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Allocution du président Yayi Boni du Bénin à l’occasion de la célébration des 20 ans de la Conférence nationale de son pays (texte intégral)

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Les points de vue exprimés dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs

Par Yayi Boni, président du Bénin

Demain, vendredi 19 février 2010, nous allons célébrer le vingtième anniversaire de l’ouverture de la Conférence nationale des Forces vives à l’hôtel PLM Alédjo, dans sa salle de conférence devenue désormais historique. Ce jour là, notre vaillant peuple marquait d’un sceau indélébile le cours de son histoire.

Le contexte géopolitique et économique de l’époque s’y prêtait en effet. D’une part, la perestroïka, qui a entraîné un profond bouleversement de l’idéologie que portait l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et la chute du mur de Berlin en 1989, et d’autre part, la crise économique généralisée des années 1980 qui frappait de plain-pied les économies africaines, ont sérieusement perturbé le système sociopolitique de notre pays et ébranlé profondément l’économie nationale.

Le Bénin, en raison des faiblesses structurelles de l’économie et de l’instabilité du cadre macroéconomique, s’est trouvé très vite confronté à d’importants problèmes de trésorerie et à la faillite de la quasi totalité des entreprises publiques ainsi que des banques, avec pour corollaire le licenciement massif de travailleurs. Cette conjonction de facteurs a servi évidemment de terreau aux contestations sociales et politiques de la période de 1985 à 1989 dans notre pays.

Malgré ce contexte difficile, le génie créateur de notre peuple a su trouver une solution originale fondée sur le dialogue et la concertation : la conférence nationale des forces vives, du 19 au 28 février 1990, qui a généré le renouveau démocratique, aujourd’hui fierté de notre peuple.

Ce succès historique et bien particulier, nous le devons à l’action de plusieurs grands hommes politiques et intellectuels.

Béninoises, Béninois
Mes chers compatriotes,

Je voudrais particulièrement saluer la clairvoyance et le sens hautement patriotique de mon Aîné, le Général Mathieu KEREKOU, alors Président de la République. Au nom de la nation tout entière et en mon nom propre, je voudrais lui exprimer toute ma reconnaissance et ma gratitude, pour avoir consacré toute sa carrière au service de son pays qu’il aime profondément. Sa grandeur d’esprit, son courage et son sens élevé de l’Etat ont permis à notre peuple d’éviter le pire. En reconnaissant le caractère souverain de la Conférence et en acceptant ses résolutions, il a créé les conditions favorables pour que les forces vives de la Nation jettent les bases de la reconstruction de notre cher et beau pays, le Bénin.

Comment évoquer le souvenir de la Conférence nationale des Forces vives sans associer à cet événement un autre acteur clé, je veux nommer Monseigneur Isidore de SOUZA, illustre prélat de regrettée mémoire à qui je rends un hommage mérité. Ce digne fils du Bénin et serviteur de Dieu a incarné des valeurs morales, qu’il a inscrites de la plus belle manière par son comportement exemplaire et sa foi inébranlable en Dieu tout au long des dix jours qu’ont duré les travaux de la Conférence nationale. Grâce à ses qualités exceptionnelles, à sa patience, à sa bravoure et à son savoir-faire, il a su conduire avec efficacité ce grand forum politique, qui a permis à notre peuple, dans toute sa diversité et sa pluralité, de procéder à une transition politique apaisée en jetant les bases d’une Nation unie et forte fondée sur la démocratie et l’Etat de droit.

En droite ligne des recommandations de la Conférence, il fallait trouver un homme de consensus, capable de conduire, aux côtés du Général, les destinées de notre chère Nation pendant cette phase de transition où il fallait remettre le pays au travail et relever l’économie nationale. C’est le lieu de louer le rôle combien déterminant de pionnier que le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO a su jouer, d’abord en tant que Premier Ministre, et ensuite en tant que premier Président élu de l’ère du renouveau démocratique. Grâce à son amour du pays et à son sens élevé de ses hautes fonctions, il a su relancer l’économie nationale, restaurer l’espoir perdu et redorer le nom du Bénin tant au plan africain qu’international.

La chaîne des éminents acteurs de la Conférence nationale est longue et d’aucuns ne sont plus de ce monde ; je salue respectueusement leur mémoire. Je salue également les membres du comité préparatoire de la Conférence, les membres du bureau qui l’a présidé ainsi que tous ceux qui, même dans l’ombre, ont contribué à son succès et grâce à qui le Bénin a vaincu la fatalité.
Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,

Nous n’avons pas le droit de galvauder cet important héritage qu’est la Conférence des Forces vives de la Nation dont nous célébrons le 20ième anniversaire. Cet héritage doit être pour tout Béninois, vivant à l’intérieur comme à l’extérieur de notre pays, la source intarissable de l’énergie dont nous avons besoin pour bâtir l’avenir des générations montantes et renforcer les bases de notre jeune démocratie.
Aussi, me semble-t-il nécessaire que chacune et chacun se battent pour le respect et l’exécution des résolutions historiques de cette Conférence, dont la finalité est le renforcement de notre identité nationale.

