Ouestafnews – Le cancer du sein et celui du col de l’utérus sont des pathologies très fréquentes en Afrique subsaharienne. Au Sénégal des milliers de cas sont recensés chaque année. Pour faire face, en plus de la politique de prévention, une politique de gratuité partielle a aussi été adoptée.
«Il ne faut pas garder les bons de mammographie à la maison, il est important pour vous d’aller faire la mammographie», ainsi parlait Omar Diop, le chargé de communication de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca, organisation non gouvernementale) à l’issue d’une séance gratuite de dépistage du cancer.
On était en fin d’année 2019 Dakar et la Lisca organisait une séance de dépistage au cours de laquelle 800 femmes avaient été consultées.
Au Sénégal, le cancer du sein est le type de cancer dominant, suivi de celui du col de l’utérus avec respectivement 7.000 et 2.500 nouveaux cas détectés chaque année, selon les chiffres officiels.
Les causes du cancer du sein : la mauvaise alimentation, l’obésité, l’alcool et le tabagisme entre autres. Le cancer du col de l’utérus est quand à lui dû à l’infection au papilloma virus (VPH), aux accouchements multiples et aux antécédents d’infections transmissibles sexuellement entre autres.
Selon le Fonds mondial de Recherche sur le Cancer, le taux de cancer du col de l’utérus au Sénégal figure parmi «les 20 les plus élevées au monde».
Gratuité de la chimiothérapie
Dans le but de soulager les patientes et leurs familles, le gouvernement sénégalais a décidé de la gratuité de la chimiothérapie pour les femmes vivant avec un cancer du col de l’utérus ou du sein depuis le 1er Octobre. Jusqu’ici les patientes déboursaient 200.000 FCFA à 1.500.000 FCFA pour la chimiothérapie et sans compter les coûts indirects.
Grâce à ce nouveau programme, un total de 1.508 patientes ont bénéficié de la gratuité des soins sur un total de 1820 malades du cancer actuellement dans les hôpitaux du pays, selon un communiqué rendue public le mardi 4 février 2020, qui marque la journée mondiale de lutte contre le cancer, par la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA, organe du ministère sénégalais de la Santé et de l’Action sociale).
Toutefois, si la chimiothérapie est gratuite, ce n’est pas le cas des soins indirects comme la chirurgie qui tourne autour de 300.000 FCFA et la radiothérapie (150.000 FCFA) qui restent à la charge des patientes.
«Les charges financières s’accompagnent de souffrances psychologiques qui ne doivent pas être écartées de la pathologie », souligne la psychologue Halima Diallo, dans une tribune publiée sur le site du West Africa Think Tank (Wathi).
Absence de données
Au Sénégal et dans les pays en développement, on note un déficit dans la prévention et parfois un manque de volonté politique dans la lutte contre le cancer. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), parmi les pays à revenu faible ou intermédiaire, «seul un pays sur cinq dispose des données nécessaires pour conduire une politique de lutte contre le cancer».
Sur les 18 millions de nouveaux cas de cancers recensés à travers le monde en 2018, l’Afrique en détient 1.044.000, soit 5,8%.
«Il est difficile de parler de chiffres au Sénégal, on ne peut parler que d’estimations », relève Prof. Mamadou Diop, le directeur de l’institut Joliot-Curie de Dakar lors d’une émission de la RFM (radio privée sénégalaise). Selon le professeur Diop, les estimations donnent 9.000 à 10.000 nouveaux cas de cancers au Sénégal.
Face au fléau, le Dr. Halima Diallo, conseille de ne pas limiter la sensibilisation à des événements comme «Octobre rose». «La sensibilisation doit être continue (…) Elle doit reposer sur des messages informatifs vérifiés (basées) sur les données connues à ce jour et non pas publicitaires», estime-t-elle.
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