Ouestafnews – Le Mali a un nouveau gouvernement dont la composition a été annoncée dans l’après-midi du jeudi 21 novembre 2024. Plus tôt dans la matinée, un nouveau Premier ministre, le général de Division Abdoulaye
Maïga, avait été nommé en remplacement de Choguel Maïga limogé la veille.
Le nouveau gouvernement est composé de 28 membres y compris le Premier ministre. Il compte cinq militaires au total qui occupent, en plus du poste de Premier ministre, les portefeuilles de la Défense ; de la Sécurité et de la Protection civile ; de la Réconciliation et de la Paix ainsi que celui de la Santé et du Développement social. Cinq femmes sont présentes dans l’équipe. Parmi elles, une militaire, le médecin colonelle, Assa Badiallo Touré qui hérite du département de la Santé.
La nomination du nouveau Premier ministre a été annoncée en direct à la télévision nationale. Cette nomination intervient au lendemain du limogeage de Choguel Maïga par le président de la transition malienne, Assimi Goïta.
Le nouveau chef du gouvernement malien était jusqu’ici ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, faisant de lui une des figures les plus médiatiques du pouvoir militaire. Il est passé du grade de colonel à celui de général de division suite à une décision du Conseil des ministre le 16 octobre 2024. Il avait été promu en même temps qu’Assimi Goïta et plusieurs autres officiers, tous devenus des généraux.
Homme de confiance du président de la transition, le général de Division Abdoulaye Maïga, 43 ans, a déjà été chef du gouvernement dans un passé récent. C’était lorsqu’il assurait l’intérim à la Primature, entre août et décembre 2022, alors que son prédécesseur Choguel Maïga avaient des problèmes de santé.
Le général de division Abdoulaye Maïga ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de s’adresser aux pays occidentaux. On se rappelle encore son discours violent contre ces pays à l’Assemblée générale des Nations unies, le 24 septembre 2024. Il y dénonçait notamment les ingérences extérieures sous couvert d’assistance. Des actes qui pour lui, expliquent la déstabilisation de son pays.
Le Mali vit sous un régime militaire depuis le putsch du 18 août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les groupes d’officiers, meneurs du coup d’Etat, entendaient mettre fin notamment à la corruption et à la mauvaise gestion de la crise sécuritaire liée aux attaques terroristes.
Des bisbilles entre militaires putschistes avaient conduit à un « second coup d’État », lorsque le général Assimi Goïta, non satisfait de l’équipe mise en place après le premier putsch d’août 2020, a décidé de destituer l’éphémère président de transition Bah N’Daw et son Premier ministre d’alors Moctar Ouane.
Le nouveau Premier ministre malien remplace Choguel Maïga, débarqué la veille. M. Maïga occupait ce poste depuis juin 2021. Le gouvernement n’a pas expliqué les raisons du limogeage du Premier ministre éconduit. Cependant, les observateurs avaient senti la chose venir lorsque Choguel Maïga a tenu des propos critiques contre la transition.
Il avait accusé les militaires de ne pas l’avoir impliqué dans leur décision de reporter « sine die » les élections devant marquer le retour à l’ordre constitutionnel. M. Maïga a déploré une démarche « unilatérale », prise « sans débat au sein du gouvernement ».
Alors que la transition était censée prendre fin le 26 mars 2024, « c’est à la télé que les ministres ont appris que les élections ont été reportées », avait fustigé l’ancien Premier ministre.
Mais ces critiques n’ont fait qu’aggraver des tensions qui existaient déjà entre lui et les autorités militaires au pouvoir. Certains partisans du pouvoir militaire avaient d’ailleurs appelé dans le passé à son limogeage.
Les propos à l’origine de sa destitution ont été tenus le samedi 16 novembre 2024 lors d’un meeting avec les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Le M5-RFP est un mouvement politique créé en 2020 en opposition au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali de 2013 jusqu’à son renversement par les militaires en août 2020. Le désormais ex-chef du gouvernement, Choguel Maïga est membre du Comité stratégique de ce mouvement.
Avant d’être nommé par le président Assimi Goïta, il a été plusieurs fois ministre et trois fois candidat à la présidentielle (2002, 2013 et 2018).
En plus de vivre sous un régime militaire, le Mali subit une crise sécuritaire depuis plus d’une décennie. A leur arrivée au pouvoir, les militaires avaient promis de mettre fin à la période de transition en mars 2024, mais un « dialogue inter-Maliens » organisé par le pouvoir avait proposé sa prorogation.
Les partisans de la prolongation avancent comme principal argument la persistance de la menace terroriste et séparatiste qui déstabilise le nord et le centre du pays depuis 2012.
IB/ts
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