Je n’ai de cesse de répéter qu’au-delà du renouveau démocratique, il nous faut un renouveau économique. C’est à cet objectif que mon Gouvernement s’attèle depuis que le peuple béninois m’a confié la charge de sa destinée.

J’ai donc engagé depuis avril 2006 des réformes au plan économique dont la mise en œuvre se poursuit. Elles se sont traduites par l’amélioration du taux de croissance économique au cours des années 2006, 2007 et 2008 ; les ressources générées ont permis d’intervenir dans le domaine social, d’améliorer la situation salariale des agents de l’Etat, de renforcer les infrastructures socioéconomiques de base et d’augmenter significativement les investissements publics du pays.

Malheureusement, les crises énergétique, alimentaire, pétrolière, financière, climatique et d’autres qui nous frappent depuis 2007, ainsi que nos propres insuffisances et contradictions qu’il faut avoir le courage de reconnaitre, ont freiné la croissance économique et perturbé la situation financière de notre pays limitant la possibilité d’avoir des retombées plus significatives au plan social.

Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,

Si pour l’essentiel des efforts consentis par mon Gouvernement au cours des quatre dernières années, l’économie a occupé une place de choix, il n’en demeure pas moins que des actions en vue du renforcement des acquis démocratiques se sont avérées nécessaires. Ainsi, pour doter notre peuple d’institutions solides et lui permettre de poursuivre inexorablement sa marche vers le progrès, mon Gouvernement a pris des initiatives portant sur :
– la relecture de la Constitution de notre pays ;
– l’opérationnalisation du cadre légal de l’opposition ;
– le financement des partis politiques ;
– la réforme de la Commission Electorale Nationale Autonome ;
– le découpage territorial ;
– l’actualisation et la mise en œuvre du projet d’établissement de la Liste Electorale Permanente Informatisée, pour ne citer que ces exemples-là.

Mes chers Compatriotes,

Je voudrais renouveler au peuple béninois mon vœu de «placer l’espoir du renouveau politique de notre chère Nation dans l’union qui doit être le centre de convergence de toutes les forces politiques ». Autrement dit, mon attachement à l’unité nationale, à la paix et à la cohésion sociale est sans faille ; ces valeurs constituent pour moi le socle majeur sur lequel doit se construire notre chère Nation qui se veut libre, démocratique et prospère.
Mes chers compatriotes,

Notre démocratie se caractérise par sa vitalité et par l’esprit de tolérance qui anime les acteurs politiques de notre chère Nation et de notre chère Patrie. Néanmoins, la prolifération des partis politiques constitue une préoccupation essentielle qui nécessite une profonde réflexion. Le concept du multipartisme intégral doit être à mon humble avis repensé. Il s’agit en effet de mettre notre peuple à l’abri de la création des formations politiques qui portent en elles le germe de la division et de l’ethnocentrisme et du régionalisme. Nous devons avoir toujours présents à l’esprit la sauvegarde de l’unité nationale et l’héritage à léguer aux générations futures.

En effet, il est important de rappeler à tous les acteurs de la vie politique, le principe de la primauté de l’intérêt national sur les intérêts des groupes organisés et ceux des individus. Nous devons donc bannir de nos pratiques le tribalisme et le régionalisme et privilégier tout ce qui nous unit et renforce l’unité et la paix dans notre chère commune Patrie.
Les promoteurs et les acteurs de notre Conférence nationale n’ont jamais voulu confondre démocratie et indiscipline, liberté et anarchie. En vérité, dans le temps et dans l’espace, aucune Nation n’a pu se développer sans le travail bien fait, sans discipline et respect des valeurs républicaines communes, celles contenues justement dans la Constitution du 11 décembre 1990.

C’est pour cela que je renouvelle ma conviction que la voie du développement harmonieux de notre Nation passe par la production en quantité et en qualité de biens et services, par la solidarité nationale et la prospérité partagée.
Je rêve d’un Bénin démocratique avec des partis politiques forts parce que issus de regroupements importants dotés de projets de société qui cadrent avec notre ambition commune de bâtir à l’horizon 2025 un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social.

Je renouvelle mon profond attachement au développement intégral et harmonieux du Bénin dans un esprit de partage, de l’aménagement du territoire et vous exhorte, mes chers compatriotes, à vous investir, aujourd’hui mieux qu’hier, dans les tâches de production qui conditionnent l’amélioration du bien-être de toutes les populations de notre cher pays.

Ayons foi au Seigneur, Dieu le créateur, dans cette œuvre de construction de la Nation béninoise dans la paix, la concorde et la fraternité.

Peuple Béninois,

Je réaffirme à la classe politique de notre pays, ma foi en un dialogue politique franc et sincère et m’engage à servir la Nation dans la recherche permanente du consensus sur les grandes questions nationales dans la concorde et dans un esprit de tolérance, de paix et d’amour.

Confiant en l’avenir de notre pays et fort des acquis précieux de la Conférence nationale de février 1990, je veux lancer solennellement à l’occasion de ce vingtième anniversaire, un appel à un vrai sursaut pour l’unité nationale, pour le travail acharné au service du développement et pour la fraternité ensemble vécue et ensemble partagée.

Que Dieu bénisse les pionniers de la Conférence nationale !
Qu’Il comble d’attention notre chère patrie !
Et que vive la République !

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