Ouestafnews – Ce dimanche 11 avril 2021, près de cinq millions de Béninois sont attendus devant les urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. L’opposition quasi absente au scrutin, estime que les dés sont déjà jetés pour le président sortant Patrice Talon. Quelques analyses craignent des lendemains de scrutin incertains.
La situation restait tendue à la veille du scrutin. Au moins une personne a perdu la vie lors d’une manifestation dispersée par l’armée à Save, dans le centre, le 8 avril, 2021, rapportent les médias locaux.
La dernière semaine de la campagne électorale a été marquée par des manifestations dans le nord et le centre du pays.
« La crise post-électorale est déjà là », déplore le président de la Civic Academy for Africa’s Future (CiAAF) au Bénin, Expédit Ologou, dans un entretien téléphonique avec Ouestaf News.
Selon cet analyste, la crise électorale de 2021 n’est qu’un « épisode supplémentaire de la crise ouverte depuis 2019 dont on n’a pas réglé les questions de fond ». Des questions « mises de côté ou un peu occultées », et qui rattrapent le Bénin.
En 2019, les partis d’opposition n’ont pas pu se présenter aux élections législatives du 28 avril. Une situation qui a causé des tensions politiques qui se sont traduites par des manifestations de masse dans tout le pays. Selon un bilan officiel établi par le gouvernement, au moins quatre personnes sont mortes lors de ces contestations politiques.
La commission électorale nationale autonome (Cena) avait invalidé de nombreuses candidatures pour non-respect du code électoral de 2018. Cette année-là, alors qu’on était à quelques mois des élections législatives, le gouvernement avait adopté un nouveau code électoral dénoncé par les partis de l’opposition.
Le nouveau code avait fixé la caution à 249 millions de francs CFA pour la participation aux législatives, contre 8,3 millions auparavant. En plus de cela, il était prévu que désormais seuls les partis ayant recueilli au moins 10% de l’électorat sur le plan national pourront siéger à l’Assemblée nationale.
« On est à la troisième élection au Bénin (législatives, communales et présidentielle à venir) depuis que le président Talon est là. Il y a eu à chaque fois des heurts, des blessés, des morts », explique Babacar Ndiaye, responsable de la Recherche et des publications du Think Tank, Wathi dans un entretien téléphonique avec Ouestaf News.
Le président Talon a toujours su « surmonter ces étapes ». Par contre, l’issue de cette présidentielle, estime M. Ndiaye, risque « d’installer une situation plus conflictuelle. »
L’enjeu de la participation
Le taux de participation reste le principal enjeu de cette présidentielle comme lors des législatives. Expédit Ologou, reste convaincu que « le taux de participation sera faible ».
« La plupart des partis d’opposition n’ont pas pu présenter de candidats à l’élection. On peut donc s’imaginer qu’on va vers un scénario similaire à celui de 2019, c’est-à-dire une participation relativement faible », note le président de Civic Academy for Africa’s Futur au Bénin, Expédit Ologou.
Les législatives de 2019 ont enregistré un taux de participation de 27,12% contre 66% en 2015. Pour les élections communales 2020, le taux de participation est ressorti à 49,14% contre 56,95% en 2015.
« Ces chiffres laissent transparaître un désintérêt pour le devoir civique qu’est le vote, tandis que les violences observées aux élections législatives dernières sont la conséquence des atteintes portées à la libre expression du droit de vote qui est incontestablement un droit constitutionnel, individuel et personnel pour chaque citoyen », souligne l’initiateur du projet « Ma voix compte », Ernest Tindo, dans un entretien avec Wathi.
Le président sortant Patrice Talon, élu en 2016, en duo avec Mariam Talata Chabi, fera face à deux candidats de l’opposition, quasi inconnus du grand public. Il s’agit du binôme composé de l’ancien ministre Alassane Soumanou et Paul Hounkpé du parti Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) et celui formé par Corentin Kohoué et Iréne Josias Agossa.
« On se rend compte que les candidats les plus importants de l’opposition ne font pas partie de cette présidentielle », souligne le responsable de la Recherche et des publications du Think Tank, Wathi, Babacar Ndiaye.
Selon le code électoral béninois, adopté en novembre 2019, pour être validée, la candidature d’un binôme (président et vice-président) doit être obligatoirement « parrainée par 10% de l’ensemble des députés et maires ».
Le même texte porte le nombre de députés de 83 à 107 sièges dont 24 exclusivement réservés aux femmes en raison d’une femme par circonscription électorale.
Le président Talon, qui brigue un second mandat avait été élu la première fois en 2016. Au moment de son élection, et sans y être obligé, il s’était engagé à quitter le pouvoir après un « mandat unique » de cinq ans. Il a fait volte-face depuis.
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