28.5 C
Dakar

Une information fiable et indépendante sur les questions qui traversent l'Afrique.

Nigeria – Insécurité : Tinubu entre deux feux

À LIRE

spot_img

Ouestafnews – Dans un communiqué publié le 19 novembre 2025, le chef de l’État nigérian dit avoir « le cœur brisé » après l’attaque visant l’internat de Maga et la perte d’officiers « tombés au service de la patrie ». Il s’inquiète de la situation sécuritaire dans « certaines régions du pays ». Ces événements interviennent alors que les États-Unis ont récemment dénoncé une insécurité persistante contre les chrétiens dans le pays.

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a condamné l’enlèvement de plusieurs jeunes filles dans l’État de Kebbi, dans le nord-ouest du pays, et la mort d’un brigadier général avec plusieurs soldats à Borno. Deux événements que M. Tinubu qualifie de « tragédies insupportables ». Il assure avoir donné instruction aux forces de sécurité de « réagir rapidement », promettant de ramener les écolières saines et sauves et de poursuivre les responsables.

Selon la police locale, vingt-cinq lycéennes ont été enlevées dans la nuit du 16 au 17 novembre à l’école secondaire publique pour filles de Maga, dans le district de Danko.

La police décrit un assaut mené par un groupe de « bandits » lourdement armés, avant de préciser qu’une opération combinant policiers, militaires et volontaires civils a été déployée pour ratisser les itinéraires empruntés et explorer la forêt voisine. L’État de Kebbi est régulièrement ciblé par des bandes criminelles qui opèrent dans cette zone, à la frontière avec le Niger.

Dans le nord-est du pays, dans l’État de Borno, la mort du général Musa Uba, tué avec d’autres soldats lors d’une attaque, a renforcé l’inquiétude sécuritaire. L’attaque a été revendiquée par l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).

Tinubu a rendu hommage à un « héros tombé en service », et confirmé être pleinement informé de la montée de l’extrémisme violent dans plusieurs régions du pays.

Dans son communiqué, le président a insisté sur la nécessité d’une coopération plus étroite entre les citoyens et les forces de sécurité, rappelant que « le partage d’informations peut sauver des vies et protéger nos enfants ».

Au Nigeria, le terrorisme reste l’un des principaux défis sécuritaires. Depuis l’insurrection de Boko Haram en 2009, le pays est devenu un terrain d’action pour plusieurs groupes armés, dont l’Iswap, affilié à l’État Islamique et Ansaru (Jama’atu Ansaril Muslimina fi Biladis Sudan), affilié à Al-Qaïda.

Un rapport du département d’État américain, Country Reports on Terrorism 2023, publié fin 2024, souligne que ces organisations continuent de cibler à la fois les civils, les forces de sécurité et les infrastructures essentielles, perpétuant un climat d’instabilité chronique dans le Nord et le Centre du pays.

Les deux attaques surviennent dans un contexte d’insécurité persistante. Plus de onze ans après l’enlèvement des 276 lycéennes de Chibok par Boko Haram, les écoles du Nord et du Nord-ouest restent des cibles privilégiées.

De nombreux enlèvements de masse ont été enregistrés ces dernières années, allant du Federal Government College de Yauri (nord-ouest, dans l’État de Kebbi) en juin 2021 aux attaques à Kuriga (nord-ouest, dans l’État de Kaduna) en mars 2024.

Tensions diplomatiques

La situation sécuritaire du Nigeria a également entraîné des tensions diplomatiques. Les États-Unis dénoncent depuis quelques semaines des « violences contre les chrétiens », lors des attaques persistantes. Le président américain Donald Trump a même menacé le Nigéria de mener des attaques militaires sur son sol pour venir au secours de la communauté chrétienne.

Les autorités nigérianes rejettent ces accusations qu’elles qualifient de « représentations inexactes ». Le 2 novembre 2025, le président Tinubu s’est insurgé contre de pareilles accusations du président américain, Donald Trump, rappelant que la Constitution du Nigeria garantit la liberté religieuse à tous. Il a ajouté que l’insécurité touche « toutes les confessions et toutes les régions ».

Au-delà du débat diplomatique, la réalité sur le terrain demeure préoccupante. Dans les régions du Nord, Boko Haram et Iswap continuent d’étendre leur influence.

Pour Tinubu, l’heure est à la mobilisation nationale. Il réaffirme que le gouvernement intensifiera ses efforts pour protéger les écoles, renforcer le renseignement communautaire et poursuivre les groupes armés.

HD/fd


Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.

Articles connexes

spot_img

Actus