.la-croix.com.
Toutefois, le 8 mai, la Conférence épiscopale béninoise a invité les fidèles chrétiens à « la patience et à la sérénité quant à la réouverture des églises qui se fait attendre »
ON/mn
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.