M. Boulware, qui a été reçu par le président sénégalais, Macky Sall le mardi 04 février 2014, a indiqué que sa nomination entre dans le cadre de l’intérêt manifesté par son pays pour aider le gouvernement sénégalais dans la recherche de la paix en Casamance.
Depuis son éclatement en 1982, le Sénégal a toujours refusé une « internationalisation », du conflit casamançais, rejetant ainsi toute implication dans la gestion de la crise de nations ou forces « étrangères », à l’exception notable des deux « petits » pays limitrophes, que sont la Gambie et la Guinée Bissau.
Ces deux pays ont eu dans le passé, soit à accueillir des négociations soit à servir de médiateur entre le gouvernement sénégalais et le Mouvement démocratique des forces de Casamance (MFDC, séparatiste) qui réclame l’indépendance de cette partie méridionale du Sénégal.
L’arrivée du président Macky Sall au pouvoir a marqué une rupture dans cette approche. Toutefois, l’implication américaine dans le conflit, laisse sceptique chez les principaux acteurs ainsi que chez certains analystes.
« J’aurais tant aimé que les USA y parviennent, mais je crains qu’ils n’en aient ni la culture, ni le recul historique et politique nécessaires », a déclaré à dans un mail à Ouestafnews, François Biagui, secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Observateur du dossier, l’historien Nouha Cissé, regrettait dans un entretien publié sur le site diaspora.fr le manque de « présence sur le terrain » du précédent conseiller spécial, ce qui l’empêchait de toucher la complexité du problème.
Toujours est-il qu’avec ces nominations, le conflit casamançais, un des plus vieux en Afrique de l’ouest, est désormais sur l’agenda de la « communauté internationale ».
Au-delà de l’engagement diplomatique américain, on constate également une présence active du Vatican qui entend imprimer une « dimension morale et religieuse » aux négociations de paix.
Luis Mariano Montemayor, ambassadeur du Vatican à Dakar, multiplie à cet effet des tournées dites « Caravanes de la paix » en Casamance dont le dernier en date eu lieu entre décembre 2013 et janvier 2014.
A travers ces tournées en Casamance, il s’agit de « stimuler la communauté chrétienne d’une part mais aussi toute la population à s’engager dans un processus de vérité de pardon et de réconciliation », a-t-il indiqué à la télévision sénégalaise (RTS), au sortir d’un entretien avec le président Sall, le 04 février 2014.
Aujourd’hui la Casamance est, selon l’expression de quelques observateurs dans une situation de « ni guerre ni paix », mais encore loin du retour définitif de la paix, en raison des divisions qui minent le MDFC, subdivisé plusieurs factions au gré des intérêts de ses dirigeants.
En 2012, le gouvernement sénégalais, avait répondu favorablement à l’offre de dialogue faite par Salif Sadio, chef d’un des fronts de la branche armée du mouvement séparatiste.
Cette tentative de rapprochement menée sous la médiation de la Communauté Sant’Egidio, une organisation catholique basée à Rome, n’a encore rien donnée de concret.
Longtemps garanti par un texte de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA, devenue Union africaine), le principe de « l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation », est désormais remise en question, devenant un grand sujet de préoccupation dans les chancelleries africaines.
Les précédents érythréens et soudanais, affolent les autorités gouvernementales et les mouvements séparatistes y trouvent une légitimation de leur combat.
Ainsi L’Ethiopie a été obligée de se séparer de l’Erythrée en 1993 et le Sud-Soudan a été séparée du Soudan en 2011, avec la bénédiction des Américains.
Au Mali, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) revendique l’indépendance de la partie nord du pays et la récente crise en république centrafricaine a fait naître chez certains l’idée d’une partition du pays entre un « nord musulman » et un « sud chrétien » !
Des pays comme le Maroc ou l’Angola font face depuis des décennies à des mouvements séparatistes, respectivement au Sahara occidental et dans l’enclave de Cabinda.
Récemment un mouvement avec des velléités séparatistes est également apparu au Kenya, dans la province côtière de Mombasa, sans compter les nombreux mouvements insurrectionnels dans la république démocratique du Congo, qui par moments ont également des penchants séparatistes.
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