Ouestafnews – Au Mali, la dissolution des partis politiques par les autorités de transition suscite une vive inquiétude de la part du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme. Dans un communiqué publié le 16 mai 2025 et consulté par Ouestaf News, l’instance onusienne alerte sur un possible « désastre » pour les libertés publiques et dénonce une répression croissante des voix dissidentes.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme, Volker Türk, a réagi fermement à cette décision de dissolution des partis politiques au Mali. « Le président de la transition doit abroger ce décret draconien », a-t-il dénoncé dans le communiqué. Selon lui, « toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière de droits humains ».
Le 13 mai 2025, le président malien de la transition, le général Assimi Goïta, a signé un décret mettant fin à l’existence de toutes les formations politiques et organisations à caractère politique dans son pays. Une décision qui renforce le régime militaire au pouvoir depuis 2021.
Cette mesure radicale du gouvernement malien fait suite à l’abrogation, la veille, par le Conseil national de Transition (CNT, faisant office de Parlement), de la loi encadrant la vie des partis. Le CNT, composé majoritairement de personnalités nommées par le régime militaire, a ainsi supprimé la Charte des partis politiques, privant ces formations de leur cadre juridique d’existence.
Dans le sillage de ce décret, au moins trois membres de l’opposition ont été arrêtés à Bamako à la suite de manifestations dénonçant la mesure, informe le Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme. « Leurs proches sont sans nouvelles d’eux et leur lieu de détention demeure inconnu », ajoute le communiqué de l’instance onusienne, en dénonçant « une série de disparitions forcées » qui s’inscrit dans un « schéma répressif » observé depuis 2021.
Volker Türk a exhorté « les autorités de transition à libérer les personnes arrêtées pour des motifs politiques et à rétablir pleinement les droits politiques » au Mali. Il appelle également les dirigeants à garantir les libertés fondamentales, notamment celles d’expression, de réunion pacifique et d’association.
La dissolution des partis marque une nouvelle étape dans le durcissement du régime militaire en place, dénonce le Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme. Si certaines figures proches de la transition justifient la mesure par la volonté de « refonder » le système politique malien, d’autres y voient un pas de plus vers un pouvoir autoritaire.
Quant à la société civile malienne, « fragilisée », elle peine à se faire entendre dans un contexte où les manifestations sont interdites et les médias soumis à une forte pression.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme appelle les autorités à ne pas prolonger indéfiniment la transition et à publier sans délai un calendrier électoral clair, conformément aux engagements pris par le président Goïta en novembre 2024, lors d’un Conseil des ministres.
Cette crise politique survient dans un climat sécuritaire toujours plus préoccupant au Mali avec les menaces terroristes et séparatistes.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, depuis le retrait en décembre 2023 de la mission de l’ONU qui était déployée dans le pays (la Minusma), les violences ont explosé, les violations des droits humains ayant bondi de 120 % entre 2023 et 2024.
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