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Présidents d’Afrique : l’Histoire vous somme de répondre aux inepties de Sarkozy (LIBRE OPINION).

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Présidents d’Afrique : l’Histoire vous somme de répondre aux inepties de Sarkozy (LIBRE OPINION).
Par El Hadji Gorgui Wade Ndoye

GENEVE – Me Wade aviez – vous lu ou reçu le discours de Nicolas Sarkozy ?
Le 26 juillet, accueilli à Dakar dans la plus haute considération par Me Wade, Me Sarkozy en a profité pour violer sans précaution la mémoire des Noirs. Jamais, il n’était arrivé dans l’histoire de notre pays même sous domination coloniale qu’un Chef d’Etat étranger ait eu autant d’arrogance et d’irrévérence face aux Aînés de la terre sans qui la terre ne serait pas terre. Contacté depuis Columbia, l’historien Mamadou Diouf m’écrit : « Le gouvernement sénégalais a-t-il protesté ou exigé des excuses parce que Dakar a été le lieu où le crime contre l’humanité africaine a été perpétré? ». Ma première réaction à la suite du résumé que j’ai eu de la déclaration révisionniste du Président français via Euronews et des télévisions françaises est «Où est la réponse de l’avocat de l’Afrique Me Abdoulaye Wade ? ». J’ai contacté la présidence par email alors que je me trouvais à Carthage où depuis le 4ème siècle avant Jésus Christ, les Africains annonçaient déjà les principes même de la République dans la « Constitution de Carthage ». Que Sarkozy relise Aristote! Il y a plus de 5 000 ans, les Africains connaissaient le Code d’Hammourabi : « Ne fais point à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse». C’est dire pour qui la Traite et la colonisation étaient – ils nécessaires ? Donc, à la Présidence, on m’a répondu que : « Me Wade avait improvisé un discours qui est en train d’être retranscrit et qu’on me le remettrait ». Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas reçu de réponse. Le dernier discours du Palais disponible sur le site Internet de la présidence remonte au mois d’avril passé. J’ai repris mon portable pour me renseigner auprès de certaines autorités étatiques et des collègues journalistes notamment à Sud quotidien. Mes contacts m’ont affirmé que « Wade n’était pas à l’Université » au moment où Sarko débitait ses débilités sur l’âme noire. Mais ma question reste valable. Me Wade aviez – vous lu ou reçu le discours de Nicolas Sarkozy ?

Quoiqu’il en soit M le Président de la République au nom de l’Amour que nous partageons pour le Sénégal et l’Afrique notre Mère – Patrie, je vous suggère de répondre à votre homologue. Cette réponse est attendue par les peuples d’Afrique et notamment la Diaspora noire. Elle devrait être courtoise car chez nous nous sommes éduqués et nous savons le poids des mots mais votre réponse devrait être ferme et claire. Je vous interpelle très poliment et dans la pure tradition de notre pays quand l’Honneur de la famille est entaché ainsi que tous vos collègues africains. Car l’Histoire vous somme de répondre pour ne pas être les complices de la souillure de notre mémoire.

S’adressant à la jeunesse intellectuelle de notre Continent, Nicolas Sarkozy a fait fi de la courtoisie politique et de la sensibilité humaine de ses auditeurs africains. Comme disaient nos vieux africains : « Le Blanc ne voit que ce qu’il connaît. » Comme ces ancêtres, Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa, ce fils d’immigré hongrois devenu le Chef d’Etat d’une des plus grandes puissances économiques et militaires du monde, « est venu mais il ne nous a pas vus». Je suggère par ailleurs à mes frères et sœurs étudiants en collaboration avec la tutelle de l’Université et au nom de leur valeureux parrain, l’antiquisant hors – pair, le digne fils de l’Afrique et le théoricien émérite de la Renaissance africaine que Sarkozy a ignoré dangereusement de décréter le 26 Juillet « Journée noire ». Non pour sécher les cours et les examens mais pour nourrir la réflexion des Noirs sur leur propre histoire pour rappeler à nos martyrs. Ceux qui ont mêlé leur sang au sang français pour la Liberté du monde, que leur mémoire nous serve de lumières dans ce monde trouble. Que leur acte sacrificiel, loyal et rédempteur est encore aujourd’hui vivace.

« Car nous faisons face à un tournant historique très profond » assure Doudou Diène rapporteur des Nations – Unies contre le racisme. A Dakar, Sarkozy s’est fait l’avocat d’une expression politique d’un courant idéologique profondément révisionniste.

Pour Amadou Mactar Mbow, l’ancien directeur général de l’UNESCO qui a la gentillesse de me répondre depuis Paris: « Nous ne demandons pas la repentance mais la reconnaissance objective de notre histoire » et d’ajouter : « L’Heure n’est plus où les Blancs devaient venir nous donner des leçons sur nous – mêmes». De New York, Boris Diop me confiera : « Désormais il sera bien difficile de nier la signification politique de cette négrophobie et la nécessité d’y répondre de manière appropriée ».

C’est d’ailleurs ce qui fait que je ne comprends guère l’attitude de l’opposition sénégalaise qui a bu les propos empoisonnés de Nicolas Sarkozy. L’opposition a raté une belle occasion de rallier le peuple à sa cause. Leur adversité contre Wade ne devrait point les aveugler au point d’oublier l’outrance faite au peuple noir.

Certes justifie depuis Dakar, l’ancienne ministre de la Culture, le Professeur Penda Mbow : « On a l’impression que nos chefs d’Etat n’aiment pas leur pays ou rares sont ceux qui nous démontrent le contraire ! On est tellement outré qu’on se dit que Nicolas Sarkozy a raison."

Nb : El hadji Gorgui Wade est un journaliste sénégalais accrédité à l’ONU. Il est aussi éditeur du magazine panafricain en ligne ContinentPremier.Com, qui promet de revenir plus amplement sur l’analyse de la sortie de Sarkozy à Dakar.

L’intégralité du discours de Nicolas Sarkozy à Dakar

